Le président tunisien fraîchement élu, Kaïs Saïed, a prêté hier serment devant l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et prononcé le discours d'inauguration de sa présidence. Le président Saïed a surtout promis d'éloigner les structures de l'Etat des tiraillements politiques, de préserver les deniers publics, de valoriser les sacrifices des martyrs de la nation, de préserver les acquis de la femme, de faire face au terrorisme et d'anéantir la pauvreté. Au-delà des principes généraux de justice et d'équité, le président Saïed a voulu faire passer un message de rupture avec les Présidents l'ayant précédé, même ceux de la IIe République, notamment par rapport au peuple. «Ses espoirs sont grands et ses droits sont légitimes», a-t-il souligné en estimant qu'«il est grand temps pour réaliser les espoirs du peuple, en liberté et dignité, et d'instaurer une nouvelle relation entre les gouvernants et les gouvernés». Kaïs Saïed considère que le peuple tunisien «a accompli une véritable révolution avec des outils légaux, ainsi qu'une révolution culturelle, sans précédent, nécessitant de réviser les doctrines». Le président tunisien pense que le processus révolutionnaire en Tunisie intéresse les historiens et les experts par sa spécificité et qu'il fait déjà l'objet de leurs études. Pour la réalisation, Kaïs Saïed a appelé à la revalorisation de l'esprit du travail, pour construire, ensemble, la nouvelle Tunisie, en associant les organisations nationales. Il a lancé un mot d'ordre de «don», au profit de la nation et proposé de «faire don d'une journée de travail par mois, pendant cinq ans, pour réduire l'endettement extérieur de la Tunisie». Une proposition qui a soulevé un tollé sur la Toile. La majorité des réactions, UGTT comprise, considère qu'il faut, plutôt, réfléchir à créer les richesses, que d'en priver les plus démunis. Rupture Kaïs Saïed a soulevé les applaudissements de toute la coupole, en insistant sur les principes fondamentaux, qui vont guider sa mission à la tête de la République, notamment lorsqu'il a parlé de son attachement aux acquis de la femme et à l'amélioration de sa situation économique et sociale, «dans le cadre de l'équité». Les propos sont importants, parce qu'ils ne correspondent pas avec ceux de certains partis politiques qui l'ont soutenu, comme l'Alliance de la dignité. Le principe d'équité est cher au nouveau président Saïed, contrastant avec le principe de l'égalité, prôné par la société civile en Tunisie et l'ex-président, Béji Caïd Essebsi. Principes Des tonnerres d'applaudissements ont envahi la salle, lorsque le nouveau Président a soulevé les questions de la bonne gestion des deniers de l'Etat, de façon que «chaque millime du Trésor public aille à sa place», ainsi que celle de la lutte contre le terrorisme, en saluant, au passage, les efforts de l'Armée nationale, des forces de Sécurité intérieure et de la Douane contre ce fléau dévastateur. Hier, le discours du président Saïed était adressé au peuple tunisien qui l'a élu. C'était donc surtout des propos de politique interne. Il a néanmoins rappelé son attachement à la cause palestinienne, indiquant au passage qu'il n'est pas contre les juifs, mais contre les racistes sionistes. Le mufti de la République, l'archevêque des catholiques et le rabin des juifs étaient présents hier à la cérémonie d'investiture et salués par le Président dans son discours, preuve de sa tolérance. Kaïs Saïed a assuré son attachement à la portée maghrébine et arabe de sa politique extérieure, ainsi que l'importance de la rive nord de la Méditerranée et de l'Afrique dans l'horizon de la Tunisie. Et bien qu'il ne l'ait pas redit encore une fois hier, Kaïs Saïed a annoncé, lors de sa campagne électorale, qu'il fera sa première visite internationale en Algérie.
