La juge du tribunal de première instance près la cour de Béjaïa a prononcé la liberté provisoire à l'encontre de Djilali Aounit, qui a été présenté devant le parquet en référé, hier, pour «outrage et atteinte à corps constitué». Après les garanties données par la défense et l'absence du trésor public qui devait se constituer en tant que partie civile, le prévenu a été relâché tandis que son procès est reporté au 29 septembre lors de cette présentation qui n'a pas duré plus de 15 minutes. Djilali Aounit, un jeune homme de 35 ans originaire de Timezrit (40 km au sud de Béjaïa), a été interpellé par la police dans la ville de Béjaïa avec d'autres manifestants après la marche populaire du vendredi. Ce jour-là, Djilali avait fait marcher son âne recouvert d'une bâche sur laquelle était écrit un slogan hostile au pouvoir, comme l'ont fait les milliers de marcheurs ce jour-là. Après avoir été relâché vers 22h en compagnie de ses camarades, il a été convoqué le lendemain au commissariat central de Béjaïa avant d'être mis en garde à vue. La salle d'audience était archicomble lors de ce procès public. Une trentaine d'avocats volontaires étaient rassemblés devant le banc de la juge avant que les robes noires ne désignent l'un d'eux pour assurer la défense. Devant le portail de la cour de Béjaïa, plusieurs dizaines de citoyens manifestaient leur soutien à Djilali. La défense a plaidé la libération provisoire au profit du prévenu, après avoir invité la juge à opter pour l'apaisement des esprits. Car dehors, «les gens sont en train de manifester. Si on continue avec ce genre de procès politiques, où des citoyens sont jugés pour leur opinion, on devra juger 40 millions d'Algériens dans ce cas. Votre décision contribuera, si elle est à la faveur du prévenu, à apaiser les esprits», plaide un des avocats. Les manifestants ont accueilli la nouvelle avec satisfaction, en attendant le procès. Les protestataires ont profité de cette occasion pour revendiquer la libération des autres détenus d'opinion et politiques, en promettant de revenir dimanche prochain pour soutenir Djilali Aounit qui est poursuivi, rappelons-le, en vertu des articles 144 et 146 du code pénal. A 60 km au sud de Béjaïa, au même moment, une marche contre le système était organisée dans la commune de Chemini. Les marcheurs revendiquaient la libération des détenus et le départ du système, incarné par le chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah. A Akbou, une marche est programmée pour aujourd'hui, à l'initiative du Comité des citoyens de la Soummam (CCS).