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Gauche et alternatives de gauche : la chute, le Mur et au-delà (1re partie)
Publié dans El Watan le 04 - 09 - 2017

«Si l'on ne peut informer l'avenir à l'aide d'une grande bataille, il faut laisser des traces de combat. Les vraies victoires ne se remportent qu'à long terme.» René Char

Au début de l'été 1989 paraît un article de Francis Fukuyama, dans la revue The International Interest, intitulé «La fin de l'Histoire ?», article, par la suite, sorti en 1992, sous forme de livre (en supprimant le point d'interrogation) annonçant la fin de l'idéologie et le triomphe du capitalisme et de la démocratie libérale, intronisés comme ordre nouveau unipolaire et système irréversible et indépassable, preuve que l'Histoire, soutient l'auteur, a un sens et une fin.
Deux ans après la sortie du livre de Fukuyama, Anthony Giddens, sociologue britannique, publie — avec Tony Blair — La troisième voie où il soutient que le modèle politique structuré autour du clivage et des identités collectives Gauche/Droite est complètement obsolète et dépassé. Les sociétés entrent dans une phase appelée par Giddens «modernité réflexive» où l'individualisme et les implications de la mondialisation rendent inopérant le keynésianisme, modèle de gestion économique de la social-démocratie.
Ces idées ont déterminé l'évolution d'un grand nombre de partis sociaux-démocrates et de gauche qui doivent, désormais, prendre acte de la fin d'un monde bipolaire, de l'échec des partis communistes et de l'absence d'une alternative au libéralisme (There is no alternative – TINA – cher à Thatcher) d'où leur (les partis) «adaptation» au néolibéralisme et nécessaire déplacement vers le centre selon Giddens. En revanche, il y a eu la chute du Mur de Berlin et la dislocation de l'URSS, événements qui marquent l'avènement d'un monde unipolaire mené par la puissance américaine et l'hégémonie néolibérale et qui imposent, en même temps, des reconfigurations à gauche et des recompositions des gauches.
Après les Trente Glorieuses, l'offensive néolibérale et la fin des soleils levants
A la fin de la deuxième guerre mondiale, les politiques keynésiennes étaient presque universellement appliquées. La croissance, le plein emploi, le développement des services publics et la mise en place de filets de sécurité étaient les objectifs consensuels en Amérique du nord et en Europe. A cet effet, les revenus élevés et les riches ont été lourdement imposés. Le taux de la dernière tranche d'imposition a été entre 80% et 90% de 1930 à 1980 aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, alors qu'il ne se situe qu'entre 30% et 40% pour la période allant de 1980 à 2010.
La croissance était en moyenne de 3,8% (1950-1970), quant au chômage, il tombe jusqu'à 3% et moins en Europe. Friedrich Hayek et Milton Friedman, deux économistes influents, tous deux récipiendaires du prix Nobel d'économie, l'un en 1974 et l'autre en 1976, préparaient l'offensive ultralibéraliste en commençant par fonder dès 1947 la Société du Mont-Pèlerin. Forts de l'apport de ces théoriciens, les Chicago Boys, disciples de Friedman, ont trouvé un terrain propice et un complice bienveillant, le putschiste Pinochet, pour déployer tout leur génie en terre chilienne, en mettant à la disposition du dictateur, en 1973, un programme économique bien ficelé, nommé la Brique où tout le mantra de l'ultralibéralisme est couché.
Quant à Hayek, l'hommage lui a été rendu par une dame… de fer ! Après avoir lu la route de la servitude de Friedrich Hayek, et à son arrivée au pouvoir en 1979, Thatcher applique méthodiquement la leçon apprise. Ronald Reagan ne tarde pas à lui emboiter le pas à son arrivée au début de 1981. Dans les deux cas, les mêmes mesures ont rapidement été appliquées : réductions massives d'impôt pour les riches, écrasement des syndicats, déréglementations, privatisations, concurrence et réduction de l'Etat à sa plus simple expression en le délestant de toute intervention autre que dans ses fonctions régaliennes (police, justice et armée). En somme des politiques favorables aux fortunés selon la funeste théorie de ruissellement, arguant que l'argent accumulé par les riches est réinjecté dans l'économie et profiterait aux couches les moins nanties. La suite a bien démontré le contraire. Les inégalités de revenus n'ont pas cessé d'augmenter. Selon l'ONG Oxfam, les revenus des 1% les plus riches de la planète ont augmenté de 186 fois que les revenus des 10% les plus pauvres.
