Le complexe laitier Hodna Lait de M'sila est à l'arrêt depuis jeudi dernier, du fait de la réduction drastique de l'alimentation de l'usine en eau potable. Ceci a engendré une pénurie de lait en sachet dans pas moins 7 wilayas – Bordj Bou Arréridj, Batna, Biskra, Djelfa, El Oued, Sétif, Ouargla. Des wilayas diversement couvertes par ce complexe laitier et ce, dans des proportions variant entre 100% pour M'sila, 60% pour Bordj Bou Arréridj et des proportions substantielles pour les autres. Au cinquième jour de l'arrêt de production de la laiterie, la tension sur ce produit est allée crescendo pour s'intensifier, aujourd'hui, à M'sila. La panique est perceptible au sein de la population, notamment les ménages aux revenus modestes qui forment le plus gros contingent et pour lesquels le lait en sachet reste le seul aliment accessible. Le manque à produire durant ces 5 jours est estimé à 1 100 000 litres à raison de 220 000 l/j. Une situation qui n'est pas près de s'atténuer du fait de l'intransigeance de la direction de l'hydraulique. Celle-ci ne veut en aucun cas que la laiterie soit approvisionnée en eau potable au détriment de la population. La laiterie, nous a expliqué M. Dilmi, responsable au niveau de l'unité, connaît depuis quelque temps des perturbations dans l'alimentation en eau du fait de l'assèchement de ses 3 forages et la diminution drastique des quotas que l'ADE octroyait depuis toujours à l'unité de production (600 à 700 m3/jour). Présentement, la laiterie ne reçoit que 100 m3, selon le même responsable, une quantité nettement insuffisante par rapport aux besoins incompressibles de l'usine, qui s'élèvent à 1500 m3/j. « Pour pallier cette situation, il a été proposé, à l'ADE, le transfert du potentiel d'eau de notre forage pour le compte de l'ADE, qui va l'injecter dans son réseau de distribution pour que notre unité puisse bénéficier de 20 l/s, que nous nous engageons à payer. »Sur la base d'un accord de principe avec l'ADE, soutient notre interlocuteur, « on a engagé des travaux pour le raccordement de notre forage avec le réservoir qui nous ont coûté 4 millions de dinars, avant que l'initiative ne tombe à l'eau du fait du refus de la direction de l'hydraulique qu'on injecte le potentiel de notre forage dans le réseau de distribution. » « Suite à cela, on a été contraint de procéder à l'arrêt de la production de lait », regrette M. Dilmi. Cheriet Yahia, directeur de l'ADE de M'sila, confirme les dires du responsable de la laiterie en déclarant qu'« il y a eu effectivement accord de principe pour l'injection de l'eau du forage de Hodna Lait dans le réseau. Notre direction générale, consultée, s'est catégoriquement opposée à l'idée, compte tenu du fait que le réseau de distribution et l'infrastructure de stockage appartiennent à la direction de l'hydraulique et que cette interférence d'un opérateur privé dans la production d'eau avec utilisation du réseau public ne s'est posée nulle part ailleurs. » Redoutant les impondérables en matière de pénurie d'eau en cette période de chaleur, la même direction s'est refusée à cette solution de substitution, rejetant la solution préconisée à l'ADE. Pour le directeur de l'hydraulique, « la laiterie Hodna vient à peine de déposer son dossier, précisément le 26 juillet, pour une alimentation autonome en eau de la laiterie. Ce qui nous incombe au premier chef présentement, c'est la satisfaction de la population de la ville de M'sila en eau potable ». Rien n'indique donc que la situation va se débloquer du fait de l'intransigeance de la direction de l'hydraulique, qui ne semble pas disposée à permettre l'utilisation de son réseau de distribution d'eau potable, du moins comme solution provisoire. Le complexe Hodna ne semble pas non plus prêt à produire du lait, puisque l'eau manque dans une proportion de 80%.
