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La légende inoxydable de la diplomatie algérienne
Publié dans El Watan le 23 - 05 - 2017

35 ans après, des voiles de mystère, de non-dits enveloppent encore la mort tragique du flamboyant ministre algérien des affaires étrangères. Malgré le silence et amnésie officiels, les hommages à minima, la légende se maintient. Inoxydable. Spécimen du militant racé, du patriote non grisé par le pouvoir, les honneurs et la gloire, Benyahia est de ces héros intemporel de la diplomatie algérienne dont il est un des pères fondateurs et animateurs les plus doués.

Ministre des affaires étrangères de 1979-1982, dans la modestie qu'imposent les grands triomphes, Benyahia, ferra accéder la médiation algérienne au rang des prestigieuses diplomaties oeuvrant pour la paix dans le monde.

Spécimen du militant racé, du patriote non grisé par le pouvoir, les honneurs et la gloire, Benyahia est de ces héros intemporels de la diplomatie algérienne dont il est l'un des pères fondateurs et animateurs les plus doués. Ministre des Affaires étrangères de 1979 à 1982, dans la modestie qu'imposent les grands triomphes, Benyahia fera accéder la médiation algérienne au rang des prestigieuses diplomaties œuvrant pour la paix dans le monde.

Benyahia avait un pressentiment. Comme s'il savait que ce voyage en Iran allait être son ultime mission». La voix du vieux briscard de la diplomatie algérienne, endurci pourtant par tant d'années passées dans des capitales chaudes du globe, s'enraye, s'étrangle presque. Ses mots fusent, hachés par le souvenir de l'incommensurable perte.
Abdelkrim Ghrieb était ambassadeur en Iran (1979-1982), auprès de Khomeini, son «ami» depuis l'Amicale des Algériens en Europe, pays où était exilé le leader de la Révolution iranienne.. Ce lundi 3 mai 1982, à l'aéroport international de Téhéran, Ghrieb attendit, longtemps, en vain, l'arrivée du Grumman 2 présidentiel transportant Benyahia et sa forte délégation comportant le Top 10, la fine fleur des départements des Affaires étrangères, — parmi les directeurs de ses prestigieuses directions —, de hauts cadres des secteurs des banque, commerce, transport, énergie.
Il est 18 heures passées, l'appareil présidentiel n'est toujours pas arrivé. «J'appelle, je me démène à droite à gauche pour avoir de l'info, puis, tard dans la nuit, j'arrive à avoir la Centrale (MAE). Au téléphone, la permanence : Mostafa Bouakaz», (ambassadeur, conseiller diplomatique)». Rires nerveux. «Bouakaz ?
Pourquoi, t'es pas dans l'avion ? J'ai vu ton nom dans la liste des membres de la délégation», lui lance, désappointé, Ghrieb. Bouakaz était monté à bord du jet présidentiel avant de redescendre in extremis rappelé par une «urgence familiale» qui lui sauvera finalement la vie. Abdelkrim Ghrieb suspend, net, le récit des événements dramatiques qui s'enchaînèrent ce jour-là. La nuit longue du lundi au mardi 4 mai a labouré, profond, la carapace du diplomate chevronné. Le lendemain matin, il est le premier Algérien à être sur les lieux du crash localisé par les autorités turques, à Mont Ferdoud, en terre iranienne, à 3 kilomètres de la frontière turque.
L'épave avait été retrouvée par des villageois. Elle renfermait, d'après des rapports iraniens, les dépouilles de quatre membres de la délégation, des documents. Benyahia, se souvient Ghrieb, devait rejoindre Téhéran par les Emirats, dernière escale de la tournée de Chadli en Asie du Sud-Est, région que connaît bien le négociateur algérien depuis Bandung. «Mais il a changé d'avis au dernier moment», ajoute-t-il. Long silence. «Je me souviens qu'il avait repris le travail sur des béquilles quelques mois seulement après le crash de son avion à Bamako (21 mai 1980).
Benyahia était touché par les rumeurs, manœuvres et convoitises pullulant dans le sérail. On disait que son avion était piégé (…) que les Affaires étrangères devraient vite retrouver un titulaire.» Ghrieb perdit un professeur en diplomatie auprès duquel il dit avoir ‘‘beaucoup appris'', notamment au cours de la médiation algérienne lors de la ‘‘crise des otages'', feuilleton de 444 jours qui a bouleversé l'Amérique et hâté la chute de Jimmy Carter.
Le 4 novembre 1979, 52 Américains parmi le personnel de l'ambassade américaine à Téhéran avaient été pris en otage par le régime des Ayatollah. (…) «Homme sage, Benyahia est d'abord quelqu'un de très soucieux de l'intérêt de l'Algérie, observe Ghrieb Il n'est pas un m'as-tu vu, un entiché la diplomatie spectacle. C'est un homme sérieux. Voilà, Benyahia était un homme sérieux.»
Warren Christopher : «Un exemple singulier de l'art de la diplomatie»
Villa Montfeld, 19 janvier 2017. Cérémonie en l'honneur des diplomates algériens. 36e anniversaire des Accords d'Alger dénouant la crise des otages. La somptueuse résidence des ambassadeurs américains (depuis 1947), sise au Beaurepaire d'El Biar, rue Bachir El Ibrahimi, n'est pas qu'une œuvre d'architecture turco-mauresque.
