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SID-AHMED GHOZALI AU SOIR D'ALG�RIE
Histoire des nationalisations, politique p�troli�re et bonne gouvernance - 15e partie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 03 - 2008

�J�ai entendu plus d�une fois le pr�sident Chadli dire � ses h�tes : �Vous ne cessez de r�p�ter que Gorbatchev est le r�formateur du si�cle. Mais en Alg�rie, c�est en 1980 que j�ai initi� les r�formes, dix ans avant Gorbatchev !�
Entretien r�alis� par Mohamed Chafik Mesbah
Mohamed Chafik Mesbah : A propos du pr�sident Chadli, comment jugez-vous, a posteriori, sa position vis-�-vis de ce qui fut appel� �le programme de r�formes�. Il �tait v�ritablement impr�gn� de ces r�formes ou bien a-t-il suivi seulement la vague ?
Sid-Ahmed Ghozali : Je ne peux pas vous dire. Pour avoir �t� associ� � toutes ses rencontres avec les visiteurs �trangers, je l�ai entendu plus d�une fois dire � ses h�tes : �Vous ne cessez de r�p�ter que Gorbatchev est le r�formateur du si�cle. Mais en Alg�rie, c�est en 1980 que j�ai initi� les r�formes, dix ans avant Gorbatchev !� Mais de quelles r�formes parlons-nous au juste ? Franchement, je ne sais pas. Quant � ce que vous appelez le programme de r�formes ? Dites-moi quelles sont ces r�formes ? Quelles sont leurs traces sur notre vie �conomique, sur nos institutions, sur notre vie politique et culturelle ? Alors je pourrai vous donner des r�ponses. Rendez-vous compte. Il a �t� m�sus� du concept de r�forme comme d�une machine � produire des anath�mes ou des slogans au service d�une strat�gie de prise de pouvoir. Tout le monde a oubli� les divisions artificiellement cr��es au sein du FLN entre �r�formateurs� et �conservateurs� entre 1988 et 1990 : elles ne proc�dent pas, pourtant, d�une g�n�ration spontan�e. En v�rit�, aucun syst�me de r�forme digne de ce nom ne peut faire l��conomie de la mesure pr�alable qui consiste � traiter la question de la corruption.
Quel rapport entre les r�formes et la corruption ?
La transparence dans la lutte contre la corruption, voil� la m�re des r�formes, et je m�explique. Je prends l�exemple de l�affaire dite des 26 milliards laquelle s�est d�clar�e en 1990, je vous le rappelle, sous le gouvernement pr�tendu r�formateur. L�opinion a imm�diatement accept� pour �argent comptant� cette th�se des 26 milliards qui se sont imm�diatement grav�s dans les m�moires comme le �symbole de la corruption du r�gime durant la d�cennie 1980�. Vingt ann�es plus tard, allez expliquer � une population nouvelle pour laquelle ce chiffre, devenu entre-temps le nom d�un boulevard dans la capitale, allez donc, dis-je, expliquer que ce chiffre a �t� balanc� avec la plus extr�me des l�g�ret�s par celui-l� m�me sous la responsabilit� duquel la pr�tendue corruption qu�il �d�nonce� a s�vi. Celui qui aurait d�, selon ses propres d�clarations, �tre l�accus�, est imm�diatement pass� de mani�re subliminale au statut de justicier et d�accusateur : Abdelhamid Brahimi, inventeur du chiffre de 26 milliards et membre du comit� central du FLN, ne fut invit� par aucune autorit� de l��poque, ni le chef du gouvernement ni le FLN, � s�expliquer. J��tais ministre des Affaires �trang�res et membre �ph�m�re au bureau politique du FLN. J�avais dit : �De deux choses l�une, ou ce que dit Abdelhamid Brahimi est faux et il doit r�pondre devant la justice d�avoir menti aussi gravement ; ou ce qu�il dit est juste et il doit r�pondre d�avoir laiss� faire car cela s�est pass� durant la p�riode o� il �tait le patron absolu de l��conomie.