La générale de la pièce Amama Aswar El Madina (Devant les remparts de la ville) de Tankred Dorst, adaptée par Khaled Bouali et mise en scène par Sonia, a été présentée, samedi, au Théâtre régional. Quand l'oppression est adoptée comme mode de gouvernance par les dictateurs, et quand la privation dépasse les limites de la souffrance, une femme crie haut sa colère, insulte et crache sur le mur qui la sépare de son mari, enrôlé malgré lui dans l'armée de l'empereur pour défendre une cause qui n'est pas la sienne. C'est en usant de flashs-backs que Houria, le personnage principal de la pièce, raconte aux soldats du despote, sa vie de couple au bord de la rivière avec Hocine Ellim. C'est dans un contexte d'actualité, même si donnant l'impression d'évoquer une période lointaine et d'aborder les thèmes et les sous-thèmes de la pièce dans l'abstrait, que Amam Aswar El Madina a, subrepticement, su parler de la cause féministe, de justice dévoyée, dépravée et instrumentalisée, de sexe, de disparités sociales, de guerres inutiles, d'un pouvoir véhément et sans scrupules, de droits élémentaires bafoués et de plein d'autres principes fondamentaux d'une vie décente soumis à l'appréciation des dictateurs. Nadia Larini, dans le rôle principal, a excellé dans sa gestuelle et ses mouvements sur scène. Sa voix parfaitement audible et sa langue sans accent ont fait partie des ingrédients de la réussite du spectacle. Des concepts universels vulgarisés, des phrases colorées à la langue du terroir, des chansons expressives fredonnées par l'actrice principale et une langue facile à assimiler et sans termes barbares sont autant de techniques qui ont joué en faveur du texte adapté par Khaled Bouali de l'œuvre de Tankred Dorst.
