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Ces Algériens qui achètent en Espagne
Publié dans El Watan le 10 - 07 - 2014


De notre envoyé en Espagne
Siège du Parlement d'Alicante. Esther Ponzoda Soria est responsable de l'unité Extranjeros (ressortissants étrangers) à la Députacion, la Chambre des députés d'Alicante. «Pour les deux dernières années, dit-elle en fixant l'écran de son ordinateur, 11 800 Algériens ont sollicité les services de police pour obtenir le NIE, le numéro identifiant des étrangers». «Ce nombre ne signifie bien évidemment pas que tous ont acheté des biens en Espagne», précise-t-elle.
Sur les grandes avenues Alfonso Sabino, Gadea, Sotto, les enseignes bien visibles des agences immobilières se disputent le paysage avec des confettis de pancartes et panneaux publicitaires suspendues aux façades des immeubles. Des «Se vende» (A vendre), «Se alquila» (A louer) aussi nombreux que le nombre de logements invendus en Espagne : plus de 700 000, le stock dont une bonne partie doit être «liquidé» par la «Bad Bank», la banque créée par le gouvernement à l'effet de juguler les effets du crash immobilier de 2008.
«Nous avons deux types de clientèles. Il y a un peu plus de 5 ans, nous avions comme clients des travailleurs qui cherchaient à acheter des petits appartements, entre 30 et 40 000 euros, nous avions également comme clients des businessmen algériens. Aujourd'hui, c'est une autre clientèle qui arrive avec des revenus assez importants, ce sont les couches moyennes supérieures qui achètent dans la Costa Blanca», explique cet agencier d'API, Herrero Immobiliaria, sis calle (rue) Alemania. «Les clients algériens ne viennent pas frapper seuls à la porte de l'agence. Ils viennent avec et par les réseaux de connaissances, des intermédiaires d'abord.»
Algériens de… San juan
San Juan d'Alacant. 21 mai. Nord-est d'Alicante. Sous le bienveillant (château) Santa Barbara (fort construit durant le califat de Cordoue et capturé par Alphonse de Castille en 1238) s'étendent les playa de sable fin, des promenades de bord de mer peuplées de casinos, palaces, tours, marinas, centres commerciaux, de loisirs, de sports, théâtres, cinémas… le must du tourisme balnéaire, le seul secteur épargné par la crise en Espagne.
Voilà plus d'un an que Aziz, Hayat(*) et leurs trois enfants ont emménagé dans leur spacieux quatre pièces, à quelques centaines de mètres de la plage Santa Barbara. Un investissement de 180 000 euros (taxes et frais de notaire compris soit 13%) dans une cité résidentielle clôturée, place de stationnement, court de tennis, piscine, espace de jeux pour les enfants et même un «espace social» pour se faire rencontrer les propriétaires de ce quartier résidentiel parmi les plus chics d'Alicante. «A ce prix-là, vous n'aurez jamais quelque chose de semblable en Algérie.»
Pour le couple, le choix, le rapport qualité/prix, le confort, le cadre de vie agréable, 300 jours de soleil, le climat méditerranéen, 18° en moyenne, la proximité géographique, offrir une meilleure scolarité à ses enfants sont autant d'arguments avancés.
La famille a obtenu un permis de résidence de 24 mois renouvelable sous conditions, dont un compte bancaire garni à l'année de plus de 30 000 euros et justifier d'une présence en Espagne six mois par an. Un casse-tête pour les néo-Alicantins. Aux établissements d'enseignement français d'Alicante, à El Campelo, à l'Escuela Oficial de Idiomas (école des langues), près de la place de la Mairie, se retrouvent presque chaque jour les dizaines de familles algériennes nouvellement installées. «Les enfants apprennent l'espagnol plus vite que les parents», s'extasie l'un d'eux devant les prodiges de sa fille de trois ans.
Autour de la Rembla de Mendez Nunez, l'avenue donnant sur le vieux port, les quartiers de la Vilavella, la vieille ville et cœur historique de la Madina Lequant, fondée par les Arabes du califat de Cordoue. Les faubourgs et plazas sursautent au rythme des feux d'artifice, les máscletas, des bandas, les troupes de musiciens écumant les quartiers les jours de fête et de festivals, si nombreux en ces terres valenciennes.
Plaza de Espana. Rendez-vous avec un «agent immobilier» d'un genre particulier. Smaïl, un Algérois installé depuis 15 ans à Alicante. Un «agent double» travaillant pour deux agences immobilières, une à Alger et l'autre à Alicante. Son numéro de téléphone figure en bas d'annonces publiées sur les page web d'une agence immobilière ayant pignon sur rue à Alger. «J'ai vendu 13 appartements en tout. Hout sghir, du menu fretin», dit-il. «Depuis quelques années, c'est toujours le même rituel. On m'appelle d'Alger pour m'annoncer la venue d'un client potentiel, je le récupère à l'aéroport et je lui fais la visite des offres qui correspondent à son budget, généralement entre 40 et 60 000 euros. Je l'accompagne dans les démarches : contrat de réservation, obtention du NIE, le numéro d'identifiant pour les étrangers, puis l'ouverture d'un compte, voilà, j'accompagne et fais l'interprète», explique-t-il.
