Avec sa bonhomie naturelle et son regard pétillant, le professeur Aïssani, président de l'association Gehimab, groupe d'études sur l'histoire des mathématiques à Bougie médiévale, est aussi enseignant en mathématiques à l'université et dirige un groupe de mathématiciens qui s'occupent d'applications pratiques, qui travaillent aussi bien sur la modélisation du trafic de camions au port dans le but de rentabiliser le parking et le va-et-vient des véhicules que de régler le problème d'un producteur de soda qui avait imprimé des étiquettes pour des bouteilles cylindriques et voulait passer à des packs triangulaires. Comment ? « Une formule mathématique qui permet de ré-appliquer le papier sans pertes et sans refaire l'étiquetage », répond le professeur. Mais comment passer des mathématiques au patrimoine ? Tout a commencé par un projet, en 1994, la restauration de l'Afniq Cheikh n Mouhouv près de Sétif, une bibliothèque de vieux manuscrits (l'équivalent des khizanate du Grand Sud) qui rassemblait 576 documents. Encouragé par cette réussite, le Gehimab continue d'activer dans le domaine culturel et inaugure en 2009 un musée de la géologie à Béjaïa, puis passe la réhabilitation du mausolée de Cheikh Aheddad à Seddouk, pendant que chaque année, il organise un colloque sur un savant des temps anciens, lié à la région de Béjaïa. Pour les coûts, tout est ficelé comme une équation mathématique ; son groupe d'études appliquées n'est pas une entreprise commerciale mais en aidant ainsi les industriels à être plus rationnels en intégrant des modèles mathématiques, lui permet de récupérer des subventions pour ses projets, par le biais du sponsoring. Le dernier projet vient d'être inauguré le 3 mai dernier, la restauration de la Qalâa de Ighil Ali pour la commémoration du 500e anniversaire de la fondation du Royaume indépendant des Ath Abbès. 500 tout rond, c'est mathématique.
