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L'héritage managérial de Chakib Khelil se fracasse sur le nom de Farid Bedjaoui
Publié dans El Watan le 10 - 04 - 2017

Peut-on avoir été un ministre délinquant accumulant des centaines de millions de dollars de dessous de table et pour autant avoir raison dans ses choix de politique sectorielle ? C'est à cette idée que nous préparent insidieusement les dernières évolutions au sujet de l'héritage managérial de Chakib Khelil. En gros, pourquoi s'acharne-t-on sur un homme qui, même s'il a échangé des pots-de-vin contre des marchés, n'en a pas moins été un «bon» ministre avec des convictions, travailleur et moderne ? Deux gris-gris incantatoires.
D'abord, la nomination de Abderrahmane Ould Kaddour à la tête de Sonatrach par le président Bouteflika. L'ex-PDG de BRC (une joint-venture entre Sonatrach et l'américain KBR) n'a pas pu se défendre contre les accusations portées contre lui dans l'affaire qui débouchera sur la dissolution pure et simple de cette entreprise devenue filiale de Sonatrach après rachat des 49% de KBR. Il lui était reproché un préjudice au passif de ses clients dont Sonatrach, son actionnaire, et surtout le ministère de la Défense (MDN) qui lui fera bien payer en l'embastillant pour une affaire supposée d'exfiltration de données du DRS (sécurité militaire) concernant justement l'enquête BRC. Les soupçons qui pèsent sur la gestion de Abderrahmane Ould Kaddour, à la tête de BRC, sont à l'opposé de ceux qui accablent l'ancien ministre de l'Energie. L'enquête voulait savoir comment BRC est arrivé à facturer aussi cher ses fournitures dans le cadre des contrats EPC (Engineering, Procurement, Construction).
Sous-entendu, les clients ont-ils été soudoyés pour accepter de tels marchés ? Le réseau solidaire d'intérêt est une boucle qui passe par le véritable patron de Sonatrach (formellement jusqu'en 2004), Chakib Khelil. Mais aussi par certains décideurs au MDN avant que l'alerte ne soit donnée sur l'abîme des contrats BRC. Ce que la chronique interne du secteur de l'énergie a retenu du management de Ould Kaddour est qu'il avait réussi à accumuler un savoir- faire appréciable à BRC, une entreprise florissante, devenue attractive pour les meilleurs ingénieurs.
Son mode opératoire délictueux (avec pots-de-vin et éventuellement rétro-commission) ou vertueux (sans pots-de-vin mais au mérite de la compétitivité) intéressait moins les observateurs. Jusqu'au jour où les chiffres ont commencé à circuler sur les montants des transactions, puis le détail des factures dans un rapport de l'IGF de 2010. La conclusion est toujours en suspens. Nous ne savons pas si Abderrahmane Ould Kaddour – qui a en effet réussi à construire une belle entreprise avec BRC – doit son succès à la connivence intéressée de son réseau client ou à la performance de son réseau de fournisseurs et celle de ses ingénieurs qui rendaient irrésistibles ses offres de service. Le procès de l'affaire BRC, qui ne s'est jamais tenu, aurait dû solder ce suspens. Le sens politique induit par la nomination de Ould Kaddour à la tête de Sonatrach est qu'il était un bon manager injustement poursuivi dans le contexte de lutte de clans du milieu des années 2000. Il peut donc revenir aux affaires et faire gagner son pays en dirigeant son plus grand groupe. Parallélisme des raisonnements (syllogisme), Chakib Khelil pourrait donc bénéficier du même retour en grâce. A défaut d'un retour physique trop compliqué pour des raisons que l'on va évoquer plus bas, le retour à ses options de politique sectorielle est devenu envisageable. Le retour de Ould Kaddour, l'a insinué le plaidoyer du professeur Abdellatif Benachenhou, le conforte.
L'ancien ministre des finances, le professeur Abdellatif Benachenhou a défendu l'autre semaine à la matinale du cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), la politique énergétique de Chakib Khelil. C'est l'autre signal du processus de réhabilitation managériale de l'ancien ministre de l'Energie. Pour son ami ancien ministre des Finances, l'amendement en juillet 2006 de la loi sur les hydrocarbures de Chakib Khelil de 2005 était «une grave erreur». Elle a envoyé un message désastreux aux investisseurs étrangers, et pas seulement dans le secteur des hydrocarbures.
