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Pour une communion républicaine respectueuse du vivre-ensemble
Publié dans El Watan le 19 - 01 - 2015

L'heure est grave et nécessite qu'on se penche avec courage, détermination, mais aussi avec sérénité et sagacité sur la question du radicalisme mortifère qui plombe le vivre-ensemble et met en péril notre devenir commun. «Nous sommes Charlie», a été scandé par des millions de manifestants en France et à travers le monde.D'autres ont préféré des slogans tels que «Nous sommes tous ensemble» ou «Pas en mon nom», pour mieux réaffirmer leur volonté ferme de ne pas céder aux thuriféraires de la haine, aux barbares semeurs de division, pour stigmatiser aussi les amalgames et la facile quête perpétuelle du bouc émissaire.
Avec la recrudescence des attaques contre les lieux de culte musulmans (depuis le 7 janvier plus de cinquante mosquées ont été ciblées par des incendies, tirs de grenades ou balles), la ligne rouge a été franchie. De telles dérives actent une défiance vis-à-vis d'une composante de notre société prise en otage par des assassins illuminés et autres islamophobes ; cette alliance objective entre ces deux parties doit être dénoncée et combattue par tous, pour tous.
Après le deuil, est venue l'heure de la réflexion, de l'introspection individuelle et collective, de la communion républicaine de tous pour jeter les bases d'un avenir plus radieux.
Panser les plaies prendra du temps pour toutes ces familles ébranlées par la Bête humaine ; penser l'avenir exigera un travail de longue haleine qui s'impose aujourd'hui plus qu'hier. Citoyens, responsables politiques, femmes et hommes de France attachés aux principes républicains et au respect de la dignité devront marcher, ou plutôt courir ensemble dans ce marathon perpétuel du vivre-ensemble pour réaffirmer haut et fort l'intérêt général, l'attachement aux valeurs démocratiques et dénoncer les tentatives de division des pyromanes de tout crin. Ces dernières ne manqueront pas.
Nul doute qu'il y aura un «avant» 7 janvier 2015 et un « après »
La classe politique française dans son ensemble va devoir réviser sa copie sur un certain nombre de problématiques : sécurité, libertés individuelles, citoyenneté, sans occulter la sempiternelle question de la place de l'islam sous la cinquième République. Dans un ouvrage récent, je soulignais l'urgence de la mise en place d'un «Grenelle de l'islam de France associant tous les acteurs concernés (CFCM, intellectuels, société civile, politiques, expert…)».
J'indiquais alors que cette option permettrait la mise à plat de l'ensemble des problématiques sociétales articulées autour de la deuxième religion du pays. Elle constituerait aussi un gage de bonne volonté envers nos concitoyens de référence musulmane et aurait le mérite de dépassionner les débats sur la place de l'islam dans la cité.
La refondation de but en comble du Conseil français du culte musulman n'est plus une doléance mais une exigence impérieuse. Il y a bien longtemps que cette instance est devenue une coquille vide sous l'emprise de vieux mandarins soucieux de préserver leurs acquis, toujours aux premières loges lors des remises de médailles, sans aucune vision à long terme.
Sans même s'attarder sur les conflits internes entre les différentes composantes de cette instance mise sous tutelle des pays d'origine, l'érosion de la crédibilité et de la légitimité du CFCM sont un rempart contre l'édification d'un islam français autonome, bien intégré dans le paysage sociologique de notre pays. La pratique des chaises musicales, voire un changement d'appellation de cette instance moribonde, n'y changeront rien.
Il est temps de faire table rase des coqueluches médiatiques autoproclamées, au discours certes rodé, qui confisquent le débat constructif. Les musulmans de France méritent une meilleure représentation ; la République, sans s'immiscer dans les affaires internes du culte musulman au nom même des principes laïques, doit aussi prendre ses responsabilités en impulsant une nouvelle dynamique qui promeut le renouvellement sur des bases de compétences de nouveaux visages musulmans à la hauteur des enjeux sociétaux.
La question criante de l'islam des prisons et de ces jeunes délinquants qui en ressortent fanatisés pour le plus grand mal de tous doit être traitée rapidement avec son corollaire : celui du mode de recrutement des aumôniers pénitentiaires largement insuffisant.
Cet aspect relève autant du volet qualitatif que quantitatif. Nous avons pu constater comment la seule compétence ne constitue pas le critère central (cela est tout aussi vrai pour les aumôniers militaires), les accréditations des services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIB) s'appuyant sur l'avis de l'aumônier national qui coopte ses futures recrues souvent sur la base d'affinités personnelles, de luttes d'influence internes (la plupart des aumôniers dépendant d'associations ou d'organisations elles-mêmes affiliées).
