Comment contrecarrer l'offensive médiatique occidentale ? La question est redoutable pour le monde arabe où on ne parle pas encore de guerre mais où on sent qu'il y a bel et bien un « enjeu ». La « paix » a d'ailleurs été choisie comme le signe qui a imprégné un séminaire traitant de la problématique des médias dans le monde arabe. Une rencontre durant laquelle une expression est lâchée, au terme de deux jours, par les experts venus de Tunisie et des Emirats arabes : « La pression des médias occidentaux ne faiblit pas. » Organisé par le département des sciences de la communication de l'université d'Oran, ce séminaire, premier du genre, se veut être une plate-forme de réflexion pour une prise de conscience en vue d'une meilleure riposte à l'hégémonie médiatique de l'Occident. M. Izli a mis en exergue le succès de la chaîne Al Djazira qu'il cite comme « le bon exemple à suivre. » Porte-drapeau des médias dans le monde arabe, symbole de la réussite, El Djazira doit servir d'école ; de professionnalisme d'abord qui a tant suscité la « jalousie » des concurrents occidentaux dans cette « croisade médiatique » qui ne dit pas son nom. L'invasion cathodique M. Berkane, président de ce séminaire, lui succède à la tribune pour étaler quelques-unes des motivations qui furent à l'origine de l'organisation de cette rencontre. « La rencontre coïncide avec la tenue du Sommet arabe qui se tiendra à Alger dans les tout prochains jours. » Les médias occidentaux sont contagieux. Le monde arabe est pris d'une frénésie de l'ouverture via le tube cathodique. Une multitude de chaînes câblées, satellitaires et, demain, la TNT... Nous ne sommes guère à l'abri de l'influence... de la désinformation. De part et d'autre, en pleine métamorphose, le monde arabe doit s'armer pour mieux se défendre, se mettre au diapason de la mondialisation. Le plus spectaculaire chantier est sans doute là : « S'adapter à l'explosion du monde audiovisuel et de l'Internet. » Aussi, est-il clairement souligné que « l'Islam est victime de l'amalgame sciemment entretenu à des fins d'intérêts économiques de lobbies qui détiennent une grande influence sur le paysage médiatique occidental. La preuve est cette gestion médiatique à reculons dans la crise irakienne et celle du Proche-Orient. » Une vingtaine d'exposés flash traitent de « la meilleure manière de voir et de procéder adroitement pour gérer ce paysage médiatique mondial qui révèle à quel point une certaine vision bi-polaire de l'histoire a obscurci les regards de la planète. » A travers les communications, on sent bien que quelque chose de fondamental est en train de se faire. L'ensemble des intervenants craquent pour dire « qu'ils sont persuadés que la machine à asseoir la dominance du monde occidental s'est remise en marche alors que les pays arabes sont fracturés. » Des craintes collectives des sociétés arabes s'expriment sous forme d'angoissantes interrogations : « Pourquoi, par exemple, cette guerre contre l'Irak ? Pourquoi maintenant ? Quels véritables desseins poursuivent les Etats-Unis ? Et surtout, à qui le tour ? » En pleine redéfinition de l'ordre mondial, l'hégémonie des médias occidentaux semble avoir fait long feu.
