Alors qu'un rapport alarmant sur l'état du climat en 2015 vient tout juste d'être publié, l'exemple de l'Iamalie, une région de la Sibérie, illustre parfaitement les conséquences inquiétantes du réchauffement climatique. A cette époque de l'année, les températures ne devraient pas dépasser les 20°, or elles avoisinent les 35°. Cette région est ainsi soumise à la fonte du permafrost (aussi appelé pergélisol), c'est-à-dire des sols gelés en permanence dans lesquels sont notamment emprisonnées des bactéries. Certaines d'entre elles, comme l'anthrax, sont très dangereuses. La libération de cette bactérie est notamment à l'origine de la mort d'un enfant de 12 ans lundi. Plusieurs dizaines de personnes, dont 41 enfants, ont été hospitalisés afin de savoir s'ils avaient, eux aussi, été contaminés. Malheureusement, le diagnostic a été confirmé pour 20 personnes», a indiqué une porte-parole de la région, Natalia Khlopounova. Depuis 75 ans, aucun cas de contamination n'avait été recensé dans cette région située à 2 000 kilomètres au nord-est de Moscou et peuplée en partie de populations nomades. Selon les autorités, le dégel du permafrost a exposé un cadavre de renne infecté. «Les spores d'anthrax se conservent dans le permafrost pendant plus d'un siècle», ont expliqué les services sanitaires. La contamination à l'anthrax, qui provoque la maladie du charbon, est une infection aiguë qui touche aussi bien l'animal que l'homme. Elle est mortelle, à moins de prendre des antibiotiques très rapidement. La ministre russe de la Santé, Veronika Skvortsova, s'est rendue dans la région, placée sous quarantaine depuis une semaine après l'infection des troupeaux de rennes d'au moins neuf éleveurs nomades. Elle a rendu visite aux personnes contaminées, dont une famille «qui a mangé de la viande de renne crue et bu son sang», a indiqué Natalia Khlopounova, précisant qu'il s'agissait d'une coutume des populations nomades. De son côté, le ministère de la Défense a annoncé avoir envoyé plus de 200 spécialistes, avec hélicoptères et drones, pour décontaminer la zone et brûler les cadavres des animaux infectés. Près de 160 éleveurs de rennes nomades ont été évacués et plus de 2 300 rennes contaminés sont morts. Le dégel du permafrost suscite l'inquiétude de la communauté scientifique depuis de nombreuses années. En effet, outre des bactéries, il contient également des virus potentiellement nocifs pour les humains. L'excellente série britannique Fortitude s'en est d'ailleurs inspirée. Enfin, le permafrost stocke d'importantes quantités de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane. Selon une étude du Cnrs, citée par Libération, il s'agit du «plus gros réservoir continental de carbone, devant les réserves de combustible fossile que sont le pétrole, le gaz et le charbon». Autant dire que leur propagation dans l'atmosphère pourrait avoir de sérieuses conséquences pour la qualité de l'air que nous respirons. «Si la totalité du carbone contenu dans le pergélisol était transformée en dioxyde de carbone par les bactéries, la teneur en CO2 de l'atmosphère en serait triplée», affirme Florent Dominé, chercheur au laboratoire franco-canadien Takubik, spécialisé du permafrost. In lci.tf1.fr