Le défunt Dr Maâmar Aït Saâda, psychologue-clinicien, avait, dès 1989, bataillé dur pour doter la région de Chlef d'un centre spécialisé pour enfants inadaptés mentaux. Il est décédé, il y a quelques années, laissant derrière lui un établissement considéré comme l'un des plus importants du pays en termes de prises en charge et de travail psychopédagogique accompli au profit de cette catégorie de pensionnaires. Malheureusement, le centre en question est, depuis décembre dernier, privé de subventions financières de la CNAS. Celle-ci a décidé de suspendre la convention la liant à l'association Amel des enfants inadaptés mentaux de Chlef, alors que l'autre partenaire, en l'occurrence la Casnos, continue d'honorer normalement ses engagements vis-à-vis du centre. Les raisons invoquées sont les articles 9 et 10 de la convention en question, qui parlent des conditions de règlement des frais de séjour et de celles du contrôle, mais la CNAS aurait fondé sa décision de suspension sur le motif d'«absences de certains enfants pensionnaires». Le président de l'association Amel des enfants inadaptés mentaux, Belkacem Daoud, juge cette décision disproportionnée par rapport aux faits reprochés. «Si tel est le cas, il s'agit de quelques cas isolés, car des enfants inadaptés mentaux résidant loin du centre sont parfois confrontés à des difficultés de transport ou à d'autres empêchements, mais cela reste sans conséquence notoire sur le fonctionnement de l'établissement, qui accueille plus de 400 enfants souffrant de ce handicap», a-t-il précisé. Et de s'interroger : «Pourquoi une telle décision en ce moment précis, sachant que la CNAS assurait cette prise en charge financière depuis 1993, qui, au demeurant, reste insuffisante, eu égard à l'évolution des besoins ?» D'après lui, les principales victimes de cette décision sont les 400 enfants accueillis par le centre, qui se voient ainsi privés de la régularisation d'une partie de leurs frais de séjour depuis déjà cinq mois. «Et si le centre a pu tenir jusqu'ici, c'est grâce à l'aide précieuse du ministère de la Solidarité nationale, des autorités locales et des bienfaiteurs publics et privés», a encore souligné notre interlocuteur. Il espère toutefois que la direction de la CNAS revoie sa position dans l'intérêt des jeunes pensionnaires, d'autant plus, souligne-t-il, qu'elle a toujours soutenu financièrement cette catégorie de personnes en difficultés. La CNAS et la Casnos prennent en charge 240 enfants inadaptés mentaux, dont 160 au centre Amel de Chlef et 80 au niveau de l'annexe de Boukadir. Parmi eux figurent des enfants âgés de 5 à 18 ans et plus, originaires de plusieurs localités de la wilaya de Chlef. Il y a lieu de rappeler que le centre Amel des enfants inadaptés de Chlef, qui avait démarré en 1989 dans des locaux en préfabriqué, a été totalement reconstruit durant les années 2008-2012 grâce à l'aide et au soutien financier des pouvoirs publics, de bienfaiteurs locaux, mais aussi d'associations françaises, dont l'association Solidarité enfants d'Algérie et l'Œuvre des villages d'enfants (OVE). A la faveur de ce partenariat, le personnel pluridisciplinaire du centre (psychologues, cliniciens, orthophonistes, éducateurs spécialisés et aides-éducateurs) bénéficie d'une formation continue en plus de la fourniture d'équipements pédagogiques spécifiques destinés à cette catégorie d'enfants.