� Suite � mes protestations, moi qui �tais pourtant le moins susceptible de me sentir concern� par les pr�tendues turpitudes des ann�es 1980 durant lesquelles j��tais en travers�e du d�sert et en tout cas �loign� de tout centre de d�cision, il y a bien eu cette commission d�enqu�te symbolique cr��e � la va-vite par l�APN. Abdelhamid Brahimi y alla pour justifier vainement son chiffre et en profita pour t�moigner � charge� contre le pr�sident. Et l� non plus rien. Ni r�action ni mesure, ni aucune autre suite. De la m�me mani�re quand un ancien chef d��tat �pr�tait� publiquement au successeur de Boumedi�ne 15 milliards de dollars (sic), une seule voix s��tait �lev�e pour protester : la mienne. J��tais alors chef du gouvernement et avais dit ma r�probation au cours de l��mission �Mir�at� (miroir) de la Cha�ne I. Et c�est ainsi que je fis une proposition de loi sur le mensonge en politique, un projet qui fut imm�diatement mis sous le boisseau, autrement dit enterr�. Pourquoi ai-je r�agi ? Parce c�e�t �t� faire acte d�irresponsabilit� que de se taire � l��coute de ces milliards de dollars qu�on balance sans preuve pour l�ser l�int�grit� des personnes et d�t�riorer en fin de compte et de mani�re durable la relation entre les citoyens et la chose publique. C�est ce qui peut advenir de pire � une soci�t�. Or, si le pr�sident Chadli Bendjedid s�est trouv� lui-m�me depuis son deuxi�me mandat cibl� par cette valse des milliards de dollars que l�on a pr�t�s � une interminable liste d�hommes publics et de cadres dirigeants, c�est bien sous sa propre pr�sidence et d�s son premier mandat qu�elle s�est d�clench�e et amplifi�e. Je ne veux pas faire ici une quelconque allusion � la fable de �l�arroseur arros�, mais plus gravement noter en premier lieu qu�� force de mettre dans le m�me sac les hommes publics, sans distinction entre le bon grain et l�ivraie, et faire accroire � l�opinion publique qu�ils sont tous corrompus, on ne ferait pas mieux pour couvrir la vraie grande corruption. Je veux surtout, � travers un �nonc� de la probl�matique de la corruption, souligner que la m�re des r�formes, quand r�forme il y a vraiment, consiste pour les pouvoirs publics, d�abord � s�assurer la participation active et critique des citoyens � l��uvre de r�g�n�ration des �nergies cr�atrices nationales. Cette r�g�n�ration qui doit �tre le but strat�gique de toute r�forme authentique, n�est possible que par une cr�dibilisation des institutions et des hommes, par une n�cessaire r�conciliation entre les citoyens et la chose publique en g�n�ral, entre le citoyen et les pouvoirs publics en particulier. Or, seul le fonctionnement transparent d�un syst�me de contr�le par la voie de structures publiques totalement ind�pendantes du pouvoir ex�cutif, de structures reconnues comme telles par l�opinion publique et donc cr�dibles, seule donc la pratique permanente de cette transparence-l� est � m�me de prot�ger les cadres dirigeants int�gres, � la fois contre la calomnie et le discr�dit et contre la tentation de transgresser les r�gles de l��thique et de la morale en mati�re d�action publique. Tout le reste est litt�rature ou, comme je l�ai dit et soulign�, instrumentalisation du concept de r�formes au profit de desseins politiques personnels.
Consid�rez vous que nul effort significatif n�a �t� engag� dans la voie de cette moralisation de la vie publique ?
