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«Le développement, c'est l'entreprise et Sonatrach n'est pas une entreprise»
Publié dans El Watan le 16 - 10 - 2017

Les algériens ont appris cette semaine que Sonatrach, leur fleuron national, n'était pas une entreprise économique, mais une administration bureaucratique.
C'est le P-DG de Sonatrach, Abderrahmane Ould Kaddour, qui l'a dit lors d'un brainstorming dédié à l'avenir de la compagnie pétrolière. Choquant ? Les formules utilisées par Ould Kaddour ont bien sûr fortement déplu. Inélégantes, elles ont accablé brutalement les hommes autant que les procédures. Cela fait tout de suite penser à une situation «tebounienne» et une promesse d'impasse : entrer en dissidence avec son premier environnement nécessaire au redressement. Dans le cas de Tebboune, les hommes d'affaires nécessaires à l'investissement.
Dans celui de Ould Kaddour, le top et le middle management de Sonatrach nécessaires au retour à «l'entreprise économique». Le chairman de Sonatrach envisage de dissoudre des filiales qui ne servent à rien et de déployer «dans les prochaines semaines» une nouvelle architecture de Sonatrach. Pour faire quoi ? Un comité d'experts planche sur un plan 2020-2030. Les dés sont donc jetés. Sonatrach ne sauvera plus l'Algérie comme à la fin des années 90, avec, notamment, l'entrée en production de la province de Hassi Berkine et le gaz de In Salah. Elle doit se sauver elle-même d'abord. En cessant d'être la caisse noire du régime.
Son P-DG a toutefois un mérite. Il a pris le risque de dire clairement que cela ne pouvait plus continuer ainsi. Dans le style d'un directeur RH plus que dans celui d'un stratège, mais il l'a dit. Peut-il ensuite conduire le changement ? Le solde de la balance donne un risque d'échec plus élevé qu'une chance de succès. Evaluons chaque colonne. Dans celle des atouts, il y a d'abord la personnalité de Ould Kaddour.
Un bulldozer qui fait débuter sa journée de bureau à 7h 30, qui arbitre vite et qui ne se laisse pas distraire par les faux problèmes qui accablent une telle fonction. Il y a ensuite un appui politique évident de Bouteflika. Après plusieurs grosses erreurs de casting et une poursuite du pilotage clientéliste de Sonatrach, la tête du pouvoir -au delà du clan présidentiel– a pris conscience qu'il y a le feu au sous-sol avec le déclin de la machine à générer de la rente. Le recours à un manager aux méthodes connues pour être centrées sur le rendement est une sorte de pari de la dernière chance.
Ould Kaddour a fait gagner beaucoup d'argent à BRC même si c'était aux dépens de Sonatrach et de l'ANP, il est donc là pour rendre performante Sonatrach et aura –transitoirement- une marge de manœuvre bien supérieure à celle de ses prédécesseurs. Dans la colonne des tares qui font pencher la balance plutôt du côté de l'échec pour redresser Sonatrach, le passé judiciaire de Ould Kaddour, qui aurait gagné à être jugé pour l'affaire BRC pour pouvoir se défendre en public. Un handicap qui va peser lorsqu'il s'agira d'argumenter en interne pour faire accepter le changement vers la compétitivité et la rentabilité.
Abderrahmane Ould Kaddour ne peut pas résister aux pressions de l'extérieur en faveur du maintien de Sonatrach dans son rôle de redistributeur social et clanique para-public. En outre, son soutien politique est précaire. Il y a peu de chances que le P-DG de Sonatrach survive longtemps à l'ère Bouteflika, bornée au moins techniquement par l'échéance d'avril 2019. Il faut espérer qu'il laisse quelque chose de son passage à la tête de Sonatrach. La déclamation que le mode de gestion administratif est mortel. Et la mise en place d'une feuille de route pour virer vers l'entreprise économique. Si ses successeurs la conduisent ensuite à terme, Ould Kaddour aura été utile à l'Algérie.
