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Femme amazighe, agressée dans sa féminité et son amazighité
Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2005

La journée du 8 Mars est devenue officiellement Journée internationale de la femme en août 1910 à Copenhague. Plusieurs décennies après, la vision, le discours et les activités féministes ont évolué avec les femmes de toutes les sociétés ; mais l'objectif est demeuré le même : l'obtention par les femmes de leurs droits légitimes.
Pour la femme amazighe, cette journée est bien sûr une occasion pour faire entendre sa voix au côté de ses sœurs de toutes les races et de toutes les cultures... Mais c'est aussi un moment douloureux qui nous permet de faire le point et de nous apercevoir que la condition de la femme au Maroc n'a pas subi beaucoup de changement. Elle continue à être victime d'injustices et de violences de la part d'une société qui est particulièrement sexiste, où les hommes sont considérés comme supérieurs aux femmes. La moudawana (loi musulmane marocaine), même soi-disant réformée, est là pour consacrer l'inégalité de l'homme et de la femme bien que paradoxalement, le Maroc ait ratifié en 1993 la convention contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Mais cette discrimination juridique n'est que l'aspect visible de cet apartheid masculin. Si on fait l'état des lieux aujourd'hui, on s'aperçoit que la femme marocaine n'est ni respectée ni considérée comme un être humain à part entière. Elle se fait agresser tous les jours : verbalement, physiquement, symboliquement, psychiquement, juridiquement... La femme amazighe qui a dans nos anciennes coutumes était respectée comme femme et épouse, se retrouve aujourd'hui reléguée au stade de « mineure à vie »... Elle est devenue l'inférieure de l'homme, une sorte de demi-être humain. Aujourd'hui comme hier, ici comme ailleurs (pays musulmans en particulier), ceux qui ne parviennent pas à admettre la légitimité des femmes à participer aux décisions à égalité avec les hommes utilisent la violence comme arme destinée à rendre toutes les femmes invisibles et muettes. Bien que les femmes aient investi la sphère publique jusque-là réservée aux hommes (entreprises, parlement, médias, milieux associatifs...), leur présence n'est cependant pas encore perçue comme légitime. Quolibets, insultes à connotation sexuelle, jugements moraux... agressent les femmes quotidiennement. Toute femme qui s'expose, qui s'affirme court le risque d'être traitée de « pute », si elle réussit. Toute femme visible est jugée sur son apparence et étiquetée. Contrairement à ce qu'on peut croire, l'urbanité n'a pas toujours contribué à une amélioration de la situation de la femme ; quelquefois, on assiste à une véritable régression due à plusieurs facteurs : perte des valeurs, éclatement des familles, intégrisme religieux... Dans la tradition ancestrale amazighe, les femmes ont toujours inspiré le plus grand respect de la part de leurs collectivités. Elles participaient aux décisions touchant la famille, les droits du patrimoine et l'éducation. C'est à elles qu'est toujours revenu le droit de préserver les traditions culturelles de leurs peuples. Le travail des hommes et des femmes était nettement distinct, mais toujours reconnu d'égale valeur et dans certaines régions du Maroc, elles participaient activement aux décisions importantes prises par la communauté. Dans l'histoire ancienne, les femmes amazighes ont occupé une place importante et ont été quelquefois à la tête de royaumes (Dia dite la Kahler, Tito de l'Atlas...) et sont encore la fierté de notre peuple. Mais aujourd'hui, ce qui fait la particularité de la femme amazighe, c'est qu'elle est doublement agressée : agressée dans sa féminité et agressée dans son amazighité. Non seulement elle est femme, l'inférieure de l'homme, mais amazighe, de culture dite « inférieure ». La culture amazighe étant considérée de fait par les panarabismes au pouvoir comme une culture « primitive », la difficulté pour la femme amazighe est double. Non seulement il lui faudra lutter pour arracher ses droits légitimes et matrimoniaux, mais il lui faudra aussi en tant que principale gardienne et trésorière de la culture amazighe lutter contre la culture dominante arabo-musulmane que le pouvoir en place encourage (arabisation à outrance, organisation d'une manifestation islamiste antiféministe en avril 2000). Par ailleurs, les femmes ne connaissent pas le peu de droits qu'elles ont et se retrouvent souvent impuissantes face à toutes sortes d'agressions masculines. Avec leurs enfants, elles sont les premières victimes des maladies infectieuses, leur santé, plus particulièrement dans les zones rurales, est terriblement menacée. L'analphabétisme et l'ignorance sont le lot de la grande majorité d'entre elles, ce qui défavorise leur intégration dans la société. Lorsque, enfin, on les scolarise, elles se retrouvent face à deux langues étrangères (l'arabe et le français)... Ce qui entraîne la dévalorisation de leur langue et culture et cause souvent la perte des valeurs autochtones face à des valeurs importées du Moyen-Orient ou de l'Occident. Face à cette situation de double dominance (masculine et culturelle) ; comment faire pour conquérir sa liberté sans pour cela rompre avec sa culture d'origine ? Il s'agit d'engager un combat à la fois contre une domination masculine qui relègue les femmes à un rang inférieur mais aussi de mener un combat contre la domination culturelle arabo-islamique soutenue par le pouvoir en place. Pour nous, associations amazighes, la question féminine est au centre de nos préoccupations. La femme est le pilier de la famille et de la société. Il faut agir pour sa meilleure intégration dans le système moderne de développement économique, culturel et social, tout en sauvegardant nos cultures et nos coutumes amazighes. Mais pour y arriver, il nous faut tout d'abord sensibiliser et informer la femme sur ses droits et ses devoirs. C'est une tâche difficile ! Difficile parce qu'il faut beaucoup d'énergie et de ténacité pour que la femme amazighe soit reconnue comme citoyenne à part entière, une citoyenne qui peut participer et influer sur les décisions qui concernent le groupe. Réformer la moudawana ne changera rien à la situation dégradante que vivent les femmes au Maroc. Il faut séparer l'Etat de la religion. Aujourd'hui, c'est à nous, femmes et hommes du XXIe siècle, agissant pour la liberté, l'égalité, la justice et la tolérance de faire entendre nos voix et de construire un Etat moderne et laïque. Il faut un ample travail de réflexion, d'éducation et de prévention pour construire une société où nous pourrons enfin retrouver notre dignité. Néanmoins, l'homme doit prendre conscience d'une chose importante : tant que la femme est marginalisée, la société dans son ensemble est en danger. Nombreux sont ceux qui tiennent des discours avant-gardistes, mais qui dans leur comportement quotidien reproduisent des attitudes de discrimination à l'égard du sexe féminin. L'homme doit apprendre à respecter la femme et à la considérer comme son égale. De ce fait, il doit avant tout se débarrasser des préjugés et des comportements phallocrates, indignes de notre peuple. Le respect mutuel est une condition primordiale, si nous aspirons à la construction d'une société de droit, constituée de femmes et d'hommes libres et dotée de valeurs démocratiques issues de notre grande civilisation amazighe millénaire...

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