Je prendrai deux ou trois autres exemples concrets. Il a �t� mis en honneur durant les d�cennies 1970 et 1980 les trois crit�res �d�int�grit�, de comp�tence et d�engagement� suivis de celui de �l�homme qu�il faut � la place qu�il faut�. Faute de l�accompagnement institutionnel de ces crit�res, un accompagnement n�cessaire � leur cr�dibilisation, ils sont demeur�s en l��tat de mots d�ordre ou de slogans. Aux Etats- Unis, les nominations par le pr�sident � tous les hauts postes de la Fonction publique ne sont valid�es qu�apr�s un �examen de passage� devant une commission ad hoc du congr�s : les candidats pr�pos�s � ces nominations r�pondent ainsi, parfois durant des semaines, � des questions sur leurs connaissances du domaine de leurs futures comp�tences comme sur leur vie priv�e et leur fortune, en public et sous couverture en direct de la t�l�vision. Le syst�me am�ricain rend ainsi l�opinion et ses repr�sentants �lus, t�moins directs donc juges ind�pendamment de l�ex�cutif de la conformit� des nominations avec les crit�res en vigueur dans la soci�t� et dans l�administration. Aux Etats-Unis, il n�y a aucun tabou en mati�re de fortune ou de r�mun�ration. Sauf dans les milieux mafieux ou du grand banditisme, tout est sur la table. Dans les citations d�hommes publics, dans les journaux ou dans les biographies et autres, on va m�me jusqu�� faire suivre syst�matiquement le nom et l��ge de la personne cit�e, du montant de la r�mun�ration annuelle et, des fois, de sa fortune. C�est l�-bas une pratique �tablie depuis des lustres. Toute d�claration mensong�re quand elle est un parjure est punie par la loi par des peines tr�s s�v�res, qui vont jusqu�� �l�impeachment�c'est-�-dire, dans un r�gime pourtant pr�sidentiel comme celui des Etats-Unis, � chasser un pr�sident �lu ou tel haut commis �lu ou d�sign�. C�est arriv� avec Richard Nixon. Bill Clinton y a �chapp� de peu, non pour avoir eu une l�g�re relation avec une stagiaire mais d�avoir menti� sur la nature de ladite relation. Un autre exemple, pris en Alg�rie : une loi de la mi-d�cennie 1990 oblige tout candidat aux pr�sidentielles ou � un poste gouvernemental, � faire une d�claration de patrimoine mobilier et immobilier. Le seul fait que ce f�t con�u comme une d�claration unilat�rale, c'est-�-dire non soumise � contr�le public institutionnel ind�pendant, a priv� d�embl�e cette mesure de toute cr�dibilit� aux yeux de l�opinion. Si vous ajoutez que toutes les d�clarations faites �taient manifestement fausses, cela n�a gu�re contribu� qu�� accro�tre la d�rision dont ces m�mes d�clarations ont �t� entour�es par l�opinion publique.
Je vais me hasarder � vous poser la m�me question que celle relative � Kasdi Merbah sur les conditions du d�part de Mouloud Hamrouche. C��tait un d�part naturel, allais-je dire, ou provoqu� ?
C�est fifty-fifty. J�ignore l�existence d�une lettre de d�mission de sa part. On m�a dit qu�il a �t� d�missionn�. L��volution des choses conduit � voir que la r�alit� est plus subtile que �a. Quand on �voque, en effet, ceux qui �taient derri�re la conception du discours du 19 septembre 1988 qui mettait les �checs de la d�cennie 1980 sur le dos du FLN, et ceux qui ont obtenu le limogeage de Kasdi Merbah, ce sont les m�mes forces informelles des arcanes du pouvoir que l�on �voque. Je n�exclus donc ni l�hypoth�se d�un probl�me de loyaut� quelque part, le long d�une ligne de clivage au sein du microcosme civil et militaire, ni m�me celle d�une d�mission qui aurait �t� �concert�e� aux fins de blanchir le sacrifi� d�octobre 1988, le FLN et de le remplacer par un nouveau bouc �missaire. Lequel serait� le gouvernement Ghozali, par exemple ? Du temps o� j��tais aux Affaires �trang�res, le chef du gouvernement, � peine install� dans ses fonctions, semble avoir suscit� des questionnements dans certains milieux de la D�fense. J��tais pr�sent au Conseil des ministres o� il a d�nonc� les services de la D�fense comme �tant la source d�attaques contre son gouvernement pour obtenir aussit�t le d�part du responsable desdits services. C�est un fait unique dans les initiatives et les pouvoirs des chefs de gouvernement depuis l�amendement de la Constitution de novembre 1988. De surcro�t, l�opacit� dans les actions �conomiques et financi�res du chef du gouvernement et dans ses initiatives politiques semble avoir pr�occup� le ministre de la D�fense au point de s�en montrer suffisamment alarm� aupr�s du pr�sident, puisque c�est une s�ance d��explications� qui fut tenue � la pr�sidence, d�un c�t� les chefs du parti et du gouvernement accompagn�s des ministres de l�Int�rieur et des Finances, et de l�autre c�t� de la table, le directeur de cabinet et deux conseillers du pr�sident, ainsi que les ministres de la D�fense et des Affaires �trang�res. Les questions port�rent sur la situation financi�re du pays, sur les pr�paratifs des �lections communales et sur les tractations politiques qui tournaient autour des futures �lections l�gislatives. Apr�s quelques r�ponses tr�s �vasives, donn�es dans une atmosph�re d�une grande froideur, la s�ance tournait court et se soldait rapidement par une sorte de fin de non-recevoir � la question pos�e : �O� allons-nous ?�.