Dans un tout autre style que celui de Ould Kaddour, un homme trace son sillon pour faire comprendre au pays que l'entreprise est l'instrument le plus important du développement. Le professeur Tayeb Hafsi a présenté, avec sa co-auteure, Naïma Chercham, à Oran, ce samedi, le troisième livre de sa collection Les grands bâtisseurs du Maghreb. Troisième opus dédié au Groupe des sociétés Hasnaoui GSH, et à son fondateur, Brahim Hasnaoui. Le titulaire de la chaire de management stratégique de HEC Montréal fait preuve d'une belle endurance pour changer chez les Algériens l'image des entreprises et des entrepreneurs. Il avait lancé sa collection (chez Casbah Editions) en 2012 avec un livre sur lssad Rebrab et Cevital. Il a co-signé cette année un second livre sur la saga des Amor Benamor.
En Amérique du Nord, et maintenant dans le monde, une branche de la recherche académique porte sur «la main visible» du capitalisme, les entrepreneurs qui changent leur environnement. Leur expérience gagne toujours à être connue. Elle stimule le milieu, impacte les institutions, donne un code-barres à l'accumulation du capital. Mais le travail du professeur Hafsi et de ses co-auteurs commence-t-il à porter ses fruits en Algérie ? Le professeur avoue ne pas avoir d'instruments d'évaluation, mais constate que les jeunes Algériens sont beaucoup plus disposés à entreprendre.
Et donc à considérer les itinéraires de leurs aînés qui ont réussi. «La démarche du haut vers le bas ne marche pas pour développer un pays comme l'Algérie. Il faut ouvrir la place et laisser les initiatives d'en bas. C'est comme cela qu'on construira par l'expérience les institutions fortes qui ne peuvent pas décréter le développement d'en haut». Le professeur Hafsi a eu une expression très forte devant le parterre d'invités de l'hôtel Sofitel pour illustrer l'enjeu de l'initiative par la base «le moment où les Algériens se sont sentis le plus libres c'était pendant la Révolution. Ils devaient prendre des initiatives tous les jours là où ils étaient sans carcan administratif ou bureaucratique». C'est cette liberté que le professeur Hafsi veut faire retrouver aux entreprises. Le message passe sans doute mieux auprès du public qu'auprès des autorités.
En attendant que Ould Kaddour transforme Sonatrach en entreprise et que le professeur Hafsi change le regard des algériens sur l'entreprise, il reste encore, mais pas toujours, l'attractivité de l'amont pétrolier algérien. La révision de la loi sur les hydrocarbures arrive très en retard. Il y a dix ans que l'Algérie n'est plus attractive pour les investisseurs pétro-gaziers étrangers. Elle a même raté la belle période du pétrole cher où la prise de risque dans la recherche-exploration pouvait justifier toutes les audaces chez les compagnies internationales. Pourquoi ? Parce que le cadre juridique de la loi Khelil a donné naissance à un monstre difforme. Un hybride taré de loi de partage de production (1986) et de système de concessions (loi 2005). La fiscalité de la seconde s'est greffée sur le concept de la première. Repoussant dans un monde où des territoires insoupçonnés se sont ouverts à la prospection.
Dix années pour réagir. Le correctif de Youcef Yousfi en 2012-2013 sur la fiscalité dans la loi était clairement insuffisant. Il n'a pas réussi à relancer l'attractivité de l'un des domaines miniers les plus prometteur de la planète. Aujourd'hui, les premières indications de la nouvelle révision laissent supposer qu'il y aura un retour plus clair et plus simple vers le système de partage de production défini pour son principe, dans la loi de 1986. Avec rajout d'un dispositif plus explicite pour l'exploitation des hydrocarbures non conventionnel. C'est la révision de la dernière chance. Les Algériens sont réputés être meilleurs lorsqu'ils sont acculés dos au mur. Mais est-ce vraiment les mêmes Algériens ?


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