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Des ONG donnent l'alerte : La dure réalité des migrants en Algérie
Publié dans El Watan le 19 - 12 - 2015

En mer, en plein désert et même dans les villes, le mouvement migratoire est une véritable tragédie, un drame humain qui remplit les pages et des médias, malheureusement pas assez pour toucher toutes les bonnes volontés et faire bouger les lignes. Des lignes qui sont de plus en plus visibles dans ces barbelés et les frontières fermées auxquels font face tous les jours des milliers de personnes fuyant guerre, misère et famine. Si l'Europe s'emmure et se barricade contre la détresse des autres, même au prix de voir plus de 3000 morts en mer (chiffre de l'année 2015), doit-on de ce côté de la Méditerranée taire et cacher cette souffrance ?
Depuis que le monde est monde, les mouvements de personnes sont à l'origine des civilisations humaines ; comment aujourd'hui va-t-on au nom d'une suicidaire «préférence nationale» imposer des restrictions à la libre circulation des personnes ? Des questions qui ont figuré hier au cœur d'un débat organisé à l'initiative de la nouvellement créée Plateforme sur la migration en Algérie (PMA), et ce, à la faveur de la célébration chaque 18 décembre de la Journée internationale de la migration.
Le siège d'Amnesty International qui a abrité cette rencontre semblait exigu pour contenir le nombre de participants. Des membres de la société civile, entre associations et défenseurs des droits de l'homme, ont décidé d'unir leurs efforts pour donner à la problématique de l'immigration une voix, un visage mais surtout un meilleur devenir. De pays émetteur de migration vers l'Europe, l'Algérie est devenue aussi une terre d'accueil de la migration notamment subsaharienne.
Les migrants sont-ils bien accueillis ? Pas si sûr, répondent les différents intervenants. Maître Benissad, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), note que la législation algérienne n'est pas conforme aux conventions internationales traitant de la question de la migration. Il dénonce dans son intervention la stigmatisation du migrant et l'image négative que renvoient de lui certains médias.
Difficile scolarisation des enfants
Imène Benchaouche, coordinatrice du comité de coordination de la PMA, souligne pour sa part la difficulté d'avoir un chiffre exact sur le nombre de migrants en Algérie. «Des statistiques officielles parlent de 25 000 Subsahariens sur un total de 52 000 migrants, dont des Syriens.» Saliha Boucheloui, de l'ONG Caritas, tient à noter la difficile vie des femmes migrantes en Algérie, souvent sujettes à des agressions. «La mort en mer est difficile, mais il ne faut pas oublier non plus cette tragique et pénible traversée du désert…
Si c'est déjà difficile pour une femme de vivre en Algérie, que dire du vécu de ces migrantes qu'on agresse parce qu'elles sont migrantes et sans droits», dit-elle. Et à Imène Benchaouche de reprendre la parole pour évoquer le cas des enfants de migrants en situation irrégulière : «Aucun enfant n'a été scolarisé dans un établissement public. Parmi ces enfants, beaucoup sont nés en Algérie, ont des actes de naissance mais n'ont pas accès à l'école. Avec Médecins du monde et le réseau Nada, nous avons pu en inscrire 25 dans des écoles à Alger, mais qu'en est-il des autres ?» Contrairement à ce qui se dit, l'immigration nigérienne n'est pas là que pour des raisons économiques.
Les Nigériens, entre migration économique et fuite de la violence
Dans une enquête effectuée par la LADDH, il a été établi que la majorité des migrants nigériens provient du sud du Niger et non pas des zones frontalières. «Le chaos libyen, la guerre au Mali et la présence de Boko Haram dans cette zone poussent les populations du Sud à émigrer vers le Nord. Nous sommes donc face à une immigration mixte et pas seulement économique. La situation géopolitique et les violences sont à l'origine de cette migration.
Par ailleurs, les effets du changement climatique se font déjà ressentir au Niger qui est un des pays les plus pauvres de la région, ce qui explique aussi en partie ces exodes», indique Moumène Khelil de la LADDH. Ce dernier conteste les opérations de rapatriement de ces personnes en détresse et estime que la justification de demande de rapatriement émise par l'Etat du Niger ne peut être un argument.
