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Ensemble mais en solo
Publié dans El Watan le 05 - 11 - 2016

Autour du romancier Waciny Laredj, parrain et médiateur de la rencontre, de jeunes auteurs sont venus parler de leurs thématiques et de leurs expériences d'écriture.
Hadjer Kouidri, qui a obtenu le prix Tayeb Salih du meilleur roman arabe pour Nawras Bacha, a estimé que l'écriture est une vie, pas une expérience. «Une expérience peut échouer. Il y a une différence entre celui qui dit j'aime cette chose et un autre qui dit je m'engage pour cette chose. Dès le début, je me suis engagée pour l'écriture. Cela a commencé par le journalisme. C'est le métier le plus proche de l'écriture. Je voulais étudier la littérature arabe ou la philosophie à l'université.
Ce qui pouvait m'aider à avancer dans mes projets d'écriture. Mais, je pense que ce n'est pas trop tard, je peux me rattraper», a déclaré Hadjer Kouidri qui prépare un doctorat en sciences de la communication et de l'information à Alger. La jeune romancière, qui est l'épouse du poète Rochdi Redouane, a débuté l'écriture en 2006 avec Clic, un texte presque autobiographique. «J'ai réglé la question du Moi dans ce texte, car je ne pas voulais pas être présente dans mes autres romans. Mais l'écriture reste une ombre de soi-même. Mon entourage m'inspire les traits de mes personnages», a-t-elle dit.
Hadjer Kouidri est allée chasser sur les territoires du surréalisme dans son second roman, Je m'appelle Ouzoundjou. Une œuvre non publiée. Avec Nawrass Bacha et Raïs, ses deux derniers romans, Hadjer Kouidri s'est intéressée à l'époque ottomane en Algérie, période peu explorée dans la littérature algérienne contemporaine. «Je ne peux pas écrire un roman en dix ans. Je connais comment m'organiser pour l'écriture.
Je suis devenue morningophile, me lève à 5 heures du matin pour écrire. C'est un rythme particulier. Mes études académiques m'ont aidée dans mes projets d'écriture, en ce sens que cela me donne davantage l'envie de faire des recherches, d'en savoir plus», a souligné la romancière.
Smaïl Ibrir, qui vient de publier le roman Maouala al hira (Le maître de la tourmente) aux éditions Hibr à Alger, estime qu'il est encore tôt pour parler de son expérience. Il y a plus de quinze ans, Ismaïl Ibrir a débuté avec Barida ka ountha (Froide comme une femelle) avant d'enchaîner avec Wassiyatou al maatouh (Le serment d'un fou).

Mes premières écritures étaient de la poésie. Et je n'ai pas arrêté l'écriture de la poésie. Barida ka ountah m'a permis de passer à l'écriture romanesque. Avant d'écrire ce roman, j'étais face à un défi existentialiste. Je devais me débarrasser de cette charge en écrivant ce roman. J'ai décidé alors de le faire en pleine forêt. Cette forêt est devenue aujourd'hui un jardin public. J'ai appris, à travers ce roman, comment écrire et réécrire. Après, je suis passé à un roman savant sur la vie dans un hôpital», a détaillé Ismaïl Ibrir qui a également obtenu le prix Tayeb Salih.
Ce natif de Djelfa travaille beaucoup sur l'esthétique du lieu, la signification de l'espace. Chose quelque peu ignorée par les romanciers algériens. L'histoire de Wassiyatou al maatouh se déroule dans un quartier situé entre trois cimentières. «Nous devons passer de l'idée du conte à celle de l'écriture. L'écriture est un acte conscient et mature, alors que le conte est un acte ouvert à tout le monde. Avoir beaucoup de contes ne signifie avoir beaucoup de romans.
Dans le monde arabe, chez nous, l'être humain subit des événements d'une manière cyclique. Ce qui l'amène à reconsidérer ses grandes convictions. Des convictions qui peuvent être détruites par la simple question d'un enfant», a soutenu Ismaïl Ibrir disant que le souci du roman est toujours l'humain et les complexités de son existence. L'écrivain tente de gagner deux paris : l'humain et le lieu.

