La colère des citoyens s'exacerbe de jour en jour suite aux restrictions drastiques, voire au manque total du précieux liquide devenu une denrée qu'il faudra aller chercher de plus en plus loin. Depuis plus de vingt ans, les pénuries ressurgissent avec davantage d'acuité. Les villages sont chaque été soumis à un programme de restriction drastique dès le mois de juillet. Ceci sans compter que beaucoup de villages, quartiers et pâtés de maisons sont quasiment sans une goutte d'eau depuis plusieurs semaines. Outres les nombreuses contestations citoyennes qui affluent au siège de l'Algérienne des eaux de Bouzeguène, les habitants de Tahemalt, un quartier de Bouzeguène-village, privé d'eau depuis 11 jours, ont investi dimanche dernier l'agence ADE pour dénoncer l'absence de prise en charge de leurs doléances. Les villageois qui se sont sentis floués par l'ADE de Bouzeguène ont exigé la présence des responsables de l'Algérienne des eaux de Tizi Ouzou. Ils ont fixé un délai pour avoir leur part d'eau, à défaut ils bloqueraient l'ADE. Lundi dernier, plusieurs citoyens dont des femmes originaires de plusieurs villages ont investi également les bureaux de l'agence ADE. En l'absence du responsable, les citoyens en colère ont tenté d'avoir des explications en s'adressant aux agents. «Que voulez-vous que je vous fasse, moi aussi je n'ai pas d'eau à la maison», dira une employée. Certains villageois n'ont pas d'eau depuis trois semaines. Ils mettent en exergue les dysfonctionnements mais aussi la mauvaise gestion des ressources en eau disponibles. Ils rappellent que beaucoup de citoyens reçoivent de l'eau «H24», notamment ceux qui se sont raccordés à la conduite principale. Le comité de village de Bouzeguène exige la constitution d'une commission d'enquête et réclame l'arrêt de l'utilisation du camion-citerne de l'ADE pour alimenter les bâches à eau construites en sous-sol par des citoyens. Certains habitants disposeraient en sous-sol des réservoirs individuels d'une capacité de 50 m3. Les villages de la commune de Bouzeguène sont alimentés à partir de la source de montagne Aderdar, dans la commune d'Aït Zikki, captée à moitié. Une partie de cette source va directement dans l'oued. Il y a un mois, un agent de l'ADE nous a informés que «la capacité de l'eau qui arrive au réservoir est la même que celle du mois de mars mais la demande, en été, a doublé». Les villageois réclament une répartition équitable de l'eau. Face à cette situation difficile qui perdure depuis 20 ans, les responsables de la wilaya ont lancé un projet de forage de trois puits dans le lit de l'oued Boubhir. Ce projet est à l'arrêt depuis près de deux mois.
