«Ferhat Oumalou s-i Tizi Wezzu, à vous les studios !», cette sorte d'onomatopée intervenant avec sa consonance rimée et rivée dans l'oreille de tous les auditeurs kabyles de la Chaîne II était presque attendue à chaque top de l'heure des infos pour donner d'amples nouvelles sur cette région de Kabylie. C'était le cas lorsqu'il s'agissait surtout de résultats sportifs, généralement du football (JSK ou équipe nationale) et/ou de la boxe (Loucif Hamani, Ould Makhloufi…), suivis dans tous leurs déplacements compétitifs. Ferhat Oumalou, de son vrai nom Khali Ferhat, était très admiré en raison de sa spontanéité et sa précision, toujours harmonieux avec les actions sportives des athlètes dans l'arène ou sur le ring. Dans ses commentaires sportifs, Ferhat Oumalou, tout en donnant un élan simultané avec l'action sur le terrain à ses auditeurs, il lui arrivait rarement de se tromper avec son euphorie et l'ambiance des stades, en commentant les prouesses et l'évolution d'un joueur sur le terrain. Avant sa venue à la radio, Ferhat Oumalou, alors tout jeune, avait passé par l'école d'apprentissage de la menuiserie de l'ex-Fort National. Ensuite, au lendemain du déclenchement de la guerre de Libération nationale, plus précisément après l'attentat du 28 janvier 1956 dans son village natal, Tablabalt, contre des troupes armées françaises, Ferhat Khali est contraint alors d'émigrer en France, à l'instar de beaucoup de jeunes de la région. A Paris, dans le 11e arrondissement, Ferhat Khali se lance dans l'activité politique en intégrant la Fédération de France du FLN, nous diront des membres de sa famille, précisant qu'il participa activement à la Révolution de 1956 à 1960, avant d'être arrêté le 1er février 1961 à Paris pour insoumission. Il y sera détenu jusqu'à l'indépendance. Revenu en Algérie en 1962, il reprend son ancien métier de menuisier à Tablabalt afin de répondre aux besoins de sa famille. C'est en 1965 qu'il intégra la Chaîne II, avant d'y devenir reporter journaliste, un métier qui le fascinera et l'aidera à contribuer aux activités culturelles et sportives dans le village avec la section locale UNJA. Des villageois de sa génération, à Larbaâ Nath Irathen, se rappellent encore de sa mobilisation lors des élections municipales de 1967, qui avaient permis d'élire le regretté Hocine Khelfoune à la tête de la commune de l'ex-Fort National comme premier président de cette Assemblée après l'indépendance. C'était également à la même année qu'il contribuera, avec la section UNJA, au lancement d'une équipe de football du village et à l'aménagement d'un terrain, devenu plus tard stade communal. Ce dernier a été baptisé au nom de Ferhat Oumalou depuis juillet 2000. On dit aussi que lors des inondations historiques de 1974, Dda Ferhat s'était même déplacé par hélicoptère avec les autorités en Kabylie pour rassurer par mégaphone ses compatriotes, paniqués par le gonflement des eaux partout dans cette contrée allant de Boumerdès à Tizi Ouzou et au-delà. Mohamed Haouchine, le journaliste bien connu en Kabylie, soulignera, à propos de son ancien confrère, que «Dda Ferhat était, de son vivant, un homme constamment disponible, à l'écoute des jeunes dans le quotidien de ses activités, prêt à répondre aux doléances et sollicitations des citoyens. Le nom de Ferhat Oumalou était intimement lié à l'histoire de la radio kabyle», ajoute M. Haouchine. «Après la fermeture de la station régionale de la radio de Tizi Ouzou dans les années 1970, Ferhat Oumalou fut muté, malgré lui, au siège central de la RTA à Alger. C'était le 2 janvier 1975», se rappelle encore son ancien confrère à la Chaîne III. «Dda Ferhat a été alors confronté à d'énormes difficultés de santé et d'éloignement de sa famille qui résidait à Tizi Ouzou. Il exerçait alors son métier de journaliste dans des conditions très pénibles. Il finira par demander une mise en disponibilité de quelques mois avant de démissionner de la RTA, alors qu'il était passionné par le métier de journaliste. Il s'installera ainsi à son compte à Tizi Ouzou comme photographe-reporter», se rappelle Mohamed Haouchine. Né le 21 août 1938 au village Tablabalt, dans la commune d'Aït Oumalou (Larbaâ Nath Irathen), Khali Ferhat est décédé le 23 janvier 1980 à Beni Messous (Alger). Au lendemain de l'inauguration de Radio Tizi Ouzou, en novembre 2011, un service de ce média local a été baptisé au nom de Ferhat Oumalou.