Un comité de soutien et de solidarité à l'avocat Salah Dabouz, en grève de la faim depuis plus d'une semaine, a été mis en place. Hier, des membres de ce comité se sont rendus au bureau de l'avocat à Alger. Affaibli mais tenant bon, le gréviste de la faim a dénoncé ce qu'il qualifie de «déni de justice». Arrêté le 7 avril dernier à Alger, l'avocat est soumis à un contrôle judiciaire qui l'oblige à se rendre trois fois par semaine à Ghardaïa, alors qu'il exerce et réside dans la capitale. Il est revenu dans le détail (voir vidéo postée sur sa page Facebook) sur l'«acharnement de la justice» à l'encontre du militant politique Kamel Eddine Fekhar, mort en détention après une longue grève de la faim. Poursuivi dans la même affaire que son ancien client, il a précisé, dans une précédente déclaration à El Watan, avoir été chargé par Mme Zahira Fekhar du dépôt d'une plainte contre cinq personnalités, mais étrangement le juge d'instruction près la 2e chambre du tribunal de Ghardaïa, chargé d'examiner l'affaire, «a refusé d'ouvrir une information judiciaire. Dans ses conclusions, il soutient que le médecin et l'institution pénitentiaire ne pouvaient pas se tromper». Le comité de soutien à Me Dabouz est composé de militants de la société civile, parmi lesquels des avocats, des journalistes, des citoyens lambda, qui ont demandé à l'avocat de surseoir à sa décision de poursuivre sa grève de la faim. Refus catégorique du concerné. L'avocate Fetta Sadate, députée RCD, a exprimé «sa solidarité indéfectible» au gréviste. Pour dénoncer les graves atteintes aux droits de la défense, maître Salah Dabouz «n'a trouvé d'ultime recours que de se mettre en grève de la faim», constate-elle. D'autres actions en vue «La lutte pour l'indépendance de la justice, l'instauration d'un Etat de droit et la garantie des droits humains et des libertés individuelles et collectives est un combat incessant. C'est un préalable à une transition de rupture à caractère pacifique et démocratique. Solidarité et soutien indéfectibles. La mobilisation citoyenne est de mise. Il s'agit d'un impératif pour la concrétisation des aspirations du peuple», soutient la députée dans un post sur sa page Facebook. Le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, qui a rejoint comme plusieurs militants le comité, a exprimé sa solidarité avec l'avocat et défenseur des droits humains en grève de la faim pour protester contre le «harcèlement judiciaire» dont il est victime depuis longtemps maintenant. «Ne le laissons pas seul. Protégez les défenseurs, protégez le droit de défendre des droits», lance-t-il. «Salah Dabouz est un défenseur des droits humains et l'avocat des ‘‘damnés de la Terre'', il a été volontaire dans tous les procès des militant(e)s aujourd'hui, parce qu'il a été à la première ligne de défense des droits, c'est lui-même qui est victime du harcèlement judiciaire, il est sous pression depuis des mois, tous ses appels pour faire justice sont vains, il a choisi la voie extrême, au risque de sa vie, pour faire entendre sa voix, un appel à la solidarité est lancé, il faudra le soutenir, c'est à notre tour de le défendre. Nous exigeons du parquet de Ghardaïa d'abandonner les poursuites contre lui et de respecter les instruments des droits humains qui protègent les avocats et les défenseurs des droits humains», note-t-il. Les membres du réseau Dabouz comptent lancer d'autres actions pour soutenir le combat de l'avocat gréviste de la faim pour une vraie justice.