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« En matière d'application des normes internationales, l'ONS accuse du retard »
Mohamed Saïb Musette. Sociologue spécialiste du monde du travail :
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2010

Les données de la planification sont des calculs d'estimation du chômage. Ce genre de calculs intervient pour satisfaire une exigence politique. Mohamed Saïb Musette analyse le dernier chiffre du chômage annoncé par l'ONS. Ainsi, contrairement à la lecture euphorique faite par le gouvernement en annonçant la baisse du taux du chômage, il ne faut pas trop jubiler. Notre interlocuteur relève plusieurs aspects négatifs qui confirment que le gouvernement doit fournir d'énormes efforts pour réduire réellement le chômage en Algérie. Il revient même sur les enquêtes de l'ONS pour noter leurs insuffisances techniques.
L'ONS vient d'annoncer le nouveau taux de chômage en Algérie qui est de 10,2%. Ce chiffre reflète-t-il la réalité du terrain ?
Dans les chiffres produits par l'ONS, j'observe deux éléments qui me semblent importants. Il y a effectivement une baisse de taux de chômage chez les jeunes et chez les adultes. Il y a donc deux catégories de personnes (16-29 ans et plus de 30 ans) et j'obtiens deux courbes. Chez les adultes, le taux de chômage était de 6,9% en 2005. Il est descendu à moins de 5%. Dans la théorie universelle, ce taux est naturel. Mais quand il descend à moins de 5%, il devient problématique, parce que, dans ce cas, le pays aura besoin d'une main-d'œuvre qualifiée et sera obligé de faire appel à la main-d'œuvre étrangère pour combler le déficit existant. Donc là, nous sommes dans une situation critique, car le taux a trop baissé pour les adultes. Tandis que pour les jeunes, c'est vrai que le chômage a continué de baisser, car il était de 27,4% en 2005 et il est descendu à 18,8% en 2009. En dépit de cette baisse, il y a toujours une tension qui est normale, car il y a beaucoup de primo demandeurs d'emploi. C'est une situation que l'on retrouve partout dans le monde. En revanche, j'observe que l'écart entre les jeunes et les adultes est resté le même. Il n'a pas changé d'un iota.
Il est resté quatre fois supérieur durant les quatre dernières années. Cela explique que tout ce qu'on a fait a agi beaucoup plus sur le chômage des adultes et moins sur le chômage des jeunes, dans la mesure où le ratio est resté identique. Après la distinction, selon l'âge, il faut également faire la comparaison selon le sexe. Les statistiques de l'ONS confirment que l'écart entre les deux sexes se creuse. D'abord, pour les femmes il y a eu une légère baisse en 2006 et puis le taux de chômage recommence à grimper. En outre, les hommes ont plus de facilités à accéder au marché du travail que les femmes. Parallèlement, on note, toujours selon les chiffres de l'ONS, que le chômage des jeunes filles diplômées est important. A l'école, il y a plus de filles que de garçons et à l'université c'est la même chose. Les filles réussissent aussi mieux que les garçons. Mais sur le marché du travail, c'est l'inverse qui se constate. Cela signifie qu'il y a un décalage, ce qui cause un gros problème avec des conséquences sociales énormes.
Parce qu'il y des coûts en investissements : on a des personnes très qualifiées et plus compétentes qui restent à la maison. Pour moi, à ce niveau, il y a un gaspillage des ressources humaines ; on forme des personnes qui réussissent mieux à l'école, mais sur le marché du travail, elles ne trouvent pas de place. Tandis que les hommes, qui réussissent moins à l'école, trouvent facilement du boulot. Ce qui traduit tout ça en termes politiques. Ceux qui sont dans le besoin ce sont les jeunes filles et les jeunes en général. De ce fait, toute la politique de l'emploi en Algérie doit être axée sur l'emploi des jeunes.
Le gouvernement affirme justement que les dispositifs de l'emploi mis en place sont destinés aux jeunes...
Théoriquement, il est vrai, ces dispositifs sont braqués sur les jeunes. Alors pourquoi ça bloque et pourquoi ça ne donne pas encore des résultats visibles, d'après les résultats produits par l'ONS ? Cela veut dire qu'il y a un conflit sectoriel. Il y a deux lectures du marché du travail : celle de l'ONS et celle du ministère du Travail. Le ministère du Travail considère qu'il est en train de faire un bon travail, mais les statistiques de l'ONS ne reflètent pas cette action de l'Etat. Si on traduit cela directement, on pourra dire que les actions de l'Etat n'apportent rien, comme on peut dire aussi que l'ONS ne fait pas bien son travail. Personne n'est dupe ! Tout le monde sait qu'il y a un problème. C'est pour cela que le gouvernement a autorisé le ministère du Travail à faire sa propre enquête en 2007. Le ministère du Travail avait effectivement fait son enquête et ses résultats ne sont pas encore sortis.