«Seuls huit hommes détiennent autant de richesses que les 3,6 milliards de personnes qui représentent la moitié la plus pauvre de l'humanité». Le FMI et la Banque mondiale sont les chantres de ce genre de politiques et se font un devoir de les faire appliquer dans le monde en les imposant à tout pays qui se mettrait l'idée de les approcher pour un quelconque prêt ou restructuration de dettes. Selon Joseph Stiglitz (ex-économiste en chef de la Banque mondiale et prix Nobel d'économie 2008), le FMI a ruiné le Mexique, saccagé l'Argentine et la Russie et semé le désastre dans les pays du sud-est asiatique (La grande désillusion).
Rappelons que l'Algérie a eu droit aux mêmes recettes préconisées par le FMI dans les années 1990. Privatisations tous azimuts, bradage des entreprises publiques, licenciements massifs, pour les mêmes résultats : paupérisation des pans entiers de la population, déchéance des couches moyennes et chômage massif.
Centre-gauche et social-démocratie : de l'accompagnement à l'abdication
A la fin des années 1980, la riposte au triomphalisme du conservatisme reaganien est portée par un courant appelé Nouveaux Démocrates sous la houlette de Clinton qui clamait la fin de l'Etat-providence. Ce courant s'est rallié à l'idée que l'Etat n'est pas en mesure d'assurer les protections sociales des couches défavorisées et des plus démunis. L'effort de l'Etat est désormais voué à la promotion des entreprises à coups de subventions et de crédits d'impôt. Par conséquent, l'Etat social et toutes les réformes qui lui sont apportées sont caduques. L'Etat néolibéral qui transforme le monde en un gigantesque marché n'est pas non plus possible. Entre ces deux options, il y a une voie. C'est la Troisième voie théorisée par Anthony Giddens et appliquée par les sociaux-démocrates Tony Blair en Grande-Bretagne et Gerhard Schroeder en Allemagne.
Ces idées qui ont traversé l'Atlantique n'ont pas manqué de produire des blairistes partout sur le vieux continent. Les partis sociaux-démocrates s'y sont résignés et n'ont pas cessé de se déplacer vers la droite jusqu'à s'affubler de l'étiquette de centre-gauche. En effet, après ce tournant des politiques économiques néolibérales initié aux Etats-Unis (R. Reagan) et au Royaume-Uni (M. Thatcher), les sociaux-démocrates et les partis du centre-gauche ont été amenés à des compromis dans des conditions de plus en plus difficiles de dérégulation et de la libre circulation des marchandises et des capitaux. Les programmes gouvernementaux des partis de centre-gauche (PS français, PSOE espagnol, du Parti démocrate italien, PASOK grec, SPD allemand et de l'ensemble de leurs homologues de l'Internationale socialiste), au nom des impératifs de la compétition internationale, affichent des priorités communes avec la droite, comme la réduction des déficits budgétaires, de l'endettement et des dépenses publiques, des politiques fiscales favorables aux hauts revenus et aux grandes entreprises et relèguent au second plan l'emploi, la croissance et la réduction des inégalités.
Dans le Parlement européen, les partis du centre-droit et du centre-gauche — et dans certains pays gouvernent ensemble — votent des politiques d'austérité et l'imposent à tous les pays membres ; ils ont érigé en règles constitutionnelles les seuils à ne pas franchir, de l'endettement public (60% du PIB) et du déficit public (3% du PIB), règles constitutionnalisées dans le Traité de Lisbonne et qui sont entrées en vigueur à partir de 2009. En effet, en Allemagne le SPD (social-démocrate) a refusé tout rapprochement avec Die Link (parti de gauche) ; il a renoncé par deux fois à former des gouvernements appuyés par une majorité parlementaire de gauche, préférant gouverner avec la CDU, le parti de droite de la chancelière Merkel. En Grèce, c'est le président du PASOK (parti de centre-gauche), président également de l'Internationale socialiste, qui a appliqué l'une des politiques d'austérité les plus brutales et les plus dévastatrices qu'a connue la Grèce.
