Pour le deuxième jour consécutif, la grève générale a maintenu Béjaïa dans la paralysie. Les commerces ont gardé rideaux fermés après avoir rouvert à la fin de la première journée à 17h, comme convenu, permettant à la population de s'approvisionner. Les administrations et les entreprises économiques ont également continué à chômer. Les échos parvenant des différentes communes montrent une wilaya «morte». Les boulangeries qui ouvrent chaque matin subissent une pression que nous avons observée hier. De longues files de citoyens se sont formées pour se procurer du pain pour la journée, voire pour le lendemain. La pression est aussi constatée devant certaines stations d'essence qui sont prises d'assaut par les automobilistes cherchant à faire le plein de carburant. Après 17h, la vie reprend son cours, plus ou moins normalement, au niveau des commerces qui adhèrent au mot d'ordre selon des modalités qui limitent les horaires de fermeture. «Tant que nous ouvrons après 17h, faire la grève même pour un mois ne me dérange nullement», nous confie le propriétaire d'une boutique d'alimentation générale sur la route de la Crête. Les modalités pratiques qui autorisent cette ouverture partielle et épargnent certains secteurs – comme celui de la santé, dont toutes les structures ont travaillé – ont quelque peu limité les conséquences de cette grève sur le quotidien des citoyens. Ceci n'a pas, pour autant, contenté ceux qui n'y adhèrent pas, considérant inefficace une action à caractère régional ou parce qu'intervenant dans cette période inappropriée, à la veille de l'élection. Cela dit, les partisans de cette grève générale semblent constituer une majorité, convaincue que cette forme de mobilisation est une façon d'accentuer la pression sur les tenants du pouvoir avant le fatidique 12 décembre. C'est dans cette logique et avec l'état d'esprit de citoyens pleinement résolus que des milliers de citoyens ont marché hier, à travers plusieurs villes de la wilaya où l'on a crié «Oulach l'vot (pas de vote). A Béjaïa-Ville, des centaines de personnes se sont regroupées de nouveau sur l'esplanade de la Maison de la culture et ont entamé une marche sous un ciel clément, contrairement aux trombes de pluie qu'ils ont bravées la veille. Dans le ciel, un hélicoptère n'a pas cessé de tourner à basse altitude. Revenant chaque matin depuis quelques jours, l'engin bourdonnant installe dans le périmètre de la ville des bruits qui agacent les habitants. «Ça devient énervant à la longue», commente un habitant de Sidi Ahmed. La mobilisation était au rendez-vous hier et devient quotidienne pendant toute cette semaine. On a manifesté à Timezrit à travers une marche qui a conduit une procession humaine à se rassembler devant le siège de la daïra pour signifier le refus de la population à cautionner le scrutin de ce jeudi. On a marché aussi à Akbou et à Ouzellaguen avec la même résignation qui a régné lors de précédentes manifestations de rue répétées dans ces deux villes de la vallée de la Soummam. Il ne se passe plus un jour sans qu'il une marche, voire plusieurs, qui font sortir des centaines de citoyens dans la rue comme cela a été aussi le cas la veille à Tazmalt et At Djellil. Celle d'aujourd'hui promet d'être importante. Etudiants, travailleurs de divers secteurs, avocats, citoyens lambda inonderont la rue en cette journée qui risque d'être pluvieuse.