Le Centre arabe d'archéologie (CAA) est encore en «jachère», dans l'attente de l'achèvement des travaux non inscrits dans son étude. Sa réception était fixée au mois de décembre 2011. Dix années après, le CAA n'est pas encore réceptionné. Les travaux d'installation des lignes téléphoniques, de l'internet, de la climatisation, du chauffage et autres aménagements sont en cours. Théoriquement, le CAA permet de développer la recherche archéologique planétaire et en particulier le dialogue entre les scientifiques et les intellectuels des pays arabes. La wilaya de Tipasa avait mis à la disposition du ministère de la Culture une superficie de 30 000 m2 au niveau de la cité administrative, à l'entrée est de la ville de Tipasa. «C'est l'un des projets du président Bouteflika», nous avaient dit fièrement des responsables. Le CAA avait été construit selon une architecture purement arabo-musulmane. L'Unesco avait accueilli avec une grande satisfaction la décision des pays arabes réunis en décembre 2003 à Nouakchott (Mauritanie), relative à la création et la construction du CAA. Cet équipement culturel stratégique pour les pays arabes était inscrit à l'ordre du jour de la 17e Conférence arabe sur le patrimoine archéologique. Le CAA s'articule autour de deux amphithéâtres, d'un musée d'archéologie et des arts rupestres, d'un laboratoire de préservation des biens culturels, d'une bibliothèque, d'un institut de formation en archéologie post-graduation. Les membres de l'Alecso (Arab League Educational, Culturaland Scientific Organization) devaient participer financièrement à sa construction. Aucun pays arabe n'a respecté ses engagements. Les Etats arabes n'ont pas versé leur quote-part financière comme cela avait été convenu lors de la réunion de la Ligue arabe. En revanche, certains pays, à l'image de l'Egypte et de la Jordanie, pour ne citer que ces deux nations, voulaient à tout prix abriter le CAA en raison de ses retombées financières, touristiques, sociales et scientifiques. L'orgueil des responsables politiques algériens a pris le dessus. Finalement, notre pays avait pris seul en charge le financement de ce projet qui concernait en premier lieu les pays arabes. D'ailleurs, une enveloppe financière, d'un montant de 250 milliards de dinars, avait été allouée dans un premier temps par le gouvernement algérien pour les travaux de terrassement, de viabilisation et d'une partie de la construction du CAA. La révision en hausse du marché n'échappe pas aux projets inscrits dans la wilaya de Tipasa. Le groupe Benhamadi avait été chargé par le département ministériel de Khalida Toumi de la construction de ce gigantesque projet du secteur de la culture. Les ex-ministres de la Culture, Khalida Toumi, Nadia Labidi et Azzedine Mihoubi, y compris le directeur général de l'Alecso avaient effectué des visites d'inspection au CAA, quand celui-ci était en cours de réalisation. Selon nos différentes sources, les pays arabes se sont désistés du CAA. L'Algérie a accusé le coup. Notre pays a gardé le silence. Face à cet impondérable, les responsables algériens ont décidé du transfert des institutions du secteur de la culture vers cette infrastructure à Tipasa. Le CNRA (Centre national de recherche en archéologie), l'ENRBC (Ecole nationale de conservation et de restauration des biens culturels), l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC) seront transférés vers l'ex-CAA à Tipasa, une manière pour le rentabiliser. Interrogé par El Watan sur la défaillance de la participation financière des pays arabes, Azzedine Mihoubi, ex-ministre de la Culture, à l'issue de sa visite à Tipasa en septembre 2017, répond : «Votre question m'importune,l'essentiel consiste à constater ce que vous voyez là, la réalisation du CAA est achevée, c'est un acquis pour l'Algérie et le secteur de notre culture.» Mais combien sont-ils les cadres algériens qui avaient été remerciés du siège de l'Alecso qui se trouve à Tunis ?