La démission du P/APC a laissé un poste vacant qui revient légalement à une femme, mais dont la cérémonie d'installation tarde à se faire. L'Assemblée populaire de Tazmalt est sans maire depuis le début de la nouvelle année. Les dissensions qui ont miné le groupe majoritaire depuis quelques mois et l'opposition qui en est née et dirigée contre le président de l'APC, Redjdal Ghozali, issu de la même liste des indépendants, ont fini par provoquer la démission de celui-ci, présentée à la fin de l'année précédente. Une démission qui, faut-il le rappeler, a été réclamée par les opposants au maire. Elle intervient, faut-il aussi le noter, une année, presque jour pour jour, après une première démission que Redjdal Ghozali a présentée lors de la session extraordinaire du 31 décembre 2018, avant de l'annuler. Une année plus tard donc, il jette l'éponge et remet son mandat d'élu dans une déclaration laconique qui ne mentionne que le motif de «raisons personnelles». En décembre 2018, il expliquait, dans un entretien publié dans ces mêmes colonnes, qu'il est revenu sur sa décision de démission suite aux sollicitations de personnes qui lui demandaient de continuer son mandat à la tête de la mairie. D'aucuns savaient que son potentiel remplaçant, par la force de la loi, soit le suivant sur la liste gagnante, était une femme. Et cela dérangeait. Présentement aussi, le départ de Redjdal Ghozali rouvre la voie, inévitable, à Berkane Siham, deuxième sur la liste majoritaire «Assirem» (Espoir). Une mairesse pour Tazmalt ? D'aucuns ne l'avaient imaginé. Mais, le processus de son installation grince. Le 8 janvier dernier, moins de deux semaines après la démission du maire, Mme Berkane s'est préparée à être installée par le chef de la daïra dans ses fonctions de première maire femme de la commune. Née Malou, Berkane Siham est licenciée, depuis sept ans, en sciences juridiques et administratives, à l'université de Béjaïa. Elle est adjointe du P/APC chargée des écoles et des associations. Née le 5 juillet 1988, elle est aujourd'hui âgée de 32 ans. Moins de cinq heures avant la cérémonie prévue pour son installation, un fax des autorités est tombé pour annoncer le report inexpliqué pour une date ultérieure. Au vu de l'article 71 du code communal, le remplacement d'un président d'APC «décédé, démissionnaire, en abandon de poste, ou légalement empêché» doit intervenir dans les dix jours suivant la confirmation du poste vacant. Ce délai réglementaire est dépassé pour le cas de Tazmalt. Le report de l'installation du nouveau maire n'a été accompagné d'aucune explication de la part des services de la wilaya. Jusqu'à hier, élus et population ignorent pourquoi la commune tarde à avoir son nouvel édile. Ce qui a ouvert la voie à la spéculation. Dans le milieu féministe, les tergiversations ont donné matière pour crier à la «misogynie». «Le wali piétine la loi et méprise une femme à Tazmalt», a titré, dans une déclaration publique, un collectif de femmes. «Le report a été décidé suite à une correspondance adressée par on ne sait qui au wali» suppute-t-on à Tazmalt, où l'on n'hésite pas à soupçonner «des personnes tapies dans l'ombre qui oeuvrent pour que Tazmalt n'ait pas une femme maire». Du côté des autorités, on laisse comprendre qu'on temporise pour permettre au wali de présider la cérémonie d'installation. Au sein des élus aussi, il y a des atermoiements. Entérinée au début de l'année en cours, la démission du P/APC n'a finalement pas aplani tous les différends au sein de l'Assemblée. Elle a fait naître des objections et des discordances autour de ce qui remplacera l'édile démissionnaire. Le consensus ne s'est pas fait autour de la personne deuxième de la liste. Des notabilités de la commune ont intervenu pour réconcilier le groupe majoritaire. Six élus (sur 11) de ce groupe ont signé un écrit où ils acquiescent à l'installation de Mme Berkane et qui est destiné à pousser le wali à passer à l'application de la loi. Les non signataires, qui ont boudé la réunion, affichent des réticences ou un refus qui ne dit pas son nom. «Celui qui va devenir maire doit assumer ses responsabilités, il est condamné à donner un nouveau souffle à la commune et rapidement parce que la dissolution des assemblées communales arrivent. Il faut créer un déclic rapidement», nous répond Boukhalfa Adjaoud. Certains élus ont misé sur l'élu Adjaoud dont le discours montre un intérêt pour le siège du premier magistrat de la commune. «J'ai un plan d'action réalisable pour Tazmalt. Je prône le pragmatisme, avec des bilans mensuels, et la liberté de l'initiative» nous dit, en substance, celui-ci dont le dynamisme ne se dément pas, mais dont le classement sur la liste majoritaire n'est pas favorisé par la loi, à moins d'un désistement. A la faveur d'une médiation, il a fini par accepter de composer avec sa collègue à la condition qu'elle fasse preuve de «clairvoyance» et de capacités à gérer les affaires de la commune. Nous avons justement posé la question à la concernée (voir l'entretien ci-dessous) qui attend de porter l'écharpe de la première femme maire à Tazmalt et peut-être dans toute la Kabylie.