En 2016, John Kerry, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, versera ce bien au registre des biens culturels importants du Secrétaire d'Etat. C'est en son sein qu'ont été signés les Accords d'Alger, le 19 janvier 1981, par Seddik Benyahia et Warren Christopher, alors secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires étrangères du président Carter.
En hommage, l'ambassadrice américaine, Mme Joan Polaschik, puise ses mots dans la note gratifiante de Warren Christopher remerciant ce jour-là les médiateurs algériens pour «ce moment de grand soulagement (…) après que ces cinquante-deux hommes et femmes ainsi que leurs familles sont sortis de l'abîme de la peur». «Vous et votre gouvernement, disait Warren Christopher à Benyahia, avez fait preuve d'un engagement inspirant envers les valeurs humaines et avez fourni au monde un exemple singulier de l'art de la diplomatie.»
«Personne, ajoutait-il, n'a accompli avec plus d'énergie, de compétence, d'engagement ou d'honneur ce que les membres de l'équipe algérienne ont accompli. En fait, le règlement n'aurait pu être réalisé sans eux.» Avec Rédha Malek, ambassadeur à Washington, Seghir Mostefaï, Gouverneur (et fondateur) de la Banque d'Algérie, Benyahia et Ghrieb formaient le carré d'as de la médiation algérienne.
Ce même quarteron de diplomates proposé par l'Administration américaine au Nobel de la Paix. Abdelkrim Ghrieb évoque cette épopée avec passion, mêlée de fierté. «Warren Christopher avait ses quartiers à la villa Montfeld. Mais c'est aux Affaires étrangères, chez Benyahia, qu'il faisait ses veillées d'armes.» «Combien de fois Benyahia m'a appelé à Téhéran pour me dire qu'il est avec Warren Christopher qui squattait avec lui le cagibi télex du ministère. (…) Ce qu'il faut dire, c'est que Benyahia n'avait pas mis, pas une seule fois, les pieds aux USA, et ce, tout au long de la médiation sollicitée aussi bien par les Iraniens que par les Américains.»
Le rapport de la Commission Affaires étrangères et défense de la Chambre des représentants US de mars 1981 relatif à la «crise des otages» évoque dans le détail les minutes de la médiation algérienne, souligne l'intensité des activités diplomatiques déployées à Téhéran, Washington et Alger par les diplomates algériens. A la villa Montfeld et au siège du ministère des Affaires étrangères, c'est la valse ininterrompue de délégations diplomatiques.
Warren Christopher, seul ou flanqué de Robert Carswel (secrétaire adjoint du Trésor), de Harold Saunders (secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires du Moyen-Orient)…, négociaient secrètement les termes des Accords d'Alger avec les négociateurs iraniens coiffés par Behzad Nabavi, le ministre d'Etat aux Affaires exécutifs iranien. Entre les deux délégations, pas de contact physique ou de négociation directe. Tout passait par les bons offices de Benyahia, Ghireb et Rédha Malek.
19 janvier 1981. Le dénouement. Après des mois d'âpres négociations, les conditions posées par l'Iran pour la libération des otages sont satisfaites ou presque. Les Iraniens exigeaient (au départ, l'extradition du Shah exilé aux USA), la non-ingérence dans leurs affaires internes, la levée des sanctions et la restitution des fonds iraniens déposés dans les banques et la Réserve fédérale américaines.
Alors que les Américains estimaient la valeur des fonds (en dollars et or) à plus de 8 milliards de dollars, les Iraniens avaient exigé 24 milliards de dollars. Suivant l'accord conclu, la Banque centrale d'Algérie a vu ainsi transiter par ses comptes les fonds gelés par le président Carter au lendemain de la Révolution iranienne en contrepartie de la libération des otages.
20 janvier 1981. Jour d'investiture du président Ronald Reagan. Libérés, les 52 otages américains atterrissent à bord d'avions algériens à Alger. Le salon d'honneur de l'aéroport, raconte Salah Goudjil, ministre des Transports à l'époque, ne pouvait contenir le monde fou venu fêter la performance de la diplomatie algérienne.
Il se souvient des «discours mémorables» de Benyahia et de Warren Christopher, (prie Dieu que la Télévision ait gardé au moins les archives). Par un de ces hasards à l'ingineering impénétrable, Goudjil, en moins d'un an, était amené à se retrouver deux fois sur les lieux du crash d'un appareil transportant le même Benyahia (et ses délégations).
A
Bamako, une première fois, le 30 mai 1981, lors du crash du Mister présidentiel, puis ce mercredi 5 mai 1982, à la frontière irano-turque, au chevet d'un Benyahia passé de miracle et gisant dans l'épave déchiquetée du Grumman. Le récit que donne Salah Goudjil, envoyé ce jour-là à la tête d'une forte délégation d'enquêteurs algériens, est empreint d'émotion : «Benyahia, nous l'avons identifié grâce à sa touffe de cheveux teinte au henné, au-dessus du lobe de l'oreille», dit-il sur un ton attendri (lire entretien dans l'édition de demain).


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