Pour Benachenhou, l'ouverture aux compagnies étrangères d'un régime de la concession sur l'amont pétro-gazier algérien était une nécessité au début des années 2000, «car Sonatrach n'avait pas la possibilité de prospecter la totalité du domaine minier». Il a attribué le revirement de Bouteflika (qu'il ne cite pas) à l'influence du président Chavez et de certains caciques de l'appareil qui n'ont vu seulement que la tendance ascendante des cours du brut et pas l'histoire à long terme de l'industrie pétro-gazière. Ce plaidoyer pour la loi Khelil est d'autant plus surprenant qu'il ne lui est pas connu un équivalent dans les prises de paroles antérieures du professeur Benachenhou. Le contexte a changé. Il autorise des audaces tardives. Le retour de la protection présidentielle au ministre fugitif à nouveau en Algérie depuis une année, le départ du général Toufik, reconfigure la lecture de l'histoire des politiques économiques récentes.
La défense de Khelil par Benachenhou ne s'est pas arrêtée là. Elle s'est, les méandres du débat aidant, étendue à ce qui était avéré, mais qui est peut- être devenue une «histoire» : la dérive sur-productive à Hassi R'mel durant les années Khelil. Elle a eu comme instrument le non-respect des phases de réinjection de gaz (cyclage) et comme conséquence une montée précoce des eaux dans un des secteurs du gisement, faisant décliner brutalement sa production au tournant de 2010. Pour le professeur, «on en sait rien» et de toute façon, les enjeux sont ailleurs. Où cela ? Dans la restauration de l'attractivité perdue de l'amont pétrolier algérien. Comprendre, par là le retour à la loi Khelil et le système des concessions qui en faisait l'ossature.
L'entreprise subliminale pour rendre l'héritage politique de Chakib Khelil acceptable bute contre des écueils nombreux. D'abord on ne sait pas encore vraiment si Ould Kaddour était un manager à succès ou s'il tenait la cash machine d'un réseau d'intérêt dirigé par Chakib Khelil. On ne peut que souhaiter pour Sonatrach qu'il était le premier et pas le second.
Mais le simple doute à ce sujet rend sa mission désespérée d'entrée. Par contre, on sait que les choix de politique énergétique de Chakib Khelil ont été des erreurs, contrairement à ce que peut en penser le professeur Benachenhou. Lorsque Khelil a entrepris en 2001 de réformer la loi 1986-1991 dite de partage de production, elle alignait des records de contrats avec les partenaires étrangers année après année sur la lancée des découvertes historiques de 1996-1998, notamment dans le bassin de Hassi Berkine.
23 contrats signés entre 2000 et 2003. L'attractivité était bien là et la mission de prospecter l'immense domaine minier algérien n'était pas «plafonnée» par les moyens de Sonatrach.
C'est la tentative de passage en force de Chakib Khelil qui a entraîné l'entropie de la deuxième moitié des années 2000, suppression du régime des concessions et instauration de la taxe sur les superprofits. Pourquoi le ministre de l'Energie a-t-il voulu offrir aux compagnies étrangères plus (la concession) alors qu'elles se tenaient déjà en procession pour signer avec Sonatrach sous la loi de partage de production ?
C'est sans doute la suite de la carrière délinquante du ministre qui permet à rebours de mieux le comprendre. La réponse à la question qui ouvre cette chronique est donc là : le niveau, sans précédent depuis l'indépendance, des flux financiers détournés à son profit par Chakib Khelil, ne peut pas avoir aucun lien avec ses choix de politique énergétique. Elle était sous influence d'un critère constant dans son action, l'enrichissement personnel. Son héritage managérial est radioactif. Tenté d'en sauver quelque chose, expose aux radiations.
Le retour à l'attractivité de l'amont pétro-gazier algérien passe peut-être plus par la restauration de la loi sur le partage de production dans sa simplicité que par l'instauration avortée du régime des concessions. Et Chakib Khelil ? Il finira bien par devoir s'expliquer devant un juge italien ou ailleurs.
Le PDG du groupe pétrolier italien ENI, Claudio Descalzi, a parlé, le 3 avril, au juge qui traite des pots-de-vin Saipem, de Farid Bedjaoui, l'homme qui a reçu les virements pour les marchés signés en Algérie. Pour lui, Farid Bedjaoui était le «messager» et «informateur» de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Les 297 millions de dollars de pots-de-vin versés par Saipem pour remporter des marchés en Algérie aurait dû bénéficier à Sonatrach. Un héritage managérial à défendre chez Chakib Khelil ?


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