Au-delà du soutien religieux, l'aumônier pénitentiaire joue un rôle central dans l'accompagnement psychologique de ces jeunes au parcours tortueux. Tout mettre en œuvre pour que ces derniers ressortent de prison en «meilleur état» qu'ils en sont rentrés constitue un enjeu de taille.
Mais cet aspect est indissociable de la formation de ces mêmes aumôniers et autres cadres cultuels musulmans, lesquels doivent maîtriser le texte et le contexte. Quoi de plus affligeant que de constater par exemple le gouffre béant entre certains prêches en arabe littéral par des imams non francophones, pendant l'office du vendredi notamment ? Ces derniers, non traduits préalablement et souvent incompréhensibles, génèrent des fidèles frustrés et dépités, abandonnés parfois aux charlatans, muftis improvisés et autres gourous qui essaiment sur la Toile.
La formation des imams «importés» des pays d'origine (langue française, connaissance des institutions…) et au respect d'une laïcité d'inclusion doit se compléter avec celle de cadres cultuels français maîtrisant elle aussi les bases théologiques islamiques ainsi que la langue arabe. Interroger aussi le rôle de l'école et ses missions dans la formation de futurs citoyens responsables, rappeler le socle des fondamentaux républicains est un autre impératif. Que penser en effet des ces jeunes écoliers ou collégiens refusant la minute de silence en hommage aux victimes d'une tragédie nationale ? Il faut y voir un symptôme parmi tant d'autres, une conséquence qui ne relève pas de l'anecdotique.
Le ministre de l'Education nationale réaffirmait récemment l'importance de l'école, creuset de la liberté de conscience, promotrice de l'ouverture aux autres et de la tolérance réciproque. L'introduction de l'enseignement du «fait religieux» à l'école, préconisé avec sagesse par Régis Debray, il y a quelques années, devient une piste à explorer au nom même de ces principes et de la cohésion nationale.
Le renforcement de la gestion sécuritaire du terrorisme s'impose en ces temps difficiles mais ne suffira pas. A cet égard, rappeler que les premières victimes du terrorisme sont les musulmans eux-mêmes est une banalité.Qui ne connaît pas les Boko Haram, Daech et autre Etat «islamique», devenus des stars médiatiques, des litanies macabres ? Néanmoins, il serait périlleux de sombrer dans des dispositifs liberticides qui viendraient légitimer une nouvelle chasse aux sorcières. L'enjeu démocratique auquel nous sommes confrontés est immense. Il s'agit de trouver le bon curseur pour conjuguer liberté et sécurité, respect des droits et surveillance accrue sans tomber dans les excès d'un «Patriot Act» à la française.
La mise en place d'un système européen sur les échanges des données des passagers aériens (PNR, actuellement en débat au Parlement européen) serait un pas supplémentaire franchi dans la surenchère sécuritaire. Quelles sont les garanties d'un traitement objectif en effet, lorsque ce passager s'appelle Mohamed, qu'il commande des plats hallal et se rend régulièrement dans un cadre professionnel, en tant qu'homme d'affaires ou chercheur, dans certains pays «listés» dans une base de données par définition confidentielle ?Il serait préjudiciable que le combat légitime contre le terrorisme se transforme en longue procession pour l'enterrement de nos libertés fondamentales.
Si la France sans les juifs n'est pas la France, elle ne l'est pas non plus sans les quelque six millions de ses concitoyens de référence musulmane. La France, riche de sa diversité sociologique, culturelle, religieuse ou agnostique, ne serait pas ce grand pays. Le combat pour la liberté d'expression ne saurait se transformer en combat contre la liberté tout court (liberté de culte, de conscience…).
Au lendemain des attentats de juillet 2005, le Royaume-Uni mettait en place le Programme Channel pour prendre à bras-le-corps la question du radicalisme avec un traitement global en amont. Il serait opportun que nos décideurs politiques et autres têtes pensantes, à tous les niveaux institutionnels, s'en inspirent à travers la création d'une structure nationale, déclinée en antennes régionales, associant des représentants de la police, des experts de l'éducation nationale, des universitaires, des spécialistes des processus de manipulation mentale, des cadres de la santé… Il faut revoir notre logiciel civilisationnel, anticiper les incendies pour mieux les circonscrire et mettre tout en œuvre pour pérenniser une coexistence pacifique aujourd'hui en déshérence.


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