On parle de tout et de rien en attendant la distribution des parts de viande. Comme sujet, dominent les préoccupations liées à l'état des lieux. Une Louziâa pour faire constater de visu aux autorités conviées « le calvaire » enduré par la population du village Takliet Oufella situé sur les hauteurs de Béjaïa. Elles sont plus de 60 familles à avoir contribué à la réussite de l'évènement. Ambiance de fête. De petits drapeaux multicolores ornent la rue. Le taurillon acheté la veille au marché à bestiaux de Sidi Aïch a été sacrifié aux premières lueurs. Dans un rez-de-chaussée où se dégage encore une fraiche odeur de « sanibon », on s'affaire avec soin et le plus juste possible à composer les parts de viande, sous des regards qui se veulent connaisseurs et qui concèdent un bon point pour la qualité. On lâche donc avec force voix son appréciation. Dehors, toutes les chaises sont occupées et les conciliabules vont bon train. On parle de tout et de rien en attendant la distribution. Mais comme sujet, dominent les préoccupations liées à l'état des lieux. Tizi, Takliet, la cité douanière et ses extensions supérieures,… Ce qui aurait pu constituer « la Baie des Anges » de Béjaïa ressemble malheureusement, sous les inlassables coups perpétrés par un développement urbain n'obéissant à aucune règle, à une « favela de luxe » qui a dévoré les belles pentes cadrant le magnifique panorama du golf de Yemma Gouraya. Ce qui est fait est fait. L'organisation de la louziâa par l'association sociale de Takliet n'avait pas la prétention, impossible ambition, de refaire les choses sur le plan de l'urbanisme. Mais de mettre à profit cette tradition ancestrale « porteuse de valeurs de solidarité, de tolérance et de dialogue » pour alerter les responsables, chacun dans le secteur qui le concerne, des problèmes de viabilisation éprouvant quotidiennement les habitants. M. Djoudi Benkhenouche, entrepreneur de son état et membre de l'association, nous résume la situation. Le camp supérieur de Takliet comprend une centaine de bâtisses traversées par des routes impraticables. Ce qui dissuade plus d'un transporteur. D'ailleurs, le terminus des bus est maintenu loin en contrebas. Pareil pour les enlèvements des ordures. La zone est confiée à un privé et arguant du mauvais état de la route (c'est encore une piste), son labeur s'arrête plus bas. D'où la conséquence d'amoncellements d'ordures en certains endroits. Les attentes sont nombreuses. Mais l'association veut surtout parler des premières urgences. L'achèvement du réseau d'assainissement et de celui d'électrification dont est préconisé en ce sens un branchement de surface pour éviter la multiplication de poteaux dans ces voies étroites. Le réseau d'assainissement est souhaité être opérationnel avant l'été pour mettre fin à l'évacuation à ciel ouvert avec tout ce que cela comporte comme risques sur le plan sanitaire. Le réseau d'eau potable est inexistant d'où le recours à des piquages sur la conduite en aval. Un château d'eau existe mais sans dispositif de refoulement. Et les conduites de branchement ne sont pas installées. Idem pour le gaz de ville. Le réseau ne va pas au delà de Iheddaden Ouada. A court terme aussi, M. Benkhenouche veut tirer la sonnette sur l'absence d'infrastructures de base. L'école primaire la plus proche est à quelques 3 ou 4 kilomètres. Il en est de même pour l'unité de soins. L'association demande donc vivement que soient exploitées les assiettes de terrain restantes avant que le béton n'en prenne possession. Le populeux village a droit à une école, un centre de soins, un bureau de poste, une antenne d'état civil, un terrain de proximité, … réclament ses habitants.