A ce propos, un conflit apparent vous a oppos� � la direction politique du FLN de l��poque. S�agit-il d�un diff�rend d�ordre doctrinal, portant sur le mode de gestion de l�islamisme politique, ou bien d�une rivalit� fond�e sur une ambition de pouvoir ?
Une ambition de pouvoir de mon c�t� ou du c�t� de mon gouvernement ? Jusqu�� 1998, c�est un pr�suppos� et un pr�jug�. Une rivalit� entre quiconque au sein du FLN et moi ? C�est une fable. Un conflit avec le FLN ? C�est une supercherie : j��tais membre du comit� central jusqu�� ma d�mission du comit� central et mon d�part du gouvernement en juillet 1992. Si vous consid�rez l��crasante majorit� du FLN, de sa direction politique, de ses d�put�s et autres �lus, je n�ai pas eu de conflit avec ce parti, ni avant, ni pendant, ni apr�s ma mission. Des diff�rends avec le FLN ? Non jamais. J�ai d�missionn� du comit� central en m�me temps que du gouvernement en juillet 1992. Par contre, il y a eu une d�sinformation active sur une vaste �chelle aux initiatives d�un r�seau occulte et au profit d�un projet politique structur� autour d�une ambition de pouvoir, aux fins de discr�diter un chef de gouvernement aux mains nues et agissant � visage d�couvert. Mon opposition au FLN ? C�est une contrev�rit�, sauf � assimiler ind�ment � une opposition au FLN ma d�sapprobation des pratiques du r�seau que je n�ai cess� de d�noncer, y compris en mon ancienne qualit� de ministre des Affaires �trang�res. Les archives de l�APN et des m�dias audiovisuels en attestent. �Parler d�une inimiti� de ma part vis-�-vis de Mouloud Hamrouche, d�une comp�tition ou d�une rivalit� mutuelle est absurde et insens�. C�est une mystification.�
De quel r�seau parlez-vous ?
