«C'est avec une profonde tristesse que nous faisons part du décès du poète, compositeur et artiste légendaire Leonard Cohen», a annoncé jeudi soir son agent. «Leonard, les sentiments et les sons qui émanaient de ta poésie et de ta musique n'étaient comme ceux de nul autre artiste. Tu nous manqueras», a salué dans un vibrant hommage le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. Dès l'annonce de son décès, plusieurs dizaines de fans ont convergé dans la nuit de jeudi à vendredi devant la résidence de Leonard Cohen dans le quartier du Plateau à Montréal, ville qui l'a vu naître le 21 septembre 1934. Devant la petite maison, sur une petite place arborée, des bougies ont été allumées, des fleurs déposées et les fans ont chantonné quelques uns des succès de l'artiste dont l'oeuvre est teintée de sa dépression. «Leonard Cohen était un musicien sans égal, dont l'œuvre époustouflante et originale avait touché des générations de fans et d'artistes», a indiqué sa maison de disques, Sony Music. Dans le communiqué annonçant le décès du chanteur, la famille demande à ce qu' «on respecte son intimité pendant son deuil». «Nous avons perdu l'un des visionnaires les plus prolifiques et respectés du monde de la musique», poursuit le communiqué. Une cérémonie sera organisée aux Etats-Unis, à Los Angeles, où il vivait, «à une date ultérieure». L'Académie des Grammys, qui lui avait remis en 2010 un prix spécial pour l'ensemble de son oeuvre, a souligné l'«extraordinaire talent» de Leonard Cohen qui «a eu un impact profond sur un nombre incalculable de chanteurs et de compositeurs et sur la culture en général». «Leonard Cohen était une légende légendaire», a indiqué Eric Baptiste, directeur de la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Né dans une famille juive aisée, Leonard Cohen a composé certains des hymnes les plus envoûtants des dernières décennies. Plusieurs générations ont fredonné et dansé sur ses titres les plus célèbres. Suzanne ou So Long Marianne illustrent, en 1967, un premier recueil de chansons mélancoliques. D'autres titres célèbres suivront, comme Bird on the Wire -l'un de ses plus grands succès, repris par de nombreux artistes comme Johnny Cash ou Joe Cocker-, The Partisan, Seems so long ago, Nancy et surtout Hallelujah. Leonard Cohen avait disparu de la scène dans les années 1990, préférant se réfugier dans le bouddhisme, devenant même moine en 1996. Il avait fêté ses 82 ans avec un nouvel album, dans lequel, au fil de chansons toujours plus sombres, la mort planait comme un rappel d'une issue inexorable. La disparition en juillet de sa muse, Marianne Ihlen, amoureuse devenue célèbre dans sa chanson So Long Marianne l'avait profondément marqué. «Je pense que je te suivrai bientôt», avait alors écrit Leonard. «Sache que je suis si proche derrière toi que si tu tends la main, je crois que tu peux toucher la mienne».