J'ai eu l'honneur et le privilège de marquer le premier but de l'Algérie dans cette compétition. L'action du but est gravée dans ma mémoire. A la 25', Hacène Lalmas me donne le ballon à gauche, je contrôle le cuir et je m'engage sur le côté gauche. Je dribble Sambaly, j'effectue un grand pont sur Chekna qui couvrait son partenaire et je me retrouve presque sur la ligne de corner. Je lève la tête je vois Lalmas à proximité du point de penalty. Au moment où je vais centrer dans sa direction, le gardien anticipe et prend son élan pour aller sur mon coéquipier. Je change de décision et, au lieu de centrer sur Lalmas, je fais un extérieur du pied gauche et le ballon va mourir aux fond des filets». Sur cette première campagne des Verts en Coupe d'Afrique, Achour indique : «On s'était préparés à Sidi Moussa (l'actuel lieu de regroupement des Verts) sous la direction du regretté Abdelaziz Bentifour et du défunt Lucien Leduc. L'objectif était de se qualifier pour la CAN 1968 qu'allait organiser l'Ethiopie. Nous avons battu successivement à l'extérieur le Mali et le Burkina Faso, à l'époque la Haute-Volta. L'avion présidentiel avait été mis à notre disposition pour effectuer les deux voyages. Djalloul Khatib et le regretté Kasdi Merbah se sont déplacés avec l'équipe nationale à Bamako. Avant le départ, Houari Boumediène nous avait rendu visite à Sidi Moussa et a partagé le déjeuner avec les joueurs.» Quels souvenirs garde-t-il de la première CAN jouée par l'Algérie ? «Que de bons souvenirs malgré notre parcours moyen dans le tournoi. A l'époque, ce n'était pas comme aujourd'hui. On avait effectué un mois de préparation en Ethiopie, qui plus est en plein mois de Ramadhan. C'était très difficile. J'ai traîné une blessure pendant des semaines avant le tournoi qui a eu lieu en altitude. Notre défaite 0-3 face à la Côte d'Ivoire, lors du premier match, est due en grande partie à ce facteur et aussi à l'absence de Lalmas, qui est rentré en cours de partie à la place de Hachouf. Lors du second match face à l'Ouganda, on s'est imposés 4-0 grâce à un triplé de Lalmas et un but de Kalem. Contre l'Ethiopie (3e match) c'était pratiquement mission impossible. Les Ethiopiens ont mis une pression terrible avant et pendant le match. Ils n'ont lésiné sur aucun match pour s'imposer, en présence de l'empereur Haïlé Sellassié. Le score (1-3) est une anecdote devant ce que lesEéthiopiens ont fait avec la complicité de l'arbitre congolais, qui a expulsé Djillali Selmi à la suite d'une agression de la part d'un joueur éthiopien. Au lieu d'expulser l'agresseur, l'arbitre a expulsé l'agressé.» Avant de refermer cette page d'histoire, Ouahaddi Hassen «Achour», a tenu à «saluer tous les joueurs, entraîneurs et dirigeants de l'époque. On formait une famille, comme l'a souligné feu hadj Zerguini, qui était le chef de délégation à la CAN-1968. Il nous a dit :''Vous avez tout fait et honoré l'Algérie. Vous n'avez pas à rougir du premier parcours de l'Algérie à la CAN''.» Pour l'anecdote, les joueurs avaient bénéficié d'un costume, une chemise, une cravate et de 1200 DA au titre de prime de qualification et de participation à la CAN-1968.