Comment et pourquoi le chanteur Lounès Matoub, assasiné il y a 21 ans, a réussi à avoir un impact sur son public et comment il chantait pour véhiculé un message. Et surtout analyser aujourd'hui son discours pour comprendre qu'il était un visionnaire vu le contexte politique actuel. Yacine Hebbache, écrivain et poète répond dans son livre Matoub Lounès, ou le chemin vers le mythe, édité aux éditions Tafat. Il sera en vente dédicace aujourd'hui à 15h au centre culturel Idir Achour, à Baccaro (Béjaïa). Dans son livre, Yacine Hebbache analyse le discours, l'œuvre de l'artiste. Il relève la terrible cohérence et enchenement de chaque titre et album chanté dans un contexte puis suivi dans un autre contexte. Les vérités historiques et la poussé politique de l'artiste est aussi décortiqué avec à chaque fois des exemples d'extrait de chanson traduites aussi en français. L'auteur explique et analyse aussi comment l'artiste était visionnaire. Comment aujourd'hui avec le contexte actuel de la mobilisation populaire, ses titres peuvent être simplement transposé. L'écrivais explique que lorsqu'on écoute les chansons de Matoub on sent qu'on jette, malgré soi, un «regard sur l'histoire d'un pays damné», l'histoire de notre pays. Ses tribulations et son œuvre calibrée s'amalgament avec l'histoire de l'Algérie. En plus de sont mal personnel, «il avait mal à l'Algérie comme d'autres ont mal aux poumons» pour paraphraser Mouloud Feraoun qui parlait d'Albert Camus et son rapport avec le problème algérien, dans une lettre publiée en 1960 en hommage au célèbre nobélisé. Comme l'écrivain, disait Sartre, ne doit pas écrire pour ne rien dire, Matoub n'a pas chanté pour ne rien transmettre… Transmettre un message, un héritage, une vérité. «Je n'ai pas pour habitude de parler à la légère», disait Nelson Mandela. Idem pour le Rebelle. Légende Personnage historique incontestable, on ne peut pas parler de lui, de sa vie ou de son œuvre sans évoquer l'histoire de l'Algérie. Ses chansons reflètent les repères essentiels des luttes libératrices de notre pays. Son âme porte les poinçons de feu de tous les opprimés et son propre corps porte les séquelles de toutes les tragédies algériennes. Dans le même ouvrage, l'écrivain répond tactiquement en cinq bonne raison comment le chanteur assassiné est en train de devenir un «mythe», mais déjà une légende. Premièrement, le génie précoce et la force intérieure : très jeune encore, Matoub Lounès a fait preuve d'une force intérieure énorme. Son génie poétique précoce associé à son courage exceptionnel lui ont assuré une ascension prodigieuse vers les hautes sphères de la grandeur. Deuxièmement, le courage légendaire et le désir de se sacrifier héroïquement pour son idéal : en effet, c'est cette intelligence unique et ce courage mythique qui ont fait grandir en lui ce désir brûlant de se sacrifier pour ses idéaux. Troisièmement, la non-délimitation du parcours dans l'espace et dans le temps : comme tous les héros que l'humanité a enfanté à travers les siècles, le passage de Matoub sur terre semble se situer au-delà de toute délimitation de parcours. Et c'est ainsi que son combat, comme sa vie d'ailleurs, se situe dans l'éternité, et non sur une temporalité terrestre. Quatrièmement, l'invincibilité du héros après sa mort. Comme tous les grands de ce monde, la vie de Matoub se prolonge à travers son combat et son œuvre. C'est parce qu'il a été au cœur de tous les combats démocratiques que notre artiste est aujourd'hui inoubliable, invaincu, invincible. Enfin, cinquièmement, la mort prématurée et la naissance de la légende : c'est justement à ce moment précis où on liquide physiquement le héros que sa légende naît pour s'incruster à jamais dans la mémoire de l'humanité. Comme je l'ai déjà dit, les hommes comme Matoub Lounès ne meurent pas. Le 25 juin 1998, jour de l'assassinat de «Matoub le mortel» est le jour de la naissance de «Matoub l'immortel».