J�y reviendrai. Je continue, donc, mon argumentation. Le FLN s�est-il oppos� � moi ? La d�claration publique : �Nous sommes maintenant dans l�opposition�, une premi�re dans l�histoire du parti du FLN, �tait une d�claration personnelle de son auteur et n�exprimait nullement la position majoritaire du FLN. Sinon pourquoi les d�put�s FLN ont-ils vot� tous les textes pr�sent�s par le gouvernement durant les six derniers mois de la l�gislature ? Seuls les deux projets de loi sur le mensonge en politique et sur le mode de scrutin proportionnel propos� de concert avec les partis ont �t�, le premier enterr�, et le second, amend� au profit du mode de scrutin majoritaire. La direction politique du FLN s�est-elle oppos�e � moi ? C�est encore une fois une mystification, si vous visez l��crasante majorit� du bureau politique, du comit� central (dont j��tais membre) et des d�put�s de l�APN. Ai-je combattu le FLN ou l�un quelconque de sa direction politique ? Non jamais : les archives de l�APN et m�diatiques audiovisuelles sont l� pour en attester. J�ai, au contraire, d�fendu l�honneur du FLN et d�nonc� l�injustice qu�on lui avait faite dans le pass�, notamment en octobre 1988, quand il fut ind�ment montr� comme responsable de nos malheurs. En r�union au comit� central, j�ai demand� � la direction du FLN �de se d�marquer autant de mon gouvernement que des gouvernements pr�c�dents�. Ai- je combattu ou noirci le bilan ou l�action du gouvernement qui a pr�c�d� le mien ? Jamais : les archives de l�APN et m�diatiques audiovisuelles sont l� pour prouver ce que je vous dis. Selon votre question, il y aurait eu un conflit entre deux acteurs institutionnels et une rivalit� entre deux ambitions personnelles de pouvoir. Or, s�agissant des acteurs institutionnels, ils �taient visibles et agissaient � ciel ouvert : le gouvernement �tait tout � ses activit�s et sa mission ; la direction politique du FLN ainsi que ses �lus �taient eux aussi � leurs activit�s normales. Mais il y avait aussi un troisi�me acteur, mon pr�d�cesseur au gouvernement qui agissait, � l�abri de groupements informels, tiss�s depuis la mid�cennie 1980 en un r�seau aussi informel, autour d�un projet de pouvoir. Nous y voil�, donc, au r�seau sur lequel vous vous interrogiez. Usant de moyens du FLN, de son nom et de ses structures, ainsi que d�autres ressources puis�es au sein des m�dias publics et priv�s ou des services de s�curit�, ledit r�seau s�est employ� � d�stabiliser et ou � d�cr�dibiliser quiconque se trouvait hors de son contr�le ou s�aventurait sur son terrain de chasse. Main basse faite sur des moyens de presse, ledit r�seau a beau jeu de faire dire anonymement ce qu�il veut comme extravagances, contrev�rit�s et clich�s qu�il fabrique et diffuse sous formes d��crits ou de rumeurs. Tout a �t� colport� sur des mois et relay� innocemment sur des ann�es, devenant �v�rit�s� commun�ment admises ou id�es re�ues. D�o� notamment les pr�suppos�s de votre question. J�ai �voqu� cela � visage d�couvert dans mon discours programme et d�sign� le r�seau comme �forces responsables de la situation de d�tresse dans laquelle s�est trouv� le peuple alg�rien en 1988-1991� tout en pr�cisant que je �ne visais nullement le FLN en tant que tel�. D�crypter une situation aussi d�lib�r�ment brouill�e ici et maintenant, on ne peut qu�en dire trop ou pas assez. Je n�ai � blesser personne, ce n�est pas mon �thique. La v�rit� pr�vaudra de toute fa�on avec ou sans moi. Si c�est si important, pourquoi ne pas confier � des universitaires en sciences politiques et sociales d��plucher les archives de l�APN et les documents audiovisuels de l��poque, les discours et d�bats au sein de l�APN et aux rencontres avec les partis pour d�gager la v�rit� des scories qui l�ensevelissent ? J�aurais pr�f�r� en rester � mes affirmations contre les leurs, sans plus d�explication. Car j�ai conscience que le seul fait d�accepter de r�pondre � votre question me fait rentrer dans un jeu politicien st�rile des deux poids et deux mesures.
