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Chérif Mammeri : L'homme des mots et des signes
Publié dans El Watan le 19 - 03 - 2010

Il fut le premier journaliste à présenter un JT en tamazight. Mais il parle aussi arabe, français et s'adresse même aux sourds-muets. Chérif Mammeri, 48 ans, vient de recevoir le prix spécial du jury Abdelhamid Benzine.
Avec nous, il parle en français. Puis bascule vers le tamazight quand il veut nous donner un proverbe. A son équipe, il s'adresse en derja. Pour Chérif Mammeri, 48 ans, les langues n'ont jamais été un problème. Ce matin, le rédacteur en chef de TV4, la chaîne de télévision tamazight qui a soufflé hier sa première bougie, aurait dû se trouver au Festival du film amazigh à Tizi Ouzou. Assis derrière son bureau, il se prête avec patience à notre jeu de questions-réponses, et signe quelques ordres de mission pour ses journalistes. Presque une star. Mais une star discrète. Le 6 mars, le prix spécial du jury Abdelhamid Benzine pour sa carrière. Et quelle carrière ! En mars 1991, il fut le premier présentateur du JT en tamazight à l'ENTV.
« Pour savoir nager, il faut plonger, c'est avec cette phrase que Mam et Aouadi, respectivement rédacteur en chef et directeur de l'information à la télévision, m'ont convaincu la veille de présenter le journal de 13 heures en tamazight !, se souvient-il. J'ai dû passer une nuit blanche pour me préparer ! C'est une expérience que je n'oublierai jamais ! » En réalité, il avoue avoir été content de prononcer sa langue maternelle pour la première fois de l'histoire de l'Algérie à l'écran. « J'ai tout de suite pensé à tous les militants de la langue. C'est une reconnaissance à notre langue et je devais être à la hauteur. »
Pourtant, Chérif Mammeri rêvait de devenir… diplomate ! Né en février 1962 au village d'Athyani, dans la daïra d'Akbou, à Béjaïa, dans une famille modeste de commerçants –son père était boulanger - il suit ses études à l'école des sciences politiques et d'information à Alger et décroche une licence. Puis, trois ans plus tard un magistère en droit et relations internationales. En 1991, après son service militaire à Tiaret et Khenchela pendant 30 mois, il rejoint l'équipe de la Chaîne III. « Là, j'ai rencontré Mouloud Abdi à qui je rends aujourd'hui un grand hommage, car il m'a beaucoup aidé. » A la radio, en plus de son travail journalistique, il traduit les communiqués en arabe et les déclarations des leaders du parti dissout. Un an et demi après, il intègre l'ENTV en tant que reporter et couvre l'actualité… en arabe scolaire. Mohand Akli Hadadou, journaliste écrivain, parle d'une « personnalité particulière ». Il admire en lui cette richesse de langues.
Novateur…
« C'est un journaliste qui a introduit de nouveaux mots berbères. Il ne se contente pas de parler sa langue maternelle, mais recherche d'autres mots dans le patrimoine. J'admire aussi son courage et son sérieux », témoigne-t-il. Les journalistes de son équipe évoquent « ses qualités d'encadreur », « sa patience ». Ceux de l'extérieur ont la même image. « En tant que Kabyle, je suis fier de ce qu'il fait pour la langue et l'identité berbère. Il est pour moi un modèle, confie une jeune journaliste. Parce qu'il reste fidèle à son engagement. On sent que rien ne peut l'en détourner. Et en dépit de tout ce qu'il fait, il reste d'une incroyable modestie. » Un autre journaliste de la presse écrite parle de « sa bonhomie », de « son militantisme doux ». Lui, s'en défend un peu. « Je ne me considère pas militant, tient-il à préciser. Je fais mon travail. La préservation du patrimoine berbère relève des prérogatives de l'Etat. »
… Et modeste
Après dix-neuf ans de carrière dans le journalisme, Da Cherif, comme préfère l'appeler son équipe, reste fidèle à ce qui l'anime au plus profond de lui : la recherche de communication avec les autres. Et choisit ses sujets en fonction de cette ligne. « Je me souviens d'un reportage réalisé chez les Touareg, raconte un jeune spectateur de 30 ans. J'étais frappé par sa facilité à discuter avec les gens et sa maîtrise de tous les dialectes berbères. » En 1993, il remplace Nacer Ouari, assassiné, pour présenter le journal pour les sourds-muets. Pour bénéficier du droit à l'information, l'Union des sourds-muets de la wilaya d'Alger avait proposé son nom à la direction de l'ENTV.
« Je maîtrisais le langage des signes depuis l'âge de 6 ans. Ma petite cousine Fadila avait perdu la parole à l'âge de 4 ans et c'était pour moi le seul moyen de rester en contact avec elle, raconte-t-il avec fierté. Quand je suis arrivé à Alger, j'ai intégré l'association des sourds-muets pour me perfectionner et suis devenu leur interprète assermenté à titre bénévole. » Aujourd'hui, entre une réunion de rédaction et la présentation de « Tamurthanagh », son émission spécialisée, il trouve encore du temps pour se consacrer à sa passion. Depuis trois ans, il prépare une nouvelle licence… d'interprétariat en anglais à l'université d'Alger.
Mon livre de chevet
Mémoires de cheikh Tahar El Djazaïri : C'est un grand savant algérien et rares sont les personnes qui le connaissent. Je découvre moi-même ce monument de l'histoire algérienne qui n'a pas été étudié à l'école. Mort en 1920, cheikh Tahar El Djazaïri était basé à Damas et plusieurs instituts syriens portent aujourd'hui son nom. Un polyglotte incontestable…
Mon rêve
Faire un reportage chez les amazighophones du monde : En plus de mes déplacements à l'intérieur du pays, chez les Touareg ou les Chaouis, je rêve de pouvoir réaliser des reportages et de rencontrer les Chlouhs marocains, les Berbères du sud tunisien, les Berbérophones du Niger, du Mali et des îles Canaries.
Le dernier film qui m'a plu
Alexandre le grand : Je suis particulièrement touché par l'extraordinaire technique et la mise en scène de ce film documentaire. Méprisé par sa famille et son entourage, Alexandre le Grand finit par s'imposer par sa découverte.
Mon lieu de détente favori
Les montagnes de Kabylie, Les montagnes, la verdure, l'eau me déstressent. J'y vais dès que mon emploi du temps me le permet, ces lieux de grandeur et de silence me ressourcent. J'ai un faible pour les montagnes d'Akfadou.
Mon plat préféré
Le couscous : Sans surprise pour un Kabyle ! J'adore le manger en famille ou entre amis, dans les ouadas et les fêtes de mariage. Le couscous exige une atmosphère de convivialité. Mon père, qui n'était pas très « resto », nous obligeait à manger le couscous à la maison. Une tradition que j'ai soigneusement gardée.
Ce qui me touche dans l'actualité
Les événements au Proche-Orient : Ce qui se passe ces derniers jours au Proche-Orient me désole. La hogra dans toutes ses formes me bouleverse. Au XXIe siècle, je trouve tout acte de violence à l'encontre des jeunes, des femmes et des enfants, inacceptable.
3 dates dans ma vie
1991. Introduction de tamazight dans le système de communication. Premier journal télévisé en tamazight, enfin une reconnaissance.
1998. Une année noire après la disparition successive de mes parents.
2010. Attribution du prix spécial du jury Abdelhamid Benzine. Un geste qui m'a considérablement réconforté et m'encourage.


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