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Lettre de Zohra Drif à Ahmed Ouyahia

Monsieur le directeur de cabinet de la présidence de la République
1. Je vous remercie de m'avoir comptée parmi les personnalités nationales que vous avez invitées aux consultations initiées à l'occasion de la prochaine (encore une !) révision constitutionnelle.
2. Cela m'honore et m'oblige bien évidemment, mais dans le même temps accable mes frêles épaules de vieille combattante de la glorieuse Zone autonome d'Alger dont, je dois l'avouer, je ne suis toujours pas revenue.
3. Etant parfaitement consciente et lucide sur le fait que je ne suis l'élue ni de Dieu ni des hommes, je sais que seuls l'immense révolution du 1er Novembre 1954 et la chance inouïe que j'ai eu d'y prendre part, mais surtout le redoutable privilège d'y avoir côtoyé les meilleurs d'entre nous d'alors et d'aujourd'hui font de moi une «personnalité nationale» que l'on consulte en 2014.
4. Vous comprendrez dès lors que je ne me sens tenue que par la fidélité et la loyauté à mon pays, aux idéaux de notre combat libérateur et à la République algérienne démocratique et populaire telle qu'il en a enfanté, ainsi qu'à ses concepteurs, ses initiateurs et ses martyrs que je porte en moi comme une dette que nulle génération n'arrivera jamais à honorer vis-à-vis de cette terre sacrée. Votre génération peut cependant tout faire pour, à défaut d'honorer la dette, ne jamais trahir ce pourquoi elle a été contractée.
5. En lisant et relisant les documents que vous avez eu l'amabilité de m'envoyer, je n'ai cessé de me demander ce qu'en aurait pensé le grand Larbi Ben M'hidi que j'ai eu la chance de côtoyer et sous la direction duquel j'ai eu l'immense privilège de travailler jusqu'à son lâche assassinat par l'ennemi français. C'est donc avec la sincérité de mon cœur et la fidélité à la rigueur morale hors du commun de Ben M'hidi ainsi qu'à son sacrifice que je me dois de vous dire la vérité : en dehors de quelques dispositions qui n'ont aucunement lieu d'être dans une Constitution (elles relèvent d'une simple loi), le document que vous m'avez fait parvenir n'apporte absolument rien ou presque.
6. Absolument rien, car outre le fait que les amendements ne constituent que l'énième trituration d'un texte qui devrait accéder à l'intouchabilité du sacré – ce qui confère à cette révision constitutionnelle le statut de énième sacrilège – les changements proposés ne font que rendre criardes des concentrations de pouvoirs présidentiels qui étaient déjà largement exorbitants. Quant à l'essentiel, rien ne change.
7. Ou presque, car il faut bien reconnaître que l'article 81 bis est plus qu'une nouveauté, c'est une monstruosité au sens anatomique du terme. Cet article représente non seulement une violation de toute une part de la Constitution dont il fera partie (comme une maladie auto-immune), mais il est surtout une négation de la volonté populaire en permettant le détournement illégal d'un mandat électif intuitu personae au suffrage universel.Il est vrai que, jusqu'ici, on nous avait habitués à faire adopter une Constitution pour très vite la violer ou la triturer au besoin. C'est bien la première fois qu'il est proposé au peuple algérien un article (le 81 bis) par lequel il abdiquerait sa volonté ou, pire, par lequel le mandat qu'il donne à un Président élu et responsable devant lui est détourné vers une personne non élue et non responsable devant lui. Mais alors, pourquoi élire un Président au suffrage universel ? Et pourquoi se doter d'une Constitution ?
8. C'est ainsi que j'en arrive à la question cruciale de savoir quelles sont les garanties pour qu'après 52 ans d'accession à l'indépendance, notre pays se dote enfin d'une Constitution qui ne sera pas violée par ceux-là mêmes qui seront chargés de la respecter. J'ai eu beau chercher dans vos documents ces fameuses garanties, mais force est de constater qu'il n'y en a nulle trace.
Cela m'amène à penser, hélas, que cette révision constitutionnelle, pas plus que la précédente, ne répondra aux problèmes politiques et institutionnels qui se posent à notre pays. C'est dommage et j'en suis la première meurtrie. C'est pourquoi je me permets d'adjoindre à cette modeste contribution cette autre, tout aussi modeste, que j'ai eu à remettre à l'occasion des consultations menées en juin 2011. En 2014 comme en 2011, je vous parle avec sincérité et honnêteté, mue par ce que je crois bon pour mon pays et seulement par cette conviction.
Alger, le 5 juin 2014


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