ACTE PSYCHOLOGIQUE.
Rachid Boukharoub, qui a décroché en 2015 le prix Assia Djebar du meilleur roman algérien écrit en langue amazighe, a estimé, pour sa part, que l'acte d'écrire est d'abord un acte psychologique profond. «Un acte qui naît à partir d'un besoin, pas d'une demande. Il nous arrive parfois de vouloir écrire pour exprimer ce qui se passe dans la tête. La parole ne suffit pas. Parfois, l'écrivain devient la langue qui exprime ce que les cœurs des autres personnes ne peuvent pas dire. Il traduit en texte, en mots, ce que les autres n'ont pas pu dévoiler. Le roman n'est pas un message administratif ou politique. Le roman est un message humain. C'est pour cette raison que je me suis mis à l'écriture», a-t-il estimé. La lecture doit, selon lui, précéder l'écriture. «Si je vois cinq enfants en train de lire, je suis sûr qu'un ou deux d'entre eux sera un jour écrivain. La lecture permet d'avoir une idée sur la construction du conte, de l'histoire ou du roman sans passer par des études académiques littéraires», a-t-il estimé. Rachid Boukharoub a publié le roman La poupée en roseaux en 2015. «Dans ce roman, je voulais donner la parole à la femme algérienne qui a beaucoup souffert dans les années 1970, une période difficile, surtout celle qui vivait en dehors des villes.
Des souffrances d'ordre social, culturel, matériel et psychologique. A cette époque, des femmes avaient subi la famine parce que les hommes étaient partis ailleurs, chassés par la misère et le désœuvrement», a-t-il dit.
Adepte de la fantasy, Anys Mezzaouar, qui a 20 ans, est l'un des plus jeunes auteurs algériens. Il a publié la trilogie Le lien des temps aux éditions Enag à Alger. L'espérance des mondes vient de paraître après La proie des mondes et La terreur des mondes. «Rien au monde n'est plus puissant qu'une idée dont l'heure est venue. La littérature algérienne, quels que soient les styles et les genres, doit réclamer sa place dans la littérature mondiale actuelle. Les Algériens veulent et aiment lire surtout la littérature de qualité écrite par les Algériens. Une littérature variée portant un certain brassage culturel», a relevé Anys Mezzaouar. Selon lui, le fantasy et le fantastique sont les genres littéraires qui ont un succès mondial. Il a cité J.K. Rowling et la saga de Harry Potter et J. R.Tolkien devenu célèbre grâce à Star Wars. «C'est une littérature qui intéresse parce qu'elle fait rêver avec la présence du surnaturel et de la magie», a-t-il dit. Anys
Mezzaouar, qui inscrit sa démarche d'écriture dans les littératures de l'imaginaire, a rappelé que le fantasy est un genre assez ancien puisqu'il remonte aux années 1930.
«Le but n'est pas de suivre le mouvement littéraire actuel, mais de l'enrichir d'éléments algériens qui donnent à l'œuvre toute son originalité. Mes personnages, par exemple, interviennent en Algérie, à Tipasa, au Sahara et à Alger. J'évoque aussi les difficultés de tous les jours et la méchanceté du monde dans lequel nous vivons. Manière pour moi de dire que c'est loin de la magie attribuée au fantasy. La magie fait moins peur que la condition humaine. Pour l'Algérie, nous pouvons puiser dans notre passé, les guerres, la colonisation française…», a souligné Anys Mezzaouar.
Pour sa part, Kaouthar Adimi, qui a publié aux éditions Barzakh Des pierres dans ma poche, n'aime pas trop qu'on mette les écrivains dans des «cages». «Je ne crois pas à l'idée de génération dans la littérature de manière aussi clivante. Si je prends les écrivains tels que Ryad Girod, Samir Toumi, Maïssa Bey ou Amara Lakhous, je pense que les styles sont très différents. C'est cela qui est intéressant pour moi, pas le fait d'appartenir à une génération.
C'est la diversité qui permet de dire qu'il existe une littérature algérienne qui se nourrit des anciens et qui sort des rails par rapport à eux (les anciens)», a-t-elle souligné, souhaitant que des études soient faites sur cette littérature pour analyser les thématiques dominantes et les courants. Nassima Bouloufa rejoint Kaouthar Adimi dans l'analyse et refuse d'être «classée» dans une génération. «Je ne mène pas de lutte contre la génération qui m'a précédée. Mon plus grand défi est d'affronter ma propre personne. Ecrire me permet de respirer. Je me suis mise à l'écriture pour échapper à une certaine sensation de nihilisme avec la volonté de pouvoir changer le réel.
D'où mon bonheur à la fin de chaque texte écrit», a-t-elle confié, disant qu'elle n'écrit pas pour une catégorie particulière de lecteurs mais au grand lectorat. Nassima Bouloufa aime la simplicité et refuse de donner des leçons. Abderrazak Boukeba, qui est poète, romancier et journaliste, rejette toute idée de «parrainage» ou de «tutelle». «J'aime mon père, je veux qu'il soit en premier dans une assemblée, mais je refuse qu'il domine cette assemblée. Comme je n'aime pas qu'on mette ce que j'écris dans une catégorie ou un genre. Je suis comme l'oiseau et le soleil, les deux ne croient pas à l'existence de frontières», a-t-il dit. L'écriture doit, selon lui, se faire avec conscience pour éviter «l'absurde» non étudié ou l'anarchie.

BATAILLE NARCISSIQUE.
Le critique Liamine Bentoumi a, pour sa part, a déclaré qu'il préfère parler en termes d'écoles d'écriture ou de classes d'écriture et pas en termes de générations. «L'écriture d'un roman exige un cumul historique et esthétique. La mutation ne peut arriver qu'après plusieurs étapes. Une mutation qui peut créer la classe du roman ou de romanciers», a-t-il dit critiquant «la bataille narcissique» entre pères et enfants en littérature. Il a fait un plaidoyer pour la fraternité littéraire qui surmonte les luttes entre générations et pour le respect des traditions littéraires. «Nous avons constaté l'existence en Algérie de romans vidés du lieu, du temps, de la construction du personnage… Il s'agit parfois d'états d'âme, de contes. Nous n'avons pas encore de bloc homogène de romanciers, mais des individualités se revendiquant de plusieurs courants littéraires.
Il faut qu'on arrive à une étape où un roman nourrit le débat public», a-t-il noté en appelant à la constitution d'une ligue ou d'un club pour regrouper les écrivains algériens. Pour lui, le pluralisme d'écriture romanesque en Algérie est une richesse. Liamine Bentoumi envisage de publier une anthologie sur les époques d'écriture romanesque algérienne à partir des anciens temps. Waciny Laredj a des réserves sur l'idée de la «mutation» ou du «livre exceptionnel». «Ismaïl Kadaré n'avait pas besoin d'une grande société pour émerger. Il a écrit le roman Le général de l'armée morte (1963) alors qu'il vivait dans une société sous-développée», a-t-il dit en réplique à Liamine Bentoumi.
Ismail Kadaré est l'écrivain albanais le plus célèbre au monde avec des romans tels que L'hiver de la grande solitude ; Avril brisé et Le successeur.


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