Ce n�est pas pour le plaisir que je vous pose ces questions. L�opinion publique a droit � un �clairage provenant d�une source authentique et responsable sur cette p�riode de l�histoire nationale�
Je m�y pr�te volontiers sauf que j�aurais souhait� un d�bat focalis� sur les id�es et les faits, pas sur les hommes. Mais, soit vous faites r�f�rence � l�ambition de pouvoir en 1991, c�est bien Mouloud Hamrouche et ou moi-m�me que vous visez, n�est-ce pas ? Alors mettons � plat, l�, cette hypoth�se des ambitions qui brouille tant le reste. Je ne nourris aucune pr�vention de principe envers toute aspiration de quiconque � acc�der � la magistrature supr�me, m�me s�il ne suffit pas, pour s�en montrer digne, de d�sirer fortement la haute fonction et par tous les moyens. Bien que je n�aie �t� habit� par aucun complexe vis-�-vis de la haute fonction publique, il se trouve, que de mon c�t�, ce genre de pr�tention n�a effleur� mon esprit la premi�re fois qu�en octobre 1998 apr�s que fut annonc�e l�anticipation des �lections pr�sidentielles. Dans une contribution parue le 9 janvier 1999 dans les trois quotidiens, El Khabar, Libert� et El Watan, j�avais expos� �les id�es que j�avancerais et d�fendrais, si toutefois le contexte national m�autorisait � concourir � la comp�tition nationale et si comp�tition il y a...� En 1991, il ne pouvait donc �tre question de concurrence entre une ambition qui n�existait gu�re avec une autre ambition qui elle �tait d�j� l�, courante et activiste. Laissons donc le deuxi�me volet de votre question � ceux qui ont confectionn� la fable de la rivalit� de personnes instillant dans les esprits � force de mystifications r�p�t�es. Entre le r�seau et moi � je le souligne, jamais entre le FLN en tant que tel et moi-m�me �, il existait, en effet, des diff�rences majeures de nature et de contenus de projets ainsi qu�un ab�me en mati�re d��thique et de morale en politique. J�admets que l�on puisse consid�rer comme un manque d�habilet� politique de ma part le fait de m��tre toujours d�marqu� d�un jeu politicien o� j�ai paru m�l�. C�est ainsi que je suis, m�me si c�est l� une d�marche qui n�est pas politiquement rentable. Je consid�re ce jeu comme mensonger et irresponsable, nuisible aux int�r�ts du pays.
Abdelhamid Mehri parlait � tort, dites-vous, d�un �combat de coqs� pour �voquer vos rapports avec Mouloud Hamrouche. Ce qui vous opposait � votre pr�d�cesseur � la t�te du gouvernement, c�est un combat entre deux projets politiques contradictoires ou une simple lutte pour le pouvoir ?
Vous revenez � la charge. Vous ne trouvez pas les discussions sur cette question plut�t byzantines ? Question projets ? Mon pr�d�cesseur au gouvernement et moi-m�me �tions dans des logiques qui �taient de natures incommensurables entre elles, lui dans une logique sous-tendue par un projet de carri�re personnelle enrob� dans une posture fumeuse de pr�tendues r�formes, moi dans une logique de projet social et de service public exempt de toute pr�occupation de carri�re. Dans ma contribution du 9 janvier 1999, j��voquais l�hypoth�se o� il n�y aurait pas comp�tition et j�indiquais que je continuerais l�action publique en �donnant la main � un grand nombre d�Alg�riens qui ne demandent qu�� contribuer, de l� o� ils vivent, en Alg�rie ou � l��tranger, avec leurs moyens propres, � la r��criture de l�espoir�. Je concluais ma contribution en indiquant : �La pr�sidence de la R�publique n��tait pas le seul endroit ni la seule fa�on, loin s�en faut, o� on peut servir ce pays.� J�ai �t� en d�saccord avec les m�thodes politiciennes et immorales du r�seau, comme je l�ai d�nomm�, c�est connu. En supposant que je fusse un �coq� je n�ai jamais pour autant combattu l�autre �coq� d�une quelconque fa�on : j�ai offert au pr�sident de quitter son gouvernement. Rien de plus. Je n�ai entrepris aucune action hostile contre lui, jamais, et encore moins eu recours contre lui � des moyens tordus qui ne sont pas de ma culture. Le discours programme prononc� � la tribune de l�APN, traitait, en 52 pages et 36 chapitres, des choix propos�s par mon gouvernement sur tous les aspects de la vie politique, �conomique, sociale et culturelle du pays, comme ne l�a fait aucun gouvernement de la R�publique. Ce programme �tait tellement centr� sur les vrais probl�mes pr�sents et � venir du pays, que certains d�put�s ont cru devoir m�interpeller : �Vous nous avez dit que vous �tiez l� pour pr�parer en six mois les �lections l�gislatives et voil� que vous nous pr�sentez un programme comme si vous alliez �tre l� pour l��ternit� !