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Le prémonitoire et unique concert d'adieu d'Idir à Alger : C'était le retour de l'enfant prodigue
Publié dans El Watan le 09 - 05 - 2020

Des admirateurs, grands et petits de Tizi Ouzou, Constantine ou Oran, étaient venus spécialement pour Idir. Il fallait être de la «party» (fête).
Un jeune, dans les tribunes vend des drapeaux amazighs à 1000 DA, puis, le marchandage aidant, il les cèdent à 500 DA, un autre vend des roses, des femmes arborent les fameuses robes traditionnelles kabyles, des petites filles sont drapées dans des foutas (drap traditionnel), un petit vieux exhibe fièrement son burnous blanc typique… Ils avaient raison.
Ce sera un concert, prémonitoire et unique. Car le géant de la chanson kabyle, Idir, nous quittera, le samedi, 2 mai 2020. Idir avait été célébré par un public venu massivement. Le prix de la billetterie était entre 2000 (tribune) et 3000 DA (salle). Mina et Salah, un couple avec un enfant, sont venus de Béjaïa avec d'autres membres de leur famille.
Ils ont acheté une dizaine de tickets. Soit 30 000 DA. Mais quand on aime Idir… on ne compte pas. La preuve, le concert a affiché «sold out» (complet). Lors de sa conférence de presse de mercredi, la veille du concert, Idir avait promis de revoir à la baisse les prix du ticket pour les prochaines dates de sa tournée, notamment le très attendu concert de Tizi Ouzou. C'était un concert-événement baptisé, pour la circonstance, «Retrouvailles», organisé et soutenu par l'ONDA (Office national des droits d'auteur).
«Je ne me rendais pas compte du mal que je faisais»
«J'ai vu une fois, cette ribambelle de filles venues me voir pour me dire que je ne devrais pas les priver de me voir chanter en Algérie. Et une autre fois, un vieillard m'a abordé en pleurant : «J'ai peur de mourir sans vous voir chanter en Algérie.» Cela, ce sont des contextes émotionnels qui sont dans mon univers.
Mais pas dans le cadre d'un discours, d'une ligne à suivre…Et finalement, la suivre. Même si elle était un peu officielle. Il est toujours temps de continuer. Et qu'il était bête de dire : «C'est ça et je ne fais rien.» «C'est comme si c'était un caprice d'enfant. Cela ne voulait rien dire.
Et puis l'âge avançant, la santé déclinant, les choses ne sont plus les mêmes d'année en année, je me suis dit, il faut que je me lance. Disons que ce sont des raisons très objectives…Eh bien, à un moment où j'étais acculé.
Donc, Bélaïd (producteur et éditeur-Izem Prod) est venu à Paris me parler de tout cela. Et il a suffi qu'il pousse un petit peu…Je me suis rendu compte d'une chose que je n'avais pas en tête. Parce que j'étais dans mon métier.
Quand je donnais des concerts en France, au Maroc (devant 100 000 personnes à El Minzah-Rabat lors du Festival Mawazine 2013), je ne savais pas que cela allait avoir un impact d'une telle envergure, ici, en Algérie.
Voir un enfant du pays célébré ailleurs, alors que nous qui l'aimons au moins autant, nous ne pouvions avoir cette chance-là. Je ne me rendais pas compte du mal que je faisais. Parce qu'il y a des artistes que les gens aiment profondément. Il y a d'autres qui sont là parce qu'ils ont un succès d'estime. Moi, je pense que je suis entré dans l'intimité.
Et là, j'ai failli. Ce n'est pas un échec. Mais un état de fait qui m'a fait vivre le tourbillon dans lequel j'étais. De représenter ou de revendiquer. Parce que j'étais vraiment un homme blessé…» avait confié Idir à El Watan dans un entretien paru le 25 octobre 2017.
«Chanter devant les miens»
Le première partie du concert «Retrouvailles» a été assurée par la chorale du village natal d'Idir. L'apparition d'Idir avait provoqué une clameur publique, des cris de joie. Idir inaugure son récital avec Yelha Wurar issue de l'album «Les chasseurs de lumières.»
