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Homme de foi, homme de science, homme universel
Ahmed Aroua. Médecin, Moudjahid, poète et islamologue :
Publié dans El Watan le 18 - 03 - 2010

« L'homme ne peut comprendre le monde que par la science. Il ne peut le dominer que par la foi »
A. Aroua
Homme de foi, homme de science, homme à convictions. Tel était Ahmed Aroua, le poète, le penseur, le militant, le médecin, le compagnon des pauvres et l'ami intime du chahid Mohamed Belouizdad. Si Ahmed était aussi un humaniste dont le parcours impressionnant s'est construit sur un effort perpétuel de dépassement de soi et de perfectionnement, en exploitant de manière saine et novatrice les idées et les actions susceptibles de parfaire la condition humaine. N'est-ce pas lui qui a écrit dans son recueil de pensées : « Les plus heureux parmi les mortels sont ceux qui ont trouvé un sens à la vie et qui dans l'art, la science, la religion ou l'amour, vivent en conformité avec leurs idées. » Sa fille Hayet, médecin biologiste, le décrit comme un père attentionné, généreux, d'une grande bonté, tolérant : « On discutait de tous les sujets sans exclusive. Il insistait pour qu'on réfléchisse toujours en prenant en compte les données de la science. »
Sans doute Si Ahmed a-t-il su transmettre sans trop de bruit l'éducation qu'il a lui-même acquise auprès de son père, Mohamed Seddik, un imam érudit respecté et ayant une vaste culture, issu de la célèbre Zitouna de Tunis. Le Dr Ahmed Aroua est né le 11 mai 1926 à Mdoukal. Il a été initié très tôt à la langue arabe et à la religion musulmane grâce à son père qui comptait parmi les lettrés réformateurs du début du siècle dernier. Son père possédait les qualités morales et intellectuelles « comme la tolérance, la douceur, l'ouverture d'esprit et l'humanisme musulman dont son fils héritera largement », comme l'évoque avec admiration le professeur Messaoud Djennas, son ami de toujours, dans ses mémoires. C'est tout naturellement, note sa fille Hayet, que le Dr Aroua a dédicacé son premier ouvrage, L'Islam à la croisée des chemins, ainsi : « A la mémoire de mon père qui, par l'enseignement et par l'exemple m'a appris à connaître et à aimer l'Islam. »
Une solide formation
C'est dans la ville de Koléa où son père a été affecté en qualité d'enseignant, puis d'imam de la mosquée, qu'Ahmed entama ses études primaires avant de les poursuivre à Alger, et plus particulièrement à Belcourt, où sa famille s'installa définitivement en 1943. C'est là qu'il s'engagea dans le Comité de la jeunesse du ppa et dans les sma. c'est à Montpellier qu'il décrocha son baccalauréat et s'inscrivit à la faculté de médecine de cette ville. Il est médecin en 1955, après avoir soutenu sa thèse consacrée à l'ankylostomiase dans sa ville natale de Mdoukal, qui le lui rendra bien en organisant un vibrant hommage à sa mémoire et à son œuvre en 2006. Au cours de son séjour à Montpellier, Ahmed sera membre de l'Association des étudiants musulmans qu'il présidera en 1952-1953.
A son retour à Alger, en 1955, il s'engage dans la section civile du fln, et, du fait de ses activités militantes, il sera arrêté et emprisonné de 1957 à 1959 à Beni Messous, à Berrouaghia et à Douéra. A l'indépendance, le Dr Aroua exercera dans son cabinet privé dans son quartier de Belcourt, mais s'orientera vers le secteur public tout en poursuivant ses études médicales à Alger, où il obtiendra le grade d'enseignant de rang magistral en médecine sociale le 7 avril 1981. Membre de plusieurs associations sociales et culturelles, il sera nommé en 1989 recteur de l'université islamique Emir Abdelkader de Constantine, poste qu'il conservera jusqu'à son décès le 27 février 1992. Islamologue sans prosélytisme, ouvert sur la modernité, tolérant, démocrate, vivant sa foi tranquillement, comme en témoignent l'organisation de sa vie et l'éducation de ses enfants, Mahmoud et Hayet, médecins et Nadjet, architecte, qui résume la personnalité rayonnante de son père en évoquant « sa maîtrise de soi, sa générosité, sa sympathie, sa courtoisie, sa dignité, son humilité, sa sensibilité et son humour qui en faisaient un être d'exception », ou encore « un homme universel », comme aime à le répéter son épouse.
