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« La faiblesse de la presse, c'est sa dépendance vis-à-vis des pouvoirs économiques »
Jean-François Julliard. Secrétaire général de Reporters sans frontières
Publié dans El Watan le 04 - 04 - 2010

L'organisation non gouvernementale Reporters sans frontières (RSF) connaît bien la presse indépendante algérienne pour l'avoir suivie, depuis sa création, dans la conquête de sa liberté. Jean-François Julliard, le successeur de Robert Ménard, fondateur de RSF, nous livre son analyse.
Reporters sans frontières suit et accompagne la presse privée indépendante depuis sa création. Que retenez-vous de cet accompagnement et de son évolution ?
Il y a des points positifs et des points négatifs. Le point positif c'est que, d'une part, aujourd'hui il n'y a plus de violence contre les journalistes, la situation s'est un peu apaisée. Ma satisfaction, en tant que représentant de Reporters sans frontières c'est que, d'une part nous avons toujours été présents aux côtés de la presse algérienne, nous n'avons jamais arrêté d'aller en Algérie chaque fois que nous avons pu avoir un visa. Ce n'est pas un pays sur lequel on a travaillé un ou deux ans puis après on s'en est désintéressé, ce qui peut nous arriver pour d'autres pays pour diverses raisons. L'Algérie, c'est vraiment un pays que nous suivons dans la durée. En revanche, notre principale déception provient du fait que nous n'avons jamais réussi à convaincre les autorités algériennes d'ouvrir l'espace audiovisuel. Aujourd'hui, l'Algérie devrait pouvoir compter sur des chaînes de télévision privées, sur des stations de radio privées qui donnent de l'information indépendante, de position. Certes, la presse écrite est libre en Algérie, et encore ; on peut en discuter, c'est plus compliqué que cela, mais la presse audiovisuelle ne l'est pas.
Vous avez parlé d'intérêt suivi, comment l'expliquez-vous ?
Il y a d'abord le fait que l'Algérie soit un pays historiquement proche de la France et que Reporters sans frontières, même si c'est une organisation internationale, a son siège en France, et tous les pays qui sont proches de la France historiquement sont des pays que l'on suit plus particulièrement. Il y a aussi, pour être tout à fait franc, l'histoire personnelle de Robert Ménard qui a fondé Reporters sans frontières et qui l'a dirigée pendant 23 ans ; étant lui-même né à Oran, il avait un lien très fort avec ce pays. Il a été très souvent en Algérie, il a tissé de vraies relations, parfois compliquées, mais d'amitié, avec beaucoup de journalistes et de patrons de presse algériens.
Quels sont, à votre sens, d'une part, les points forts de la presse algérienne et, d'autre part, ses faiblesses ou lacunes ?
Le point fort de la presse algérienne reste, malgré tout, sa liberté de ton. De toute l'Afrique du Nord et pas seulement le Maghreb, la presse algérienne est sûrement la plus libre de ton. C'est dans les journaux algériens qu'on trouve les critiques parfois les plus dures du pouvoir, mais qui sont justifiées. On peut trouver cela de temps en temps au Maroc, mais moins, et la situation est en train de se durcir considérablement. On n'a absolument pas cette liberté de ton en Tunisie, encore moins en Libye, en Egypte non plus. En revanche, ce qui nous inquiète aujourd'hui, et c'est peut-être la faiblesse de la presse algérienne, c'est sa dépendance vis-à-vis des pouvoirs économiques. On est passé à une situation où peut-être les pressions politiques sont moins fortes à une situation où les pressions économiques le sont plus.
Et sur l'exercice professionnel proprement dit et la qualité éditoriale ?
Globalement, dans la presse algérienne on trouve des articles de très grande qualité ; ne lisant pas l'arabe, je ne peux pas me prononcer sur la presse arabophone. En tout cas sur la presse francophone et ce que peuvent me dire les personnes qui lisent l'arabe dans mon équipe, il y a des articles de très grande teneur et des articles qui sont simplement ni faits ni à faire. Il y a des journaux de bonne qualité et des journaux qui sont des torchons. C'est un peu comme dans tous les pays. Il y a une vraie tradition quand même de l'écrit en Algérie et donc des journalistes de très grande qualité, des billets d'opinion écrits de façon extraordinaire, de vraies enquêtes avec de vraies informations. Et puis il y a parfois des articles où l'on comprend bien que l'intérêt professionnel est assez limité, c'est plus pour régler des comptes, pour faire plaisir à un tel ou un tel, et ce n'est pas vraiment du journalisme. Et le lecteur algérien a le choix entre acheter un journal de bonne qualité et acheter un journal qui s'intéresse uniquement à des faits divers et qui parfois ne les rapporte même pas justement.
Si vous aviez un conseil à donner aux journalistes algériens ? Ou un avis ?
