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Les six raisons du faible impact de la revalorisation de l'allocation devises en Algérie de 750 euros sur le cours du dinar sur le marché parallèle Finance
La revalorisation de l'allocation devises en Algérie a été décidée lors du Conseil des ministres, en date du 8 décembre 2024, où le président de la République a décidé de porter l'allocation touristique de 100 euros à 750 euros (1 euro – 1,17 dollar, le 27/07/2025) par voyageur algérien majeur et à 300 euros par voyageur algérien mineur, qui devait être appliquée à compter du 1 janvier 2025. Mais le décret exécutif ayant fixé les modalités d'obtention de cette allocation applicable ne l'a été qu'à compter du 20 juillet 2025. Cette mesure était surtout destinée, à enrayer la montée vertigineuse du cours sur le marché parallèle qui, au courant de juillet, avait atteint le pic à l'achat de 265/266 dinars un euro avec un écart plus de 70% par rapport au cours officiel. L'allocation est remise au niveau des points de sortie du territoire national (aéroports, ports ou frontières terrestres), sur présentation des justificatifs et après paiement de la contre-valeur en dinars algériens et en cas d'annulation du voyage ou de séjour de moins de 7 jours, le montant perçu doit être restitué dans un délai de 5 jours ouvrés suivant le retour. Cela est assujetti à six conditions : Premièrement, être un ressortissant algérien résidant en Algérie ; Deuxièmement, présenter un passeport valide ou un titre de voyage en cours de validité ; Troisièmement, un voyage d'une durée d'au moins 7 jours pour les voyages aériens et maritimes, ou une quittance fiscale de voyage terrestre pour les voyages terrestres ; Quatrièmement, un justificatif de paiement de la taxe carburant pour les voyages terrestres ; Cinquièmement, présenter un visa en cours de validité si nécessaire sixièmement, présenter une fiche familiale justifiant le lien de parenté pour les conjoints ou ayants droit. Selon le ministre des Finances, au cours actuel, cela occasionnerait une sortie de devises par an d'environ 3,5 milliards de dollars par an, environ de 3 milliards d'euros. Suite à cette décision, face à un cours officiel de la Banque d'Algérie,avec un dollar côté à 129,39 DA à l'achat et 129,40 DA à la vente et l'euro à 151,93 DA à l'achat et 151,98 DA à la vente, après un léger recul à l'achat, non pas un affrètement comme cela a été annoncé par certains, soi-disant experts, juste après l'annonce. En revanche, le dollar a connu un léger recul, se négociant à l'achat à 225 DA et à la vente à 222 DA, confirmant une tendance à la baisse. La livre sterling étant restée relativement stable, avec un prix d'achat fixé à 305 DA dans un marché où cette devise attire moins de demande que l'euro ou le dollar. Ce retour à la case de départ, si cette tendance devait se confirmer, aura montré que cette l'allocation devises est relativement faible au vu du déséquilibre offre : demande avec un impact limité car en plus du billet d'avion 4 à 5 jours à Paris ou en Espagne dans un hôtel moyen, y compris les repas et le transport, sans autres loisirs, ce montant couvre à peine 3 jours, une exception un voyage dans le pays voisin la Tunisie pour 7 jours. Cependant, les pays octroyant d'importantes allocation devises comme le Maroc et la Tunisie qui ne correspondent pas à leur niveau de productivité accroissant les tensions de leur balance de paiement, encore une différence, le nombre de passeports dans ces pays étant fortement limité en comparaison avec l'Algérie. A titre de comparaison, au Maroc, la dotation en devises pour les voyages personnels, y compris le tourisme, est de 100.000 dirhams par an (8,97 dirham un dollar) et par personne. Cette dotation peut être majorée de 30% de l'impôt sur le revenu payé au Maroc l'année précédente, sans dépasser un total de 300.000 dirhams. Pour les voyages professionnels, il existe des dotations spécifiques, comme la dotation de 20.000 dirhams pour les professionnels exerçant à titre privé. Pour la Tunisie, où 3,35 dinars tunisien égal un euro au cours décembre 2024, selon la banque centrale tunisienne, vous avez droit à une allocation touristique annuelle (du 1er janvier au 31 Décembre) dont le montant varie comme