Son fils Mahmoud, médecin réanimateur qui a repris le cabinet situé à Belouizdad, ne tarit pas d'éloges sur les qualités de son père qui « n'élevait jamais le ton et savait trouver les mots qu'il fallait dans les situations les plus compliquées. C'était un exemple. Il rentrait souvent à la maison avec plein de livres sous les bras. Ça nous a donné le goût de la lecture. Je partais souvent avec lui aux congrès et aux séminaires de la pensée islamique. Indéniablement, la passion de la médecine, c'est lui qui nous l'a transmise. ce qui était bien chez lui, c'est qu'il ne nous forçait pas à faire telle ou telle chose. Il était très tolérant et sa conduite nous a beaucoup aidés à forger notre personnalité propre. » Ahmed Mahsas, le vieux militant de la cause nationale, a bien connu Aroua qu'il a aidé à intégrer la résistance.
« Vous savez, à l'époque, les étudiants algériens n'étaient pas légion, et les partis se les disputaient pour les avoir dans leur giron. Ahmed est parmi cette frange d'intellectuels qui ont donné une autre dimension à la lutte. Il m'avait frappé par son allure, ses apparences et sa modestie. Il avait autre chose d'autre que ce qu'il montrait. Avec Belouizdad, on le classait dans la liste des cadres dirigeants. C'était un grand militant qui a fait son chemin. Au-delà de son métier de médecin, il était écrivain, et ses réflexions sur la religion, sur la santé ou les choses existentielles étaient d'une grande portée. Les sujets qu'il traitait étaient d'une importance indéniable. Je suis de ceux qui ont toujours cru que le combat allait se gagner par la formation des hommes. C'est dans ce vivier qu'il fallait puiser aussi pour trouver la force nécessaire afin de recouvrer notre personnalité et arracher la victoire après les tentatives de déculturation menées depuis plus d'un siècle sous le joug du colonialisme. Les hommes de la trempe de Ahmed se conformaient aux critères qui, hélas, n'ont plus cours. Ce sont les critères contraires qui prévalent aujourd'hui, d'où l'incapacité à promouvoir l'évolution normale de la société. »
Ami intime de Mohamed Belouizdad
Son compagnon de lutte, Haddanou Ahmed, dit Ahmed el caba, l'a côtoyé dès les années quarante. « J'ai fait sa connaissance en 1944 à Belcourt. Je le voyais souvent en compagnie de Mohamed Belouizdad duquel il était très proche. Ahmed a été l'un des premiers militants du comité de la jeunesse de Belcourt. Il a de tout temps été près de la base. Nous avons été arrêtés ensemble lors des manifestations de Mai 1945. Nous avons passé quelques mois ensemble en prison. Il a été constant dans son militantisme au sein de l'organisation. Bien après notre libération, nous ne nous sommes pratiquement pas quittés.