� Le discours programme appelait � consolider les acquis, � compl�ter les actions qui n�ont pu �tre r�alis�es et � corriger et � am�liorer celles qui, pour de diff�rentes raisons, n�ont pas obtenu les effets positifs escompt�s. Avec pour ambition d��tablir la saine tradition qui consiste � proc�der r�guli�rement � l��tablissement de l��valuation objective de la situation r�elle du pays dans tous les secteurs (�) par des autorit�s ind�pendantes du pouvoir Est-ce l� le discours de quelqu�un qui �ne regarde que le r�troviseur�, qui fait un bilan n�gatif de ses pr�d�cesseurs comme l�a pr�tendu le r�seau ? Le fait de fournir des indicateurs financiers officielles �l�mentaires (endettement, r�serves de changes probl�matiques du FMI et du r��chelonnement) aux partis, aux institutions et � l�opinion est jug� insupportable par ceuxl� m�mes qui les ont cach�es aux d�put�s, aux ministres et m�me au pr�sident de la R�publique. Comment peut-on �tre � ce point ennemi de la transparence, m�re de toutes les r�formes authentiques et pr�tendre en m�me temps d�tenir le monopole des r�formes ? Ou alors sommes-nous en pr�sence d�une pr�tendue r�forme qui n�est qu�un habit que l�on arbore comme un chiffon avec lequel on parade avec ostentation ? Ou comme un cache-mis�re de la pens�e politique, � l�abri duquel on s�autorise au passage toutes les turpitudes ? Vos lecteurs jugeront. Je n�ai pas eu l�id�e d��tre chef de gouvernement ; je n�ai �t� nullement sollicit� dans ce sens, jusqu�� ce jour du 4 juin 1991 o� le Pr�sident me pressentit pour les fonctions de chef de gouvernement, dans les conditions que j�ai relat�es pr�c�demment. Contrairement � la pr�tention absurde de mon pr�d�cesseur, je n�ai �videmment pas complot� pour �tre ministre ou chef de gouvernement, encore moins pour �tre pr�sident de la R�publique. Le lendemain du retour de Mohamed Boudiaf en Alg�rie, la presse a publi� cette d�claration d�un haut dignitaire du r�gime �C�est le roi Michel� Il en a pour un mois.� Rivalit� personnelle ? Lutte pour le pouvoir ? Regardez les itin�raires des uns et des autres, vous n�y trouverez sur 25 ann�es aucune situation, aucune motivation aucun sens possible � une quelconque id�e de rivalit� ou d�inimiti� personnelles entre Mouloud Hamrouche et moi. Sous la pr�sidence de Houari Boumedi�ne, puis celle de Chadli Bendjedid lorsque j�effectuais ma travers�e du d�sert, nos itin�raires se sont si peu crois�s, � proprement parler. Lors de ma mission de ministre des Finances durant la deuxi�me p�riode de la pr�sidence de Chadli Bendjedid, J�y suis venu contraint et forc�, rappelez-vous. Pour cette courte p�riode, je vous ai narr� les seuls soucis que je partageais avec Kasdi Merbah et les autres camarades ministres, c'est-�-dire la situation �conomique et sociale du pays. Mouloud Hamrouche �tait tout � son affaire du moment, � savoir l��limination de Kasdi Merbah, l�obstacle le plus ��vident�, pour ne pas dire d�clar�, sur son chemin vers le destin national. Est-ce � ce moment qu�il a commenc� � me voir moi aussi comme un autre obstacle au moins potentiel ? C�est bien possible. A sa nomination comme successeur de Kasdi Merbah, j��tais d�j� partant des Finances, j�ai dit dans quelles circonstances. Nomm� aux Affaires �trang�res par le pr�sident, je me trouvai dans une situation o� j��tais en porte-�-faux, j�ai offert de tirer ma r�v�rence. Rien d�autre. Je n�ai men� aucun combat contre mon pr�tendu rival. Et bien entendu je n�ai jamais agi contre sa personne en quoi que soit, ni encore moins par l�injure ni par la calomnie, ni par voie de machination. Je n�en ai ni la culture ni l�envie, ni les r�seaux. Il faut dire les choses telles qu�elles se sont pass�es. Last but not least,il se dit �enfant du syst�me� avec tout ce que cela implique comme avantages et comme inconv�nients. Je me d�finis tout autrement. Je revendique mon ind�pendance et mon appartenance exclusive � l�Alg�rie. Une situation que j�assume pleinement. Parler d�une inimiti� de ma part ou d�une comp�tition ou d�une rivalit� mutuelle est absurde et insens�. C�est une mystification.
