Avancée considérable vers une sécurité hydrique durable pour l'ouest du pays    Le zugzwang pour l'UE    Les Verts pour un objectif historique qui inspire le présent    Ligue 1 Mobilis : Le MC Alger sacré champion d'hiver    Les matchs JSK-MBR et MCA-CSC avancés au lundi 5 janvier    Arnaque via les réseaux sociaux à Mostaganem Démantèlement d'un réseau spécialisé    Une femme décède et deux autres blessés à Zemmora    Un groupe de moudjahidine ayant pris aux manifestations honoré    Pour Disclosure Day, Steven Spielberg retrouve David Koepp au scénario    La pièce de théâtre tunisienne ''El Haribate'' présentée à Alger    M. Abdelmadjid Tebboune, a affirmé ce mardi que l'Algérie ne renoncera pas au caractère social de l'Etat    L'ONU alerte sur les pressions et abus    Quelle est la fonction de la Cour des comptes en Algérie ?    L'île aux milliers de mosquées    Inauguration du siège de la troisième Sûreté urbaine    Récupération de près de 24 ha de foncier industriel en 2025    Le projet de loi organique relative aux partis politiques approuvé    Adoption de la loi organique portant statut de la magistrature    Programme TV du 4 novembre 2025 : Coupes et Championnats – Heures et chaînes    Programme TV du samedi 25 octobre 2025 : Ligue 1, Bundesliga, CAF et championnats étrangers – Heures et chaînes    Programme TV du 24 octobre 2025 : Ligue 2, Ligue 1, Serie A, Pro League – Heures et chaînes    Festival international du Malouf: fusion musicale syrienne et russe à la 4e soirée    Adhésion de l'Algérie à l'AIPA en tant que membre observateur unique: le Parlement arabe félicite l'APN    Industrie pharmaceutique : nécessité de redoubler d'efforts pour intégrer l'innovation et la numérisation dans les systèmes de santé nationaux    Conseil de sécurité : début de la réunion de haut niveau sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Examen de validation de niveau pour les diplômés des écoles coraniques et des Zaouïas mercredi et jeudi    APN : la Commission de la santé à l'écoute des préoccupations des associations et parents des "Enfants de la lune"    Réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Boudjemaa reçoit le SG de la HCCH et le président de l'UIHJ    Athlétisme / Mondial 2025 : "Je suis heureux de ma médaille d'argent et mon objectif demeure l'or aux JO 2028"    Ligne minière Est : Djellaoui souligne l'importance de la coordination entre les entreprises de réalisation    Mme Bendouda appelle les conteurs à contribuer à la transmission du patrimoine oral algérien aux générations montantes    CREA : clôture de l'initiative de distribution de fournitures scolaires aux familles nécessiteuses    Poursuite du suivi et de l'évaluation des programmes d'investissement public dans le secteur de la Jeunesse    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 65.382 martyrs et 166.985 blessés    La ministre de la Culture préside deux réunions consacrées à l'examen de l'état du cinéma algérien    Le Général d'Armée Chanegriha reçoit le Directeur du Service fédéral pour la coopération militaire et technique de la Fédération de Russie    Foot/ Coupe arabe Fifa 2025 (préparation) : Algérie- Palestine en amical les 9 et 13 octobre à Annaba    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Comment les manuels scolaires «diabolisent» les «non-musulmans»
Publié dans El Watan le 07 - 01 - 2016

Certains cours contenus dans les manuels d'éducation religieuse de l'enseignement secondaire livrent aux élèves de ce palier une vision binaire du monde : il y aurait, d' un côté, les musulmans détenteurs de la «Vérité» et, de l'autre, les chrétiens et les juifs qu'il ne faut surtout pas «imiter». Le constat de Saïd Djabelkhir, chercheur en soufisme, livré lors des premières Journées philosophiques d'Alger ayant pour thème «L'autre», fait froid dans le dos.
Ayant parcouru les trois manuels d'éducation religieuse du cycle secondaire, il livre un constat des plus alarmistes. Les cours contiennent, selon ses propos, un discours dédaigneux voire haineux de l'autre, cet ennemi qui ne partage pas la même religion que nous. «Nous avons un problème avec l'autre dans les programmes scolaires. La question de l'autre est programmée en philosophie, 2e et 3e années secondaires». Mais «l'autre» dont parle le professeur d'éducation religieuse est en guerre contre celui qui est évoqué dans les cours de philosophie. «Chaque année, précise-t-il, la dose d'intolérance et de haine augmente d'un cran.»
1re année secondaire : renforcement de l'esprit communautariste
Dès la première année de lycée, les élèves s'entendent dire qu'ils font partie d'une communauté unie et indivisible : «Les croyants ont un seul corps, le musulman ressent les joies et les peines de ses frères, c'est cela la véritable fraternité», est-il écrit dans le programme de 1re année de l'enseignement secondaire dans un cours sous le titre : «Unité des peuples entre les croyants» (sic). Pour le chercheur, «ce texte enracine l'esprit communautariste dans la tête de l'élève».
Le monde se scinderait, à en croire le livre, en deux catégories d'humains : les croyants et les autres. «En tant que croyants autoproclamés, on regarde le reste du monde comme des non-croyants. L'idée est d'affirmer : ''Je reste fidèle avec mes frères devant Dieu en préservant les relations fraternelles entre musulmans''. Mais ne peut-on donc pas conserver des relations fraternelles avec des non-musulmans ?» s'interroge Djabelkhir.