C'est difficile pour moi de donner des conseils aux journalistes algériens qui ont une telle histoire. Je leur dirais de conserver, pour ceux qui l'ont déjà, cette attitude professionnelle, parce que plus une presse est professionnelle, plus elle est crédible et plus il est facile de la défendre. Dans beaucoup de pays, on a du mal à défendre la presse parce qu'elle est de mauvaise qualité. Par ailleurs, ce n'est pas un conseil mais un avis, plutôt à l'adresse des patrons de presse algériens, concernant la question de la précarisation des conditions de travail des journalistes. On sort de l'espace de la liberté de la presse à proprement parler, mais c'est une vraie préoccupation. La dernière fois que je suis parti en Algérie, cet automne, beaucoup de journalistes m'ont dit que leur problème actuel, ce n'est plus un problème de liberté, c'est un problème de conditions socio-économiques et de travail. Il y a beaucoup de journaux qui ne font signer aucun contrat, qui n'offrent aucune assurance chômage, ni de retraite, ne paient pas de cotisations. Outre qu'elle les met dans des conditions personnelles difficiles, cette situation fragilise les journalistes qui la subissent parce que le gage de l'indépendance d'un journaliste, c'est aussi le fait qu'il a un salaire qu'il perçoit à la fin du mois et qu'il n'est pas facilement corruptible. Si un journaliste n'a aucune garantie, aucun contrat, il peut être acheté par n'importe qui pour pas grand-chose.
Dans quel cadre étiez-vous en Algérie ?
C'était dans le cadre d'une mission d'évaluation, parce que cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas rendu en Algérie. Je voulais y aller en tant que secrétaire général de Reporters sans frontières. L'idée était de reprendre le contact avec des journalistes, des médias qu'on connaissait mal, et de faire aussi un tour d'horizon notamment des partis politiques qui se plaignent beaucoup d'un manque d'accès aux médias, particulièrement audiovisuels. L'angle de cette mission était plus l'accès à l'information et, notamment, dans les médias publics. Nous avons été assez surpris de constater que certains partis politiques, y compris ceux qui ont des députés, n'ont aucun accès, voire très limité, aux médias publics, et ce n'est pas sain.
Dans votre suivi de l'atteinte à la liberté d'informer des journalistes et des journaux algériens, quels sont vos interlocuteurs ? Vos informateurs ?
Comme cela fait longtemps que nous suivons l'Algérie, chaque fois qu'il y a un problème concernant un média, un journaliste ou une rédaction, nous appelons directement la source. Les journalistes, les rédacteurs en chef et les patrons de presse nous parlent facilement. Ce qui est plus compliqué, c'est de recueillir le point de vue des autorités quand elles sont en cause, parce qu'elles ne s'empressent pas de nous parler, de nous recevoir, de nous donner des informations. Nous restons très vigilants parce que nous savons, comme dans n'importe quel autre pays, que nous pouvons nous faire instrumentaliser par les uns ou par les autres, notamment quand il s'agit par exemple d'un parti d'opposition qui va se plaindre d'un refus d'accéder à une émission.
Vous avez évoqué la situation de la presse en Afrique du Nord. Vous inquiète-t-elle ?
Elle est inquiétante, parce qu'il y a une réelle dégradation au Maroc. Il y avait dans ce pays une presse assez vive, active, elle est sous pression. En Tunisie, rien ne bouge. Il y a toujours des journalistes en prison, une vague de répression en plus sur internet qui est en train de prendre un essor considérable. On a le sentiment que le président Ben Ali n'est pas prêt à lâcher du lest. Il suffit de se rendre dans un kiosque en Tunisie pour voir toutes les Unes à la gloire de M. Ben Ali et aucune critique, aucune indépendance, aucune liberté de ton dans dans la presse tunisienne. La Libye, c'est pareil.
Avez-vous le sentiment que Reporters sans frontières est écoutée ?
Nous avons le sentiment d'être écoutés, parce que nous savons que les autorités de ces pays-là suivent avec attention ce que nous faisons, lisent nos rapports, nous en avons les preuves. C'est parfois compliqué de travailler avec les autorités de ces pays-là, mais nous savons que nous avons une certaine influence sur le cours des choses. Ce n'est pas parce que Reporters sans frontières va faire un communiqué dénonçant le 150e cas de censure d'un journal en Tunisie que cela va changer ; mais ce qui est sûr, c'est que si on ne le fait pas, cela va s'aggraver encore. Donc nous sommes là aussi pour rappeler que nous sommes vigilants, que nous sommes soucieux de défendre cette liberté de la presse. Nous avons aussi une efficacité qui est plus concrète par un soutien physique, financier de journalistes qui, à un moment donné, en ont besoin, soit pour quitter leur pays, soit parce qu'ils sont en prison et que leurs familles n'ont plus de ressources.


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