Une «tamaghra» aux couleurs bleu, vert et jaune. Le public scande avec fierté : «Imazighen, imazighen (Berbères) !» Idir ne peut retenir ses larmes. L'émotion le gagne : «Vous ne pouvez pas imaginer ce que je ressens en revenant ici. Chanter devant les miens. Devant le public. Et bien, oui ! Bien sûr, nous sommes là aussi pour faire connaître tamazight. Il n'y a aucun souci.
Pour la pratiquer. Pour l'instant, cela se passe bien. Hamdoulilah (Dieu merci) ! Sahitou ! En tout cas, merci pour cet accueil. Je suis vraiment très touché, voilà !». Idir explique Ahgrib (L'immigré) : «Nos parents, nos aînés arrivent dans un pays dont ils ne connaissent ni la culture ni l'habitude… (Aghrib), j'aimerais bien le partager avec vous, parce que c'est notre histoire aussi…»
Et puis s'enchaînent Cfigh, Ay Arrac Nney (A nos enfants), une lettre d'espoir, Lefhama (Tighri Bwgdud) est une invitation à la danse. Tizi Ouzou lève et soulève l'assistance. Tanina en duo avec Idir. Au nom du père et jamais sans ma fille.
Mais avec Awah Awah, Tamacahut n tsekkurt, Azwaw – qui sera reprise en duo avec Mami (Au pays des merveilles) et Zwit Rwit – une autre version par Khaled intitulée Wine El Harba Wine ré-écrite par Mohamed Angar et dont les paroles critiquaient le pouvoir du président Chadli Bendjedid alors, en 1988. Les drapeaux amazighs avaient claqué, des youyous avaient fusé et les «accros» avaient chanté mot à mot les paroles. Idir, avait ouvert son cœur, sa porte comme disent les lyrics de Avava Inouva, avec générosité, sagesse et philosophie.
Idir, à l'issue de son tour de chant, s'était vu décerner un disque d'or pour l'ensemble de sa carrière, un burnous blanc et un coffret résumant sa discographie, Le première partie du concert «Retrouvailles» avait été assurée par la chorale de son village natal.
Réactions :
Hakim Hamadouche (instrumentiste, chanteur) :
Idir était un symbole d'un tas de choses et de routes sinueuses qui font de lui d'être un artiste, un messager … Lui, il a accompli sa tâche avec sa simplicité, son humilité et son talent… Encore un enfant de notre Algérie qui s'en va … Repose en paix mon ami…»
Martin Meissonnier (producteur, réalisateur, compositeur et Dj) :
«Idir restera comme un sage. Plus encore qu'un chanteur, il portait l'espoir. Dès le début de sa carrière, je me souviens de la communion et de la ferveur entre lui et son public. Plus de quarante ans plus tard, ils ne se sont jamais lâchés. Idir n'a jamais dévié de sa route.»
Amine Dehane (compositeur, arrangeur, producteur) :
C'est la deuxième mauvaise nouvelle en ce moi après celle de mon père «Allah yarhamhoum». La nouvelle de sa mort m'a figé et glacé. J'ai connu Idir en 2011 lors de la tournée «Urban Raï» avec entre autres Mami. Où l'on avait fait tous les zéniths (salle de spectacles) de France.
En 2018, on avait fait Coke Studios. On avait beaucoup répété ensemble pour le trio Iddir, Amazigh Kateb et Rezki Ouali. La chanson, c'était Lefhama. Un très bon souvenir. Idir mérite de grandes funérailles pour ce qu'il a donné à l'Algérie. J'espère qu'on va assister à son enterrement, ici, en Algérie. Je suis de tout cœur avec sa famille.
Kamel Daoud (écrivain): «Il a su faire de nos racines de si belles récoltes, apaisées et généreuses.»
Ferhat Mehenni (chanteur) : «Idir est un astre kabyle éclairant l'immensité de l'univers». Idir, tu ne mourras jamais. Par tes mélodies, tu continueras à faire vibrer des générations.»
Synthèse de K. Smail


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