Cuba et la RASD viennent de commémorer le 30e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Dans cet entretien, Eumelio Caballero Rodriguez, ambassadeur de Cuba auprès de l'Algérie et de la RASD, revient sur le parcours et les formes de soutien de son pays au peuple sahraoui. Quel est votre sentiment en partageant la célébration de la proclamation de la RASD, ici, à Bir Lahlou ? Je suis vraiment content d'avoir la possibilité de participer au 34e anniversaire de la proclamation de la RASD. Cet évènement confirme que le peuple sahraoui existe et résiste courageusement. J'ai l'occasion de constater à cette occasion que l'esprit de patriotisme est très fort chez ce peuple. Il y a une autre valeur que vous pouvez trouver ici. C'est l'honnêteté entre les Sahraouis. C'est-à-dire que le Front Polisario a su maintenir l'honnêteté dans ses rangs et avec le peuple. C'est une particularité chez ce peuple combattant. Une valeur qu'on ne trouve pas chez beaucoup d'organisations, comme c'est le cas en Palestine. Je voudrais vraiment féliciter le peuple sahraoui et l'encourager. Il doit savoir qu'il n'est pas seul. Il doit savoir également que, de plus en plus, la communauté internationale comprend que le droit à l'autodétermination des Sahraouis est garanti par toutes les résolutions onusiennes. Un droit qui devrait être concrétisé, comme le stipule la légalité internationale.L'histoire a toujours montré que lorsqu'un peuple est prêt à se battre et à défendre son droit, personne ne peut dans ce monde empêcher la matérialisation de son combat. Et c'est le cas du peuple sahraoui, d'autant plus que le Sahara occidental est le seul pays, avec la Palestine, qui est reste encore sous le joug colonial. C'est un anachronisme historique avec lequel il faudra en finir. Comment Cuba demeure-t-elle active dans son soutien au peuple sahraoui et ce, malgré les conséquences difficiles de l'embargo ? Absolument, notre relation avec le peuple sahraoui est très solide. On vient de commémorer le 30e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays. Notre soutien au Front Polisario était déjà important avant même la proclamation de la RASD. Il est de notre devoir historique de défendre ce peuple. Concrètement, nous lui apportant de l'aide dans deux secteurs importants : l'éducation et la santé. Chaque année nous accueillons, à Cuba, des centaines d'enfants sahraouis pour qu'ils étudient jusqu'au niveau universitaire. Ils restent à Cuba pour une durée de 12 ans. Le deuxième aspect est la solidarité et la santé. Nous avons une brigade permanente de médecins spécialistes pluridisciplinaire dans les camps de réfugiés. Mais nous ne comptons pas rester à ce niveau. A l'occasion de l'installation de la commission mixte, nous allons revoir à la hausse cette coopération. Justement, d'où vient cette force ? Cette solidarité, nous la puisons dans notre histoire. Ce sont des valeurs de la Révolution cubaine. La politique extérieure de notre pays est fondée sur la solidarité et l'appui aux peuples en lutte contre le colonialisme et l'occupation étrangère. Ce qui explique que Cuba a participé activement aux processus de libération de beaucoup de pays africains. L'un des principes de la Révolution cubaine est l'internationalisme. Notre pays subi des pressions et un blocus qui dure depuis des années, imposé par les USA. Et c'est grâce à l'esprit d'internationalisme que notre pays résiste encore et a réussi. Nous avons appliqué le même principe avec le peuple sahraoui. Même si à l'époque, le Maroc avait décidé de rompre ses relations diplomatiques avec Cuba. C'est son problème. De toute manière, nous assumons totalement notre choix et nous sommes conséquents avec nos valeurs de la révolution. Comment voyez-vous l'issue de ce conflit sahraoui ? L'histoire est en faveur du peuple sahraoui, c'est une réalité indéniable. Je suis convaincu que le peuple sahraoui, avec son esprit patriotique et sa résistance, avec la pression des peuples amis, aura son indépendance. Le droit à l'autodétermination n'est qu'une question de temps. En espagnol, on dit « il n'y a pas de mal qui dure plus de cent ans ». Comme tout le monde le constate, chaque jour, la solidarité avec ce brave peuple grandit. Cela fait plus de 35 ans que le Maroc fait subir à ce peuple une grande injustice. La communauté internationale ne peut plus continuer à ignorer cette injustice. L'occupant marocain n'a aucun droit sur ce peuple et sur cette terre. Il n'y a pas d'alternative à l'autodétermination et au droit du peuple sahraoui de disposer de lui-même et de son avenir. Il faut en finir avec cette injustice qui n'a que trop duré. Il y a urgence à faire appliquer la légalité internationale.
