Et si la pandémie de coronavirus n'était que le signe d'une crise plus profonde ? Une crise de la biodiversité qui proviendrait «d'une mauvaise connaissance du vivant qui n'est jamais figé». Plusieurs experts en sont profondément convaincus. La majorité de ces virus comme ceux à l'origine de la dengue, de la fièvre du Chikungunya, de l'Ebola, du Sras, etc., et aujourd'hui du Covid-19 ont pour origine des animaux sauvages. Dans leur milieu naturel, sur les animaux qui les portent, ces germes sont stabilisés et ont une fonction. C'est lorsque ces écosystèmes sont perturbés, déséquilibrés par des activités humaines que les virus trouvent des «passerelles» et entrent en contact avec l'homme chez qui ils développent des maladies nouvelles dites «émergentes» contre lesquelles l'humanité est désarmée parce que précisément leur milieux sont mal connus. Ces pandémies viennent du sud de la planète, des forêts tropicales et équatoriales en régression rapide pour faire de la place à des cultures intensives comme au brésil ou en Indonésie et pour l'exploitation de bois précieux et de minerais comme en Afrique. Avec le réchauffement climatique, d'autres menaces virales planent sur l'humanité. Elle viendrait du grand Nord, là où le sol gelé (voir encadré) qui fond avec la hausse de la température globale pourrait libérer de redoutables virus, parfois enfouis depuis des millénaires. Pendant l'été 2016, un enfant est mort en Sibérie de la maladie du charbon (anthrax), pourtant disparue depuis 75 ans dans cette région. Pour les scientifiques qui ont enquêté sur cette réapparition, l'origine remonte très probablement au dégel d'un cadavre de renne mort de l'anthrax il y a plusieurs dizaines d'années. Libérée, la bactérie mortelle, conservée dans le permafrost pendant plus d'un siècle, a réinfecté des troupeaux de rennes qui n'avaient plus été vaccinés contre cette maladie. Pour Boris Kerchengoltz, chercheur spécialiste à l'Institut russe des problèmes biologiques du permafrost, un problème identique peut réapparaître, car la Russie se réchauffe 2,5 fois plus vite en moyenne que le reste du monde. Et la menace ne se limite pas à l'anthrax. Viktor Maléïev, directeur adjoint de l'Institut de recherche russe d'épidémiologie, est convaincu qu'«il y a dans le Grand Nord des restes de variole datant de la fin du XIXe siècle». Les chercheurs ont également découvert des virus géants, visibles au microscope, vieux de 30 000 ans dans des dépouilles de mammouths en Sibérie. Mais pas de panique, tous les virus congelés dans la couche gelée du pergélisol ne sont pas dangereux pour l'homme. Il y a peu de chances de rencontrer des virus à ARN, comme le virus du Covid-19, qui sont plus petits et plus fragiles. Ils ne résistent pas longtemps, même dans des conditions atmosphériques normales.