Je suppose que nous en avons termin� avec cet aspect. Justement, avec l�ancien secr�taire g�n�ral du FLN, Abdelhamid Mehri, vous avez rencontr� de l�hostilit� ?
J�ai le plus grand respect pour la personne de Abdelhamid Mehri et n�ai nourri aucune forme d�inimiti� ou de ressentiment � son encontre. Il est un de mes a�n�s et une personne historique de notre lutte de Lib�ration, respectable et respect�e. Aux moments les plus forts de nos divergences, artificielles pour la plupart, je ne l�ai nullement per�u en adversaire ni ne me suis comport� comme tel � son �gard. Je ne lui ai jamais imput� la responsabilit� de mes d�boires. Ces d�boires furent le fait, non point du FLN mais d�un groupe qui a usurp� des structures du FLN et une part de ses moyens. Je n�ai pas per�u Abdelhamid Mehri comme un adversaire encore moins comme un ennemi, ni au moment de mon exclusion en 1980 ni quand j��tais ministre des Affaires �trang�res, ni quand j��tais chef du gouvernement. Je l�ai toujours regard� comme un personnage d�une honn�tet� morale et politique impeccable, m�me quand je juge qu�il a �t� tromp� � mon �gard, en plusieurs circonstances : dans sa compr�hension de ladite affaire El Paso, dans son acceptation de l�id�e de rivalit� d�ambitions personnelles avec Mouloud Hamrouche (�un combat de coqs� disait-il) ; dans les pr�tendues intentions malignes de noircir la situation qui ont �t� pr�t�es aux expos�s que j�ai sur la situation financi�re du pays aux d�put�s en juillet 1991 � les archives de l�APN sur les d�bats l�vent tout doute au sujet de telles intentions �, dans ma pr�tendue volont� de faire passer les candidats ind�pendants au d�triment de ceux du FLN. En novembre 1991, c�est moi qui ai fait la plus grande campagne en faveur du FLN � travers le territoire national. T�moins ceux qui m�ont accompagn� dans ma grande tourn�e de l��poque � travers tout le territoire; notamment Ali Kafi, secr�taire g�n�ral de l�Organisation des moudjahidine, et Abdelaziz Bouteflika, membre � l��poque comme moi du comit� central du FLN. J�ai vot� dans ma circonscription pour le candidat FLN, une personne que je ne connaissais ni d�Eve ni d�Adam. Le fait que je ne croyais pas aux chances du FLN, un sentiment que connaissait bien Abdelhamid Mehri, n�impliquait pas mon inimiti� vis-�-vis d�un parti auquel j�appartenais encore. Par ailleurs, si mon gouvernement s�est voulu ind�pendant de tous les partis, ce n��tait pas par d�fiance ni ostracisme envers le FLN (j�avais maintenu au gouvernement trois membres de la direction politique du FLN, � titre personnel), mais pour que le gouvernement ne f�t pas suspect� par les autres partis de favoritisme dans la pr�paration des �lections. Au demeurant, j�ai cru comprendre que cela concordait avec la volont� de Abdelhamid Mehri, premier responsable du FLN, qui m�avait dit lors de mes consultations avec lui au si�ge de la pr�sidence de la R�publique, qu�il ne souhaitait pas que le parti f�t impliqu� dans la formation du gouvernement. Pour les m�mes raisons j�ai en m�me temps pris l�engagement qu�aucun de mes ministres ne serait candidat aux �lections l�gislatives.
M. C. M.


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