«Comment ils doivent s'y prendre pour ramener l'argent en Espagne ? ça c'est leur problème», ajoute-t-il. «Certains ouvrent des comptes en Turquie pour ensuite transférer l'argent vers l'Espagne, d'autres mettent leurs millions de dinars entre les mains d'un vendeur de devises au square Port Saïd, où des millions d'euros sont échangés dans ces appartements coffre-fort donnant sur le tribunal Abane Ramdane, à Alger (…), d'autres font plusieurs fois le voyage en Espagne avec à chaque fois 7500 euros pour alimenter un compte…» Les combines ne manquent pas quand il s'agit de contourner la loi sur le change, très restrictives en la matière.
C'est une question «d'abord de bon sens», enchaîne l'ami de Smaïl, un trabendiste vendeur de vêtements au marché de Aïn Benian. «Franchement, le choix est vite fait entre acheter à Staouéli, sur la côte ouest algéroise, à 5 milliards de centimes et une résidence à Benidorm à 500 000 euros.»
Dans les pensions arabes de Calle San Francisco, à 15 euros la nuitée, autour des rues animées de Plaza del Teatro, le «milieu algérien» bruisse de noms d'Algériens fortunés ayant acheté dans la province d'Alicante. Tel général, industriel, parlementaire, écrivain célèbre… est jeté en pâture par la rumeur. «El hout el kbir, le gros poisson, tu ne le croises jamais ici. Ici, ils envoient leurs djounoud, leurs soldats, pour acheter en leur nom, même pas au nom de leur femme.»
Les récits d'arnaques mythiques sont aussi légion dans les parages. Les acquéreurs potentiels sont rançonnés par leurs intermédiaires, leur faisant payer des prestations n'engageant aucun frais en réalité, comme l'obtention du NIE par exemple. «Des acquéreurs, raconte Yazid, ont payé le double du prix réel du bien. Les semsar leur expliquant que devant le notaire, pour payer moins d'impôts, il vaut mieux ne déclarer que la moitié de la valeur du bien.» Une source au consulat d'Algérie à Alicante affirme que plusieurs plaintes ont été enregistrées par les services consulaires. «Autrement, ces nouveaux arrivants ne se déclarent jamais au consulat», regrette-t-elle.
Torrevieja , la Costa blanca à prix cassé
La Tour du Maure. 24 mai. 50 km au sud-ouest d'Alicante. Une heure de bus à travers les salines de Santa Pola, les dunes de Galdamar et les lagunes de La Mata pour rejoindre Torrevieja ( la Vieille Tour), la troisième ville de la province, dont plus de la moitié de la population (100 000 habitants ) est constituée d'étrangers. Des vacanciers. En été, la ville détrône les cités voisines d'Alicante et Elche : sa population passe à près de 900 000 habitants. Haut lieu de l'industrie touristique, Torrevieja vit de tourisme et de sel dont elle exporte un million de tonnes par an, ce qui lui a longtemps assuré gloire et fortune.
Le long de la Nationale 232 longeant la Costa Blanca s'étendent des forêts de cités résidentielles, villas et résidences de haut standing, bungalows, hôtels et palaces. Tout à prix cassés : -50% depuis l'éclatement de la bulle spéculative du marché immobilier espagnol en 2008. «Se vende», «Se alquila» (à vendre, à louer), des maquis d'affiches publicitaires, pancartes grandeur nature sont accrochées aux façades des résidences, suspendues aux balcons des appartements restés sans preneur ou repreneur. C'est ici, dans cette ville créée par et pour la carte postale, que sont de plus en plus nombreux les Algériens à se faire une place au soleil, s'achetant des pied-à-terre, des résidences de vacances.
Paseo de la Libertad. Une rangée d'agences immobilières aux enseignes aguichantes accueille le visiteur sur la promenade du Vieux Port. Brigite Castano est agent immobilier. La clientèle algérienne, elle connaît. «Une clientèle sérieuse, dit-elle (lire entretien) : polie, aisée, d'un niveau élevé d'instruction.» Son agence, Remax (Real Estate Maximus), une franchise américaine présente dans 97 pays, a vendu des dizaines d'appartements et bungalows à cette nouvelle clientèle se classant loin derrière les clientèles russes, belges et scandinaves. «Mes clients algériens, décrit-elle, sont des gens aisés bien sûr, disons la crème de la population. Mes clients sont ingénieurs, géologues, médecins, professeurs d'université, ‘‘indépendants'', hôteliers, dans le commerce, parfois promoteurs, en majorité des grandes villes, d'Alger, Blida, Oran, surtout de la capitale, Alger
Alger, 13 mai. Au siège d'une des agences immobilières les mieux situées sur le segment Espagne. L'agence branche aussi ses clients sur des offres en Turquie et «bientôt au Portugal. Un marché encore plus promoteur que l'Espagne», dit le gérant. La saturation du marché de l'immobilier, le niveau irrationnel des prix et la spéculation l'ont poussé, dit-il, à s'orienter vers l'Espagne dont les offres se vendent mieux que la destination Algérie. «Le business est des plus légaux et aucune loi, rappelle-t-il, n'interdit expressément à un Algérien d'acheter un bien immobilier à l'étranger.» «Nous faisons dans le consulting, insiste l'agent immobilier, nous sommes rémunérés pour ces prestations. Car une fois en Espagne, tout ce qui est en rapport avec la transaction relève de la responsabilité totale de l'acquéreur.»


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