«On s'appuie sur la demande des autorités nigériennes comme si les personnes appartiennent à un Etat», dit-il avant de s'interroger sur le rôle ambigu du Croissant-Rouge algérien (CRA) dans cette opération «d'expulsion» qui ne dit pas son nom. «Nous sommes face à un problème d'éthique et une atteinte au droit d'asile… Quel est le fondement juridique de ces expulsions qui ne s'appuient sur aucun texte de loi ni de décision administrative ? Le CRA est-il dans son rôle quand il fait des opérations d'identification dans les rues ? Sert-il d'auxiliaire humanitaire aux autorités ?»
Ce à quoi une représentante de ce même CRA répondra qu'il y a eu rapatriement à la demande des autorités nigériennes et le CRA l'a fait dans le respect de la dignité humaine. Une représentante d'une association s'occupant des migrants à Oran rétorquera en disant qu'il y a eu des opérations de «ramassage» même des immigrants en situation réglementaire. «Ces opérations de rapatriement ont été très entachées d'atteintes à la dignité des migrants», dit-elle.
Abdelouahab Fersaoui, de l'association RAJ, a plaidé pour sa part pour une plus grande implication de la société civile en faveur des migrants. «L'approche sécuritaire n'est pas une solution. Il faut que la société civile s'organise pour créer un rapport de force, interpeller les gouvernants pour prendre en charge sérieusement la question de la migration. Nous nous devons de mieux nous organiser pour nous imposer sur le terrain de l'action sociale et politique», dit-il.
Et à Abderrahmane Arar, du réseau Nada, d'appeler à la régularisation de la situation des ONG afin qu'elles remplissent au mieux leur rôle sur le terrain. «Il faut faire de la PMA un plaidoyer politique et juridique et arriver à faire promulguer une loi qui protège les migrants… Et d'ici là, il faut procéder à des actions permettant aux migrants au moins de travailler», note M. Arar. Le pas lent et hésitant, Marie Simone avance vers la tribune pour affronter l'assistance et raconter ses «trois ans de souffrance en Algérie».
Marie Simone ou la détresse d'une migrante
Elle est Camerounaise et a 32 ans. Il y a trois ans, elle est arrivée en Algérie comme beaucoup d'autres migrants pour trouver une meilleure vie. «J'ai passé trois ans de souffrance, de misère, de galère, de discrimination et de racisme», dit-elle avec beaucoup d'amertume. Elle en arrive dans son récit à ce jour du 1er octobre dernier lorsque des bandits et criminels se sont attaqués à elle et ses amis. «C'était à Maghnia, nous avons été attaqués par des individus armés de machettes et un chien. Ils ont voulu nous dépouiller de notre argent et nos bijoux. Nous avons pris la fuite, ils ont lâché le chien sur moi, je n'ai pas pu fme sauver.»
Marie Simone reprend son souffle avant de continuer : «Je croyais qu'ils allaient juste me voler, mais ils m'ont prise dans un buisson…» Elle pleure et demande pardon à l'assistance, comme si elle devait s'excuser pour ses larmes pourtant si légitimes après ce qu'elle a enduré. «A tour de rôle, ils sont passés sur moi», lâche-t-elle. Les yeux embués, la main tremblante, Marie Simone revit cette horrible scène, la raconte, la vomit.
Elle a été tabassée et violée par plusieurs individus. Le cauchemar de Simone ne s'arrêta hélas pas là. Une fois à l'hôpital et demandant un certificat médical attestant de la preuve du viol, Marie Simone se voit rabrouée : «J'ai été rejetée par le médecin, on m'a refusé l'examen médical.» A la gendarmerie, la réponse n'est pas meilleure. On ose même lui poser la question : êtes-vous musulmane ou chrétienne ? Comme s'il y avait une différence à la détresse humaine en fonction des religions. «A la gendarmerie, on me dit qu'on ne peut rien pour moi… Je suis restée deux jours avec le sperme de mes agresseurs en moi.» Marie Simone ne se sent pas en sécurité.
Après le viol, elle a été encore une fois agressée et encore une fois la prise en charge à l'hôpital est des plus honteuses. «Heureusement que j'ai rencontré des gens qui m'ont réellement aidée, notamment mon avocat qui est un vrai frère», dit-elle en guise d'espoir. Tel est un cas parmi d'autres attestant de la dure vie des migrants en Algérie. L'urgence de la prise en charge sérieuse et respectueuse des droits des migrants est plus que jamais posée. On ne peut critiquer le racisme ailleurs et le pratiquer ici.


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