Nos destins se sont de nouveau croisés au camp de Bossuet où nous étions internés en 1959. En tant que médecin, il n'hésitait pas un instant à se déplacer afin de soigner les blessés parmi nos combattants. Ahmed descend d'une grande famille nationaliste. Ses frères, Sid Ali et Mohamed, étaient au maquis. Mais l'image qui reste incrustée dans ma mémoire est celle de son père, Mohamed Seddik, qui arborait une tenue semblable à celle de l'Emir. C'était le seul à Belcourt qui la portait. Et lorsqu'il descendait majestueusement l'allée des Mûriers avec son burnous et ses atours, il semblait narguer tous les pieds-noirs. Ça titillait notre ego et enflammait notre orgueil. »
Le Dr Benadouda Amar, moudjahid qui a aussi étudié à Montpellier, avait son cabinet à un jet de pierre de celui d'Ahmed qu'il a connu. « En 1943, j'étais jeune. On habitait le même quartier à Belcourt. Il était mourchid des scouts à la section Emir Khaled. quand il est parti à Montpellier pour poursuivre ses études de médecine, c'est moi qui l'ai remplacé dans le mouvement scout. C'était notre aîné, au même titre que Aïssiou Akli, Djennas, Toumi Lazeregue, Laliam, de fortes personnalités qui inspiraient le respect. C'étaient des sommités qui nous servaient d'exemple dans la voie du savoir. » Ahmed, excellent bilingue, était aussi à l'aise en arabe qu'en français. Il a écrit des poèmes dont des chants patriotiques qui sont des morceaux d'anthologie. Le penseur qu'il était a livré bon nombre de réflexions qui constituent autant de références.
Un penseur accompli
La santé, telle qu'il la définit, « est non seulement dans l'intégrité et le bon fonctionnement de ses organes, mais aussi dans l'harmonie des rapports avec la nature et avec la société. Elle est dans la liberté, c'est-à-dire, la maîtrise des choses que l'homme a créées, non pas pour en être l'esclave, mais pour être grâce à elles, davantage libre et transcendant ». Quant à la dimension transcendante, il l'exprime ainsi : « L'idée de Dieu a toujours été une réalité profonde de la nature humaine. L'homme a cherché Dieu à la fois comme besoin, comme protection et comme logique existentielle.
Peu à peu par les chemins confluents de la raison et de la révélation prophétique, il s'est dégagé des phénomènes et des formes de l'univers physique pour donner à Dieu son caractère transcendant absolu, unitaire, universel, inaccessible, dans son essence à l'intelligence humaine mais qui manifeste sa présence dans toutes les choses créées. La foi en Dieu l'Absolu et l'Unique marque l'étape décisive dans l'accomplissement spirituel de l'homme. Elle laisse derrière elle l'homme animal, esclave de ses besoins et de ses fantasmes et en fait l'homme religieux, l'homme spirituel qui a reçu de Dieu cette charge écrasante et exaltante qui s'exprime dans la conscience, la raison, la liberté, la responsabilité, le pouvoir de dominer le monde et de le transformer. »
Ahmed a été de ceux qui ont vigoureusement combattu le charlatanisme en déplorant la paresse de l'esprit et l'aliénation à la bêtise dans ces propos : « Les ruines inhabitées sont envahies d'herbes sauvages et se peuplent de fantômes. La ruine de l'intelligence se laisse envahir par la magie et les superstitions. » Toute la vie du Dr Aroua a été un combat contre tous les extrémismes et pour l'émergence de la lumière, non pas celle qui éblouit, mais celle qui éclaire.
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Parcours :
Né le 11 mai 1926 à Mdoukal. Etudes à Alger et à Montpellier. Médecin en 1955. Rejoint le fln en 1955, arrêté en 1957, et détenu jusqu'en 1959. A l'indépendance, il ouvre un cabinet médical à Belcourt. En 1971, il intègre le secteur de la santé publique. Il a occupé de nombreux postes de responsabilité. En 1989, il est recteur de l'université des sciences islamiques de Constantine, fonction qu'il assure jusqu'au 27 février 1992, date de son décès. Membre fondateur de la Société algérienne d'histoire de la médecine en 1979 avec le professeur Saïd Chibane. Parmi ses ouvrages Hygiène et Prévention chez Ibn Sina, Santé et civilisation chez Ibn Khaldoun, La médecin islamique, vocation et perspectives, L'Islam à la croisée des chemins.


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