En revanche, résultat de la course, le PASOK a été laminé dans les élections de janvier 2015 avec 4% des suffrages et c'est la gauche radicale — Syrisa, une coalition de petits partis de gauche, communistes, écologistes et anti-capitalistes — qui remporte une victoire historique avec 36%, mettant ainsi fin à une bipolarisation (Nouvelle démocratie-Pasok) de plusieurs décennies. Le scénario grec ne risque-t-il pas de se reproduire dans d'autres pays de l'Union européenne, notamment avec Podemos en Espagne, Sinn Féin en Irlande, le Parti national écossais, la France insoumise, etc. et où centre-gauche et sociaux-démocrates pourraient être évincés par une Gauche combative, anti-capitaliste et de transformation sociale ?
Un socialiste au pays des Clinton
Clamer être socialiste en présentant sa candidature aux présidentielles dans des pays aux traditions de conquêtes sociales et de luttes des mouvements ouvriéristes et syndicales cela passe… Mais aux Etats-Unis d'Amérique, temple du capitalisme, du laisser-faire, de la dérégulation, de la main invisible, c'est presque hérésie politique, car l'existence de personnalités politiques ancrées à gauche est une anomalie en Amérique du Nord. En déclarant son hostilité à Wall-Street, aux banques et aux multinationales, Bernie Sanders s'est aliéné des donateurs importants et des financiers des campagnes électorales.
Il s'est adressé à un autre type d'électorat : des chômeurs, des jeunes, des étudiants, des travailleurs, des gens de petites paies où le don moyen pour le financement des campagnes électorales est d'une trentaine de dollars. L'establishment du parti démocrate et médiatique a eu recours à la tricherie et au truquage pour l'évincer de la course à la Maison-Blanche. Toutefois, il a eu le mérite d'instiller dans le débat public les thèmes des inégalités, du salaire minimum, de la gratuité des études, en somme des idées de gauche et de l'enthousiasme pour la générosité, la solidarité et la justice sociale. Après les mouvements sociaux d'Occupy Wall-street, la candidature de Sanders a été une occasion pour les millions de pauvres et de sans-voix d'exiger autre chose que les politiques favorables aux fortunés et aux intérêts du capital au détriment du travail.
Désormais, instaurer un rapport de force avec les puissances de l'argent, même aux Etats-Unis d'Amérique, est possible, où maintenant plus personne n'effarouche le mot «socialiste». Signe qu'après le surgissement de mouvements sociaux suite à la crise financière de 2008, la gauche américaine pourrait renaître de ses cendres.
La ligne infaillible de Corbyn
Jeremy Corbyn, député depuis plus de trente ans d'un quartier pauvre du nord de Londres, membre de l'aile gauche du Parti travailliste présente sa candidature à la chefferie du Labour face à trois concurrents dont les programmes sont interchangeables puisque puisant dans le même registre blairiste.
En Grande-Bretagne, les petits partis n'ont aucune chance de franchir le seuil du Parlement en raison du mode électoral — uninominal à un tour — ; la seule opposition aux politiques d'austérité se fait à l'intérieur du Labour. La seule dissonance dans le Parti travailliste est celle de sa frêle aile gauche, marginalisée et inaudible. Renationaliser le rail et les compagnies énergétiques, des investissements publics pour relancer l'activité économique sont les mesures-phares que Jeremy Corbyn a défendues sans louvoyer durant sa campagne.
Il a fait de l'accessibilité aux soins, à l'éducation et aux transports en commun ses priorités. Bref, un projet s'adressant aux travailleurs et aux familles à revenus modestes et dont la finalité est d'atténuer les inégalités sociales. Fin 2015, avec 59,5% des suffrages, ridiculisant son principal rival (19%) et la plus blairiste des candidats (4,5%), le candidat le plus à gauche pour le leadership travailliste est sorti largement vainqueur dès le premier tour du scrutin. Après le référendum pour le Brexit en juin 2016, l'establishment du Labour lance une campagne contre Corbyn lui contestant son leadership et l'accusant de mener une campagne timorée contre le Brexit. Une autre élection est organisée. Corbyn sort vainqueur avec 61,8%, gagnant 2 points sur son score précédent. Six cent mille nouveaux adhérents ont rejoint le Parti travailliste britannique depuis l'arrivée de Jeremy Corbyn aux commandes de cette organisation ; cela sonne comme un réveil de la gauche britannique qui a longtemps signé à la marge du Labour.
En juin 2017 et au terme d'une campagne pour des élections législatives anticipées menée résolument à gauche, Corbyn remportet une trentaine de nouveaux sièges, faisant ainsi taire ses adversaires au sein de son propre parti.


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