Dans un autre chapitre intitulé «Communiquer et se connaître : une nécessité religieuse», il est possible de lire de très belles lignes pleines de bons sentiments contre le racisme et l'intolérance : «Dieu, est-il écrit, a créé les humains d'une même mère et d'un même père. Il a voulu que leurs couleurs et leurs croyances diffèrent». Un élan humaniste gâché par la citation de Sayed Qotb, l'un des chefs de file des takfiristes. Saïd Djabelkhir y dénonce un double discours : «Les ouvrages de
Sayed Qotb, dit-il, sont censurés en Algérie. Comment le ministère de l'Education peut-il programmer un tel texte ?». Ce décalage est présent tout au long du livre. Comme dans ce cours au titre rassembleur : «L'islam appelle à la coexistence pacifique» mais qui évoque «Ahl al dhima», les gens du Livre (le non-musulman qui vit au sein d'une population musulmane) contraint dans les temps anciens de verser une dîme car il n'était pas de confession musulmane. «D'un côté, commente Djabelkhir, ils disent au début de la leçon que les êtres humains sont tous frères, et de l'autre ils précisent qu'il y a des classes. L'histoire a reconnu les humiliations qu'ont subies ces gens-là sous le règne de certains sultans musulmans».
Bien plus, il est dit dans une leçon autour de «La relation de l'islam avec les religions monothéistes», que l'islam se doit sinon de «corriger», du moins de «compléter» les autres religions. «La mission de l'islam serait donc de renvoyer les religions falsifiées à leurs origines». On devrait ainsi ramasser toutes les copies des autres religions et se mettre à les corriger. Après une telle leçon, l'élève est en droit de penser qu'il détient la vérité absolue. Dès lors qu'il corrige les autres religions, il détient l'absolue la vérité, l'autre ne peut prétendre à une part de la vérité.
2e année secondaire : Invasion culturelle
Sous le titre «L'invasion culturelle et son danger sur la société», il est dit, à la page 47, que le prophète Mohamed nous a averti contre l'imitation des juifs et des chrétiens et cela en évitant de les suivre en quoi que ce soit. «Vous pouvez, dès lors, imaginer ce que peut comprendre l'élève. Il y a de nombreuses religions et croyances dans le monde, pourquoi citer précisément le christianisme et le judaïsme ? Pourquoi créer cette division entre les enfants d'Abraham ?» interroge Saïd Djabelkhir.
On parle de la Oumma comme de la nation élue. «Dieu le tout puissant a choisi notre nation. C'est la nation éternelle qu'Il a préféré à toutes les autres, dans le monde et dans l'au-delà». Dans l'orientation pratique, il est dit : je suis musulman, je me distingue des autres, je dois faire attention à l'invasion culturelle et intellectuelle, qu'elle vienne des juifs ou des chrétiens.
«Je peux me tromper, mais pour moi cela ne diffère pas du discours des juifs selon lequel ils seraient le peuple élu. Je me pose les questions suivantes : que comprend l'élève quand il apprend qu'il est meilleur que l'humanité entière du simple fait d'appartenir à la Oumma musulmane ? Comment va-t-il se comporter avec les autres après l'enracinement d'une telle idée raciste dans son esprit ? Comment, après ces idées dogmatiques, l'élève peut-il être ouvert sur le monde ? Peut-il encore lire un ouvrage d'un non-musulman et profiter de ses idées ? Peut-il encore avoir une lecture non partiale des idées des autres ?»
3e année secondaire : Vers une non-acceptation
En troisième année secondaire, le Rubicon est franchi. Le ton est à la critique des autres confessions. On accuse les chrétiens de croire à la Trinité (El tathlith) dans un cours sur «L'islam et les messages divins». Une leçon autour des droits de l'homme préconise que chaque homme a le droit de pratiquer la religion qu'il veut, à condition de respecter le système général de la société musulmane, notamment si ses sentiments s'opposent aux fondamentaux de l'islam ou que cela ait une dimension prosélyte.
Pour ce qui est de la liberté d'opinion, il est clairement dit que notre religion a mis en place des lignes rouges qu'il n'est pas permis de franchir et que l'individu n'a pas le droit de dépasser. «Je me pose la question de savoir s'il y a une différence entre la liberté de penser et la liberté de s'exprimer. S'il m'est interdit de m'exprimer, il m'est alors automatiquement défendu de réfléchir. Certes, il ne s'agit pas d'un livre de droit, mais un manuel d'orientation, pourquoi donner aux élèves des définitions floues ?»
Pour ce qui est des relations sociales entre les musulmans et les autres, il peut y avoir des relations, d'après le livre, mais avec réserve : le droit musulman s'applique sur les non-musulmans, à part la Zakat et le Djihad. Cette dernière notion est citée dans le manuel mais pas expliquée, laissant peut-être cela aux chaînes satellitaires. Pour Djabelkhir, ce livre va à contresens de l'acceptation de l'autre et l'ouverture. Il participe, de manière indirecte, à la «diabolisation» de l'autre, montré sous un aspect négatif.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.