En 2008, le Commissariat général à la planification et à la prospective a donné un chiffre de chômage de 11,8% et l'ONS a communiqué un chiffre supérieur. Mais le gouvernement a pris en compte le premier. Ne croyez-vous pas que le gouvernement tente toujours de jouer sur les chiffres du chômage ?
Les données de la planification sont des calculs d'estimation de chômage qui obéissent à un modèle purement économétrique (ils utilisent un modèle économique pour calculer le taux de chômage). Mais ce n'est pas un chiffre d'enquête, car ce genre d'estimation ne donne jamais les détails du chômage. Mais le recours à ce genre de calculs intervient pour satisfaire une exigence politique du pays, quand il n'y pas d'enquête de l'ONS. Toutefois, ce chiffre n'est pas un produit d'une enquête de terrain. Et la comparaison entre des chiffres d'enquête et ceux de la planification est une erreur. Malheureusement, c'est ce qui a été fait. On entend les gens dire que le taux de chômage en 1999 était de 30%. Or, à cette époque, ce chiffre était un chiffre de la planification, car en 1999 l'ONS n'avait pas d'enquête d'emploi.
Mais le gouvernement prend souvent le chiffre qu'il adopte en Conseil des ministres. Nous, en tant que scientifiques, essayons d'observer cela de deux manières. Sur le plan tactique pour voir si l'ONS a évolué. Et là, c'est dommage, on ne peut pas dire qu'il a évolué. Selon les connaissances et les normes internationales, l'ONS accuse du retard. Même si cette année, ils ont innové en introduisant le CIM (indicateur-clé du marché du travail qui sont 18 indicateurs). C'est un indicateur qui a été retenu par l'OIT en 1998. Cependant, l'effort de l'ONS est limité. Le deuxième retard c'est celui sur la fréquence de l'enquête dû à des problèmes objectifs. Les responsables de l'ONS sont au courant. Ils savent qu'ils ne font que prendre des photos sur le chômage.
Là aussi, il y a une erreur technique, car la photo n'est pas prise sur un même échantillon. De plus, c'est une estimation d'une semaine. Le taux affiché aujourd'hui par l'Algérie correspond à celui affiché par les USA en octobre 2009. Mais les USA donnent un taux moyen annuel de 6,8%. En Algérie, on ne peut pas considérer le chiffre de l'ONS comme un taux annuel. On aurait aimé qu'il y ait des prises de photos mensuelles ou trimestrielles, comme font les Marocains et Tunisiens.
Dans le calcul du taux de chômage en Algérie, on considère comme travailleurs même les vendeurs de cigarettes. Ne faut-il pas revoir cette stratégie ?
Là aussi, l'ONS, pour se rapprocher des normes internationales, devra appliquer les critères de l'OIT (2007), en particulier celui portant sur le travail décent. L'ONS est au courant de toute la situation réelle du monde du travail. L'OIT a mis en place des indicateurs tels que le sous-emploi, la sous-rémunération, la sous-utilisation et également l'indicateur du climat social. Le travail décent porte sur la qualité du travail : sur le plan de la sécurité sociale et la rémunération. L'ONS doit faire un effort pour inclure ces nouveaux indicateurs dans ses enquêtes. Parfois, on peut avoir un travail qui paraît précaire, mais qui est hautement payé.
Le gouvernement ne cesse de fixer des objectifs à atteindre en matière de création d'emplois. Et pour atteindre ces objectifs, on offre aux jeunes des emplois d'extrême précarité. Quel commentaire faites-vous ?
Le gouvernement et les ministres font de la politique. Ce qu'annonce le gouvernement est bien. Maintenant c'est à nous autres de juger. Quand le gouvernement dit vouloir créer trois millions d'emplois, et c'est son droit de dire cela, il cherche un argument politique. Il veut donner de l'espoir aux gens. Il ne peut pas faire autre chose. Mais c'est aux institutions de veiller sur la manière de réaliser cela en se dotant des instruments d'évaluation. Maintenant de quelle manière les institutions vont réaliser cet objectif ? Si les institutions font, elles aussi, le jeu politique, cela est grave. Concernant les dispositifs mis en place, il faut savoir qu'il y a des techniques permettant leur évaluation. La technique appropriée est de dire combien de personnes sont rentrées dans les dispositifs et combien de gens en sont sortis. Et qu'est-ce que cela a donné comme résultat. Prenons l'exemple de l'ANEM qui, sur le plan politique, annonce qu'il y a 800 000 personnes qui sont passées par l'agence.
C'est faux ! Ce sont plutôt 800 000 inscriptions. C'est l'un des litiges entre les chiffres de l'ONS et ceux de l'ANEM. Les politiques parlent de 800 000 personnes, alors que l'ONS affirme qu'il n'y a que 5% de jeunes qui passent par l'ANEM. Parce que si l'ONS donne 1 200 000 chômeurs et qu'il y a 800 000 qui passent par l'ANEM, cela donne un taux de 60%. Or, il y a seulement 800 000 inscriptions et parfois une personne peut faire plusieurs inscriptions par an.


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