suit: 6 000 DT par an (1790 euros) pour le résident de nationalité tunisienne, 6 000 DT respectivement en faveur de son conjoint, et de ses enfants âgés de plus de 10 ans et 3 000 DT pour ses enfants âgés de moins de 10 ans ; 6 000 DT pour le résident de nationalité étrangère n'ayant pas procédé à des économies sur salaire, et ce sous réserve de présentation d'une déclaration sur l'honneur. Encore que pour les Tunisiens et les Marocains, cette allocation devises est contrebalancée au niveau des services par les transferts de leur émigration. Ainsi, les transferts de devises des Marocains résidant à l'étranger ont atteint un montant d'environ 12 milliards de dollars, en 2024, 8% du PIB et les transferts de fonds de la diaspora tunisienne ont dépassé les 2,6 milliards de dollars surpassant les recettes du tourisme, traditionnellement la principale source de devises du pays, contrebalançant l'allocation devises alors que pour la même période les transferts de devises par la diaspora algérienne vers l'Algérie, bien que les chiffres officiels ne reflètent pas toujours la réalité due aux circuits parallèles sont estimés à moins de 2 milliards de dollars, la majorité des transferts empruntant des circuits informels en raison du différentiel de taux de change. Quelles sont les raisons de la distorsion entre la cotation du marché parallèle et officiel ? Je recense six facteurs, les uns structurels et d'autres conjoncturels : Premièrement, la dominance de la rente expliquant le faible taux de croissance non proportionnel à l'importante dépense monétaire, (mauvaise gestion ou corruption ou, les deux à la fois) une étude de l'OCDE montrant que l'Algérie dépense deux à trois fois plus pour maintenir un taux de croissance équivalent à bon nombre de pays qui dépense deux à trois moins. Tout est irrigué par la rente des hydrocarbures donnant ainsi des taux de croissance, de chômage et d'inflation, la majorité des entreprises publiques et privées , que ce soit pour leur investissement ou leur exploitation courante, étant entièrement dépendantes de la monnaie hydrocarbures. Or, la vraie richesse ne peut apparaître que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. On peut considérer que les conduits d'irrigation, les banques commerciales et d'investissement, opèrent non plus à partir d'une épargne puisée du marché, éventuellement un reliquat du travail, mais par les avances récurrentes (tirage : réescompte) auprès de la Banque d'Algérie pour les entreprises publiques qui sont ensuite refinancées par le Trésor public en la forme d'assainissement. La richesse nationale créée puise sa source dans la relation du triptyque : stock physique (stock ressources naturelles d'hydrocarbures) – stock monétaire (transformation : richesse monétaire) – répartition (modalités et mécanismes de répartition : investissement-consommation-fonds de régulation). La société des hydrocarbures ne créait pas de richesses ou du moins très peu, elle transforme un stock physique en stock monétaire (champ de l'entreprise). Cela influe sur la cotation du dinar. Les hydrocarbures irriguent directement et indirectement via la dépense publique à environ 70% le PIB et donc la majorité des secteurs économiques publics et privés dont le taux d'intégration ne dépasse 15% en 2024. Les exportations hors hydrocarbures (source BM et rapport banque d'Algérie), à ne pas confondre avec l'accroissement de 4% en 2024 dans le PIB sont passées de 6,9 milliards de dollars en 2022, à 5,01 en 2023 et à 4,60 en 2024. Les IDE constitués en majorité relevant du secteur des hydrocarbures, loin des potentialités ont été en 2024, selon la CNUED pour l'Algérie que de 1,4 milliards de dollars, 16e position en Afrique. Car, pour pouvoir exporter, il faut des entreprises compétitives en termes de cout/qualité, avec une logistique adaptée d'accompagnement, devant préciser que dans le commerce international, il est interdit de pratiquer le dumping (prix du gaz plus bas que celui du marché international), ce qui explique récemment les procédures des USA contre les exportations de produits sidérurgiques algériens. Deuxièmement, l'importance de la masse monétaire en circulation hors banques… Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités Expert international