Le Secrétaire Général de la wilaya présent lors de la cérémonie d'ouverture des travaux avouait qu'il venait de découvrir cet établissement de formation qui relève du département ministériel de Chelghoum Abdesslam. Le repos biologique continue à susciter des débats passionnants depuis des années, en raison de l'incohérence des pouvoirs et l'incivilité d'une écrasante majorité des professionnels de la pêche. Le Secrétaire Général de la wilaya avait mis l'accent sur la sécurité alimentaire, sur la libération des bonnes initiatives dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture et enfin l'intersectorialité pour respecter les lois, pour protéger l'environnement marin au pluriel, en mettant en garde les marins pêcheurs sur les menaces qui planent sur ce secteur économique stratégique qui produit les richesses et crée les emplois. Quant au directeur de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya de Tipasa, il avait rappelé l'impact du repos biologique qui demeure incontournable pour la préservation des richesses marines. La mer devra bénéficier de la culture environnementale par les investisseurs du secteur de la pêche et les marins qui sont en contact permanent avec le milieu marin. La gestion saine des activités de la pêche, l'amélioration dans la formation des pêcheurs, le respect des textes de loi, notamment la taille des espèces de poisson, autant de facteurs qui permettent le renouvellement du stock de poisson en mer. Le représentant du CNRDPA (centre national de recherches, du développement de la pêche et de l'aquaculture) de Bou-Ismail avait rappelé à l'assistance sur la surexploitation des ressources côtières qui entraine la raréfaction de la ressource marine avant de conclure sur la baisse des rendements dans la production. Le respect du repos biologique est l'unique solution pertinente d'abord et ensuite l'un des outils qui favorise l'exploitation durable des ressources marines. La régulation de l'effort de pêche incitera à la réduction de la pression de pêche. Le repos biologique est synonyme de repos de l'écosystème. Selon un patron pêcheur qui vit des produits de la mer depuis son très jeune âge, « depuis 2004, les hautes autorités du pays avaient conçu une période du repos biologique allant du 01 mai au 31 août sur un territoire au-delà de 3 miles marins nous dit-il, mais ce que nos décideurs ignorent, c'est que la période du repos biologique diffère d'une espèce de poisson à une autre, mais je reviens surtout sur le problème des profondeurs, car les navires de pêche des autres ports viennent chez nous pour pêcher alors que leurs zones de pêche sont mises au repos, naturellement dans notre zone c'est de la surexploitation, c'est de l'acharnement et nous n'arrivons plus à pêcher, par exemple la crevette », ajoute-t-il. La sardine, le merlan, le mérou, l'espadon font partie des 11 espèces en voie d'extinction. Les professionnels de la pêche et les marins pêcheurs présents lors de cette journée avaient évité d'évoquer la pêche à la dynamite. Le sujet avait été évoqué « en off ». Le gain facile dans l'immédiat en se fichant de l'avenir de la faune et la flore marine ne font pas partie des préoccupations des nombreux patrons pêcheurs et des marins pêcheurs. « Il y a de nombreux navires qui ne respectent pas la mer nous avoue un patron pêcheur, nous les voyons certes, mais je ne suis pas fou pour les dénoncer, car il y les fonctionnaires qui sont chargés et payés par l'Etat pour sévir punir ces gens là qui se permettent tout au large, je ne vais pas intervenir à la place de ces fonctionnaires, dans cette situation je ne regarde que mon intérêt, alors je met le cap directement vers la zone de pêche qui est interdite à la pêche pour pêcher le maximum de poissons enchaine-t-il, vous devez savoir que je dois honorer mes engagements, j'ai des charges à payer et des marins qui doivent vivre de la pêche », nous indique-t-il. L'Etat est impuissant face à la catastrophe écologique, mais aussi complice à la fois. Une seule sardine pond entre 5000 (cinq milles) à 8000 (huit milles) œufs. La pêche en Algérie n'est plus intelligente. Dans les étals des marchés, la sardine en forme de « vermicelle « se vend dans l'impunité totale. Les casiers avaient pourtant transité par les ports de pêche. Un expert est intervenu pour dénoncer le massacre de poissons à l'aide des filets aux mailles 8×2 ; l'utilisation des filets dérivants d'une longueur de 03 à 7 kms ; le chalutage fond qui détruit les fonds marins ; l'utilisation des trains de pêche depuis les panneaux jusqu'au filets qui sont contraires à la règlementation ; l'utilisation des techniques de la pêche aux dormants et de la pêche aux trainants ; le palangre ; les filets perdus appelés fantômes ; « en plus des poissons et des mammifères marins capturés lors de la pêche irrégulière et anarchique explique l'intervenant, même les mouettes n' avaient pas échappé au massacre, alors le cumul de toutes ces pertes de poissons et la dégradation des fonds marins nous amèneront inéluctablement vers la disparition de cette richesse que nous procure la mer », conclut-il. Les langues se délient lors des débats. Le respect du repos biologique, thème de la rencontre avait en fin de compte débordé sur d'autres problèmes. Il n'en demeure pas moins que les patrons pêcheurs s'approvisionnent en matériels « de guerre » contre la mer pour s'enrichir en un laps de temps très court, notamment les filets et autres équipements. Tout ce matériel de pêche est importé. Mais qui a autorisé l'accès dans nos ports de ces équipements qui massacrent nos ressources halieutiques et détruisent l'environnement marin ? Comment ces kilogrammes de dynamite arrivent « à s'embarquer » dans les embarcations ? La problématique de la pollution marine à travers les rejets des déchets, des eaux usées et des eaux chimiques vers la mer ; le déversement de tous les types d'emballages et les vidanges des navires en mer, sont autant de points sombres qui s'ajoutent au non respect du repos biologique, qui mettent en péril l'avenir de la mer pour notre pays. Les discours officiels continuent à mettre l'accent sur les perspectives du secteur de la pêche sans avoir pris la précaution de le diagnostiquer et appliquer rigoureusement les lois pour protéger ce qui reste de ce monde marin qui agonise à présent. Quant à la pêche à la dynamite ; une pratique maffieuse qui bénéficie hélas des complicités et de l'impuissance étrange des représentants de l'Etat, qui lui assurent un bel avenir. A l'instar des autres secteurs, le pouvoir de l'argent dans le secteur de la pêche contourne les « difficultés ».