«Je dois vous dire que même si je suis élu Président, je ne pourrai rien faire dans les conditions actuelles», déclare celui qui est considéré comme «le père des réformes démocratiques» nées au lendemain des événements d'Octobre 1988. L'ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche a déclaré qu'il ne peut pas s'avancer avant qu'il y ait un changement réel des conditions. L'ancien chef de gouvernement (1989-1990), Mouloud Hamrouche, refuse de donner des illusions à ses fans qui le sollicitent ardemment pour prendre part à la prochaine élection présidentielle. Ayant reçu, hier, devant sa maison à Alger, une partie d'entre eux, l'homme n'a pas choisi d'aller par des détours pour leur expliquer qu'il ne sert à rien de prendre part à cette compétition et même de la gagner dans les conditions actuelles. «Merci beaucoup pour votre initiative et les efforts que vous avez consentis. J'ai souhaité répondre favorablement à votre sollicitation, mais pour cela, il faut dire la vérité. Il ne sert à rien de vendre des chimères, parce que la responsabilité doit être assumée entièrement du début jusqu'à la fin», explique-t-il d'emblée. Et d'enchaîner : «Vous allez me demander des comptes après. Et je ne pourrai pas vous dire que je n'ai rien pu faire. J'ai toujours dit qu'il faut me demander des comptes en tant que responsable. J'étais le premier à avoir demandé à rendre des comptes, une année après avoir pris la tête du gouvernement.» L'ancien chef de l'Exécutif informe également ses supporters qu'il ne peut pas s'avancer avant qu'il y ait un changement réel des conditions. «Je ne peux pas vous faire une promesse de me porter candidat dès aujourd'hui. S'il y a changement des conditions, peut-être», déclare-t-il. Et face à l'insistance de ses invités du jour, il fait une demi-concession. «La porte reste ouverte, l'espoir demeure» «La porte reste ouverte. Elle ne sera jamais fermée. L'espoir demeure toujours. Je suis un militant. Certes, les horizons sont bouchés, mais si l'occasion se présente à moi pour sauver l'Algerie, je le ferai sans hésitation», lance-t-il. Celui qui est qualifié de «père des réformes démocratiques» du début des années 1990 insiste sur la nécessité de dire la vérité sur la situation actuelle. «Ce que je dis n'est pas toute la vérité, mais c'est une partie de celle-ci. C'est pourquoi je dois vous dire que même si je suis élu Président, je ne pourrai rien faire dans les conditions actuelles. Vous allez à ce moment-là me demander des comptes. Alors, je préfère ne pas vous tromper. Je sais, dès aujourd'hui, ce qui va se passer», déclare-t-il. Poursuivant, Mouloud Hamrouche précise qu'il n'a «jamais abandonné le militantisme». «Même si je suis chez moi, j'écris de temps à autre et j'attire l'attention (des dirigeants) parfois. Je le fais même indirectement», souligne-t-il. L'ancien candidat à la présidentielle de 1999, avant de se retirer en compagnie de cinq autres prétendants, estime que le hirak du 22 Février a donné l'occasion d'ouvrir une nouvelle page pour l'édification d'une nouvelle Algérie. «Le peuple sorti le 22 février dernier nous a donné une occasion, comme il a donné une chance au régime et à l'Etat pour tourner la page de 30 ans de terrorisme et de corruption. C'est une opportunité pour tourner la page et construire un nouvel Etat», souligne-t-il. Selon lui, il y a présentement «un projet qui s'appelle l'Etat algérien». «Malheureusement, dans les conditions actuelles, je vous mentirais si je vous dis que je vais réaliser ce projet. Je dis cela pour que les choses soient claires», indique-t-il, en précisant : «Je n'ai pas l'habitude de jouer à l'hypocrisie et de mentir aux gens.»