Il y a 25 ans que la légende de la musique raï, le roi du style sentimental, le regretté Cheb Hasni, nous quittait, mort assassiné, une journée funeste du 29 septembre 1994, à Gambetta, à Oran. Pour que nul n'oublie la légende de ce martyr, Cheb Hasni chantait l'amour, Baïda, mon amour, l'espoir, Tal ghiebek ya gh'zali, et les préoccupations de la jeunesse, sa base, Visa, Consulat, El Hada succédée par Mabkatch El Hada. Et puis que la mort cruelle de Hasni ne soit pas vaine. Il faut toujours le rappeler. En Algérie, lors de la décennie noire ou rouge (sang), des chanteurs, des artistes, des poètes, des comédiens, des universitaires, des journalistes, des enfants, des scouts, avaient été tués pour ce qu'ils représentaient la culture. Depuis, sa triste mort, la magie, anachronique, de Hasni opère toujours. Qui ne connaît pas Hasni ? Allez demander dans la rue à une jeune fille ou un jeune homme de 15, 16, 17, 18, 19, 20 ans s'ils écoutent Hasni. Sa musique, sa voix, sa légende les accompagne. Il figure dans la play-list de leurs smarphones. Et puis, Youtube a encore et fortement consolidé sa présence. Hasni est vivant. Il est parmi nous. Ainsi, à l'occasion de ce quart de siècle depuis la disparition tragique et comme à l'accoutumée, un hommage contre l'oubli est organisé depuis quelques jours par l'association Art-culture et protection du patrimoine musical oranais (ACPPMO), sous les auspices de Nasreddine Touil, son membre très actif, très connu de la scène raï sous l'alias «Nasro Apico» en organisant les festivals de raï de 1991 à 2004. L'hommage au regretté Hasni aura lieu au théâtre de Verdure portant le nom de Hasni. C'est un concert qui se déroulera de 16h à 20h, une grande rencontre-débat portant sur la vie et le legs de Hasni. Elle sera enregistrée et filmée pour les archives. Les invités et intervenants sont le frère de Hasni, Houari Chekroun, le parolier, Kader Sonacome, Mohamed Hafsi, pour la première fois, Bachir Pop d'Or, les anciens joueurs de l'ASM, les gens démunis que Hasni a aidés. Et en prime, un tournoi de football «La coupe Chekroun Hasni». Il faut rappeler que le regretté, avant de tâter la chanson raï, avait tâté le terrain. Celui du football. Un bon joueur à l'ASM. A propos de cet hommage rendant modestement hommage à un immense chanteur, Hasni, Nasreddine Touil avait confié, récemment, à El Watan : «Certaines gens, des fois, nous reprochent : pourquoi rien que Hasni ? Il faudrait leur rappeler que Hasni est un martyr. Il n'est pas décédé d'une simple mort. Il est mort au moment où l'Algérie était en guerre. Hasni a été assassiné. Cela pour faire cesser les commentaires de trop à Oran. Celui qui a envie de rendre hommage est le bienvenu, qu'il le fasse, qu'il participe. Aujourd'hui, un hommage à Hasni, demain celui du regretté Cheb Fethi… Travaillons ensemble. Il faut continuer en matière d'hommages. Surtout celui d'Ahmed Wahbi, le maître de la chanson oranaise… Oui, on ne veut pas que cet hommage soit récupéré. Ceux qui viennent sont ceux qui aiment Hasni. Autre chose, il y a les samedis, mardis et vendredis prochains. On ne veut pas d'imposteurs parlant de Hasni…». Et de se souvenir de l'effet «Hasni» et sa légende : «En 1986-87, j'étais directeur d'animation au complexe touristique des Andalouses, à Oran. C'est moi qui l'avais sollicité pour venir y chanter et jouer. Nous étions amis. Une fois, au night club des Andalouses, c'était en 1992, fin 93, je l'ai interpellé pour un soutien à notre association culturelle. Sa réponse fut une question : ‘‘Tu as besoin de quoi ?'' Je l'invitais à participer au Festival du raï. Hasni était le premier à se manifester et à confirmer sa présence. Mais il nous demandera aimablement de passer le dernier jour. Et quand on a annoncé Hasni au programme du festival, il y eut un tel engouement. Il venait de propulser le festival du raï. Une ruée du public, une forte participation des journalistes nationaux et internationaux. C'est depuis le passage de Hasni que le festival a pris de l'importance. Cela a drainé un monde fou. Les spectateurs avaient submergé le théâtre de Verdure d'Oran. Les gens avaient débordé des gradins pour investir l'enceinte de cette structure. C'est vrai, Hasni a aidé le festival du raï d'Oran. C'est pour cela qu'à chaque date d'anniversaire du regretté Hasni, je le prépare. Nous ne demandons pas d'aide financière mais plutôt de soutien…». Bref, honorons la mémoire de Cheb Hasni, ce martyr, tout comme le grand et regretté Matoub Lounès.
