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Violence à l'université : entre fatalité et manipulations
Publié dans El Watan le 14 - 03 - 2018

La violence, véritable gangrène sociale, trouve l'université comme l'un des lieux privilégiés à sa manifestation. L'agressivité et l'irrespect comme procédés comportementaux et revendicatifs tendent à se substituer aux valeurs fondamentales de dialogue et de concertation qui devraient caractériser ce lieu de savoir.
Les derniers événements qui ont secoué l'université de Bouira nous remettent en mémoire la disparition tragique du Dr Benchehida Mohamed, chef de département informatique assassiné en 2008 dans son bureau à l'université de Mostaganem et, plus récemment, celle du Dr Karoui Bachir Serhan, enseignant à la faculté de droit à l'université de Khemis Miliana tué à coups de marteau par… ses étudiants. Cette montée inquiétante du phénomène de la violence en milieu universitaire mérite une attention soutenue. Elle ne saurait laisser personne indifférent.
Et, plutôt que de se contenter de simples réactions de dénonciation et de condamnation, il est impérieux de se pencher sérieusement sur ce fléau, car bien qu'elle soit le reflet de toute une société, la violence à l'université a des raisons très objectives. C'est justement dans ce contexte que s'inscrit notre contribution.
Pour mieux cerner le phénomène de la violence à l'université, il importe de tenter d'identifier ses causes. Ce qui implique un diagnostic profond de cette violence car c'est de l'identification des sources du malaise que dépendent les remèdes à même de le juguler.
Les causes de la violence en milieu universitaire sont nombreuses et variées. Pour l'essentiel, elles peuvent être regroupées en deux grandes catégories : le dysfonctionnement de l'université et la conjoncture socio-politique.
CAUSES RELATIVES AU DYSFONCTIONNEMENT DE L'UNIVERSITé
Dans son livre Université : le chaos(1), le Docteur Aomar Aït Aïder, enseignant de physique à l'université de Tizi Ouzou, considère que la violence à l'université prend sa source dans la perte «de souveraineté de la communauté universitaire».
Ce qui a donné lieu à une gestion anachronique des établissements universitaires, avec pour corollaire l'apparition et la prolifération de la violence comme moyen d'action revendicative et des grèves à répétition qui influent négativement sur les contenus d'enseignement et la crédibilité des diplômes universitaires. Ce dysfonctionnement est aggravé par une démographie galopante qui échappe à toute autorité.
L'effet de foule
L'augmentation du taux de réussite au baccalauréat et le rush occasionné sur les établissements du supérieur fait que l'université est dépassée par les flux d'étudiants qui forcent ses portes à chaque rentrée.
Ce déferlement quotidien de marées d'étudiants sur les campus produit deux effets antinomiques : d'un côté, un affaiblissement de l'autorité de l'université, et de l'autre un effet de foule qui est mis à profit par les organisations étudiantes, plus impliquées dans des logiques partisanes et politiques que dans des logiques syndicales, pour défier l'autorité pédagogique des enseignants et celle des responsables académiques et administratifs.
L'effet de foule peut en effet expliquer certains comportements excessifs, car c'est dans la foule que le sentiment de responsabilité individuelle disparait(2).
Ainsi, par le seul fait du nombre, un sentiment de puissance prend naissance chez (certains) étudiants qui ont tendance à imposer leur diktat au reste de la communauté universitaire. Très souvent, pour exiger l'annulation de sanctions prononcées par les conseils de discipline par exemple, ou influer sur les décisions des comités pédagogiques ou des commissions de délibération, ces groupuscules n'hésitent pas à user de la force et de l'intimidation contre leurs camarades pour imposer l'arrêt des cours ou le boycott des examens.
Malheureusement, dans bien des cas, de tels comportements conduisent à des affrontements violents entre opposants et partisans des mouvements de grève.
Dans un passé récent, ces pratiques étaient quasi-inexistantes à l'université, car toute forme de contestation ou action revendicative se décidait en assemblée générale où l'on assistait à un véritable débat contradictoire digne de la communauté du temple du savoir.
Une administration austère, hermétique, d'aspect sévère, aux portes désespérément fermées
Une administration laxiste ou renfermée sur elle-même pousse les autres acteurs de la communauté universitaire à adopter des comportements extrêmes en cas de crise. En revanche, le dialogue social est un instrument de «bonne gouvernance». Il encourage «l'inclusion sociale» à travers les organisations représentatives des étudiants et des enseignants qui, aux côtés de l'administration, sont à la recherche de solutions aux problèmes d'intérêt commun.
Ainsi, la première cause de la violence en milieu universitaire est relative au dysfonctionnement de l'institution. Ce dysfonctionnement est aggravé par l'importance des flux d'étudiants et les mauvaises conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire.
CAUSES D'ORDRE SOCIO-POLITIQUE ET CONJONCTUREL
Causes liées aux conditions de vie et de travail en milieu universitaire
Il est une évidence : une démographie universitaire importante laisse présager des mauvaises conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire, et très souvent la violence en milieu universitaire s'analyse aussi comme une réaction de ce milieu contre la détérioration des conditions de vie et de travail.
