Président de la rupture, promoteur de la « République de l'éthique et de la transparence », Nicolas Sarkozy est en passe de se noyer dans un pot de… L'Oréal. Une affaire au parfum de scandale qui porte gravement atteinte aux « valeurs de la République » dont il en a fait une marque de fabrique. Cette sulfureuse liaison entre Sarkozy et L'Oréal vient prouver que ces valeurs ne sont pas forcément bien respectées par celui qui en a fait un slogan discursif. Après tout, les promesses n'engagent que ceux – les Français en l'occurrence – qui les ont crues. Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais, semble vouloir signifier le patron de l'Elysée, empêtré désormais dans une profonde crise éthique. Pour cause, la justice française a ouvert, hier, une enquête à la suite des affirmations de l'ex-comptable de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, évoquant une remise d'espèces en 2007 à Eric Woerth, à l'époque trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy. Le roi est nu. Sarko, qui a dû se séparer il y a quelques jours de deux secrétaires d'Etat coupables de dépenser sans compter aux frais du contribuable, n'est pas sorti de l'auberge. Il est même dans de beaux draps. Le président de l'éthique devra, en effet, dire aux Français comment il a pu accepter les 150 000 euros, certes parfumés, de Liliane Bettencourt, pour financer sa campagne présidentielle en 2007. Un cadeau qui s'avère trois ans plus tard empoisonné quand on sait que 2012 n'est pas loin. La faute à Mme Claire Thibout, l'ancienne comptable de la femme la plus riche de France, qui a découvert le pot aux roses… L'actuel ministre du Travail, Eric Woerth, que Sarkozy ne veut pas lâcher, était au moment des faits le trésorier de l'UMP. C'est lui qui aurait donc reçu les 150 000 euros en liquide, alors que la loi sur le financement des partis n'autorise qu'un maximum de 7500 euros par an pour un parti et 4600 euros pour un candidat à une élection. Le candidat Sarkozy, également président de l'UMP, ne pouvait logiquement ignorer ce don qui sentait pourtant « mauvais ». Mais à l'époque, il a dû se dire qu'il valait bien un appui de L'Oréal. Mais voilà, la crème c'est un peu comme du ketchup, parfois ça gicle fort au point d'éclabousser de belles chemises, fussent-elles bien portées. Et dans le cas de Sarkozy, le boomerang est terrible pour un président qui a fourré son nez y compris dans l'équipe de foot. Comment pourra-t-donc maquiller ce scandale devant la justice ? Pour avoir tourné autour du pot de L'Oréal, Sarkozy le vaut bien. Il risque, au pire, de le payer très cher dans sa carrière ou, mieux, il s'en sortirait avec de profondes rides. Et L'Oréal ne lui serait d'aucun secours.