Cette «dégradation du cadre de vie» en milieu universitaire touche les enseignants et les étudiants.
Durant les années 1980, la vie sociale dans les campus et les résidences universitaires était très animée. Dans les cités universitaires en particulier, les manifestations récréatives, culturelles (séances de cinéma) et éducatives voire politiques (conférences-débats) étaient fréquentes. Il va de soi que si l'étudiant se sent bien dans son milieu universitaire, cela devrait influencer positivement son comportement et ses résultats pédagogiques.
Depuis quelques années, on constate que la vie sociale et culturelle dans les résidences universitaires notamment est quasi absente. Les résidences ressemblent donc à des «maisons de repos», avec cette particularité : elles sont devenues exiguës et délabrées.
Dans cette ambiance morose, la quête du savoir est reléguée au second plan. Les sentiments de frustration et de colère s'accumulent pour produire chez les étudiants le potentiel nécessaire à l'engagement dans des actes violents.
Causes d'ordre conjoncturel
L'autre facteur qui alimente la violence en milieu universitaire est lié à la conjoncture sociale et politique du pays. En effet, l'université ne peut être épargnée par les changements, les instabilités et les grands bouleversements sociaux et politiques.
Considéré depuis toujours comme un espace stratégique à régenter pour qui veut conquérir et préserver le pouvoir, les forces politiques se disputent, par organisations étudiantes interposées, la maîtrise de l'espace universitaire. Ecartelés entre des partis politiques guidés par la seule volonté de conquérir le pouvoir politique ou le préserver, les étudiants ne manquent pas souvent de manifester violemment leurs convictions. Il en résulte entre eux des affrontements.
Peur de l'avenir, syndrome du chômage
L'absence de débouchés pour les étudiants à l'issue de leur formation peut constituer une cause de la violence à l'université. En effet, le sentiment d'être une «génération sacrifiée» est source de démotivation et donc de violence. Par contre, l'instauration d'une politique d'emploi visant l'insertion des diplômés universitaires motive les étudiants et fait naître en eux l'espoir d'une carrière réussie et d'un avenir certain.
LES PERSPECTIVES DE SOLUTIONS à LA VIOLENCE EN MILIEU UNIVERSITAIRE
Les perspectives de solutions à la violence en milieu universitaire doivent être en mesure d'agir profondément sur les causes qui engendrent et alimentent cette violence.
Ces mesures peuvent être résumées comme suit :
La formation des étudiants à la culture de la paix
Dans son préambule, l'Acte constitutif de l'Unesco proclame que «les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix».
L'éducation à la culture de la paix devrait commencer dès le cycle primaire. Elle consiste à inculquer aux étudiants l'ensemble des valeurs qui traduisent le respect de la personne humaine, le rejet de la violence et l'attachement aux principes de tolérance entre les individus.
La mise en place de comités d'éthique au sein des établissements universitaires
Ces comités auront pour mission de veiller au respect de la charte d'éthique et de déontologie universitaires, rappeler et fixer les prérogatives, les droits et les devoirs de tout un chacun et délimiter les espaces d'action propres à chaque composante de la communauté universitaire.
Les mesures d'ordre infrastructurel
La violence en milieu universitaire étant souvent une réaction des acteurs de ce milieu contre leurs mauvaises conditions de vie et de travail, il apparaît donc logique que l'amélioration de ces conditions tant pour les enseignants que pour les étudiants s'inscrive dans la lutte contre la violence.
La revalorisation de la fonction d'enseignant par l'Etat lui permettra de recouvrer l'autorité indispensable à sa mission d'éducateur.
La réduction de la violence en milieu universitaire dépend également de l'amélioration des conditions de vie des étudiants.
Cela passe inévitablement par l'animation et la redynamisation de la vie socio-culturelle dans les campus et les résidences universitaires. En effet, la réhabilitation et la création de salles de jeux et de spectacles, l'organisation d'activités culturelles et sportives et la promotion des jeux éducatifs et de loisirs favorisent la cohabitation pacifique entre les étudiants.
CONCLUSION
Pour conclure, disons que la violence existe en tout temps, en tout lieu et en chacun de nous. Elle fait partie de la nature humaine. C'est de l'énergie emmagasinée qui demande à se libérer à chaque fois que les conditions sont réunies. Ces conditions sont malheureusement réunies à l'université, favorisées en cela par la passivité de vigiles en panne de vigilance et perméables aux «corps étrangers» et autres produits prohibés. Les derniers événements qui ont endeuillé l'université montrent à quelle enseigne cette violence peut atteindre un niveau insoupçonné. Mais ce fléau est loin d'être une fatalité. Il suffit de bien le cerner et y appliquer les mesures idoines pour le réduire à défaut de pouvoir l'éradiquer.

Par Belaïd Amrane.Enseignant, Faculté des sciences et sciences appliquées, Université de Bouira.

Références :
1)– Aomar Aït Aïder. Université : Le chaos. Editions Koukou
2)- Gustave Le Bon. Psychologie des foules.


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