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Des chiffres astronomiques, des complicités et des ruses impensables : Les milliardaires «made in pub»
Publié dans El Watan le 05 - 08 - 2020

Plus de 40 journaux appartiennent à des députés et sénateurs et à des maquignons marchandant leur zèle pour entretenir et faire perdurer une gouvernance qui a plongé le pays dans la crise. A part quelques journaux, qui se comptent sur le bout des doigts, le reste tire à 2000 exemplaires, parce que c'est le minimum qu'exige l'imprimerie.
Qui a bénéficié de l'argent de l'ANEP ? Quel a été le volume de la manne généreusement distribuée pour entretenir une clientèle goinfre et insatiable ? Selon Larbi Ouanoughi, durant les dernières quatre années, la presse écrite a bénéficié d'une manne publicitaire de plus de 4000 milliards de centimes.
En faisant le compte de l'argent distribué des 4300 milliards de centimes de créances récentes et près de 5000 milliards de créances qui sont tombées sous le coup de la prescription, on trouvera que l'ANEP a géré durant les deux dernières décades (20 ans) plus de 15 000 milliards de centimes, sans parler du fonds de fonctionnement.
Larbi Ouanoughi fait des révélations fracassantes sur la manière avec laquelle a été distribué tout cet argent. Des sommes astronomiques et vertigineuses qui ont transformé certains en multimilliardaires en un temps record, sans efforts, sans investissements et sans tracasserie.
Plus de 40 journaux appartiennent à des députés et sénateurs et à des maquignons marchandant leur zèle pour entretenir et faire perdurer une gouvernance qui a plongé le pays dans la crise. «La responsabilité incombait au ministère de la Communication qui piétinait les textes de loi», affirme le directeur général de l'ANEP qui s'appuie sur la loi sur l'information qui, dans l'article 31, interdit d'accorder un agrément à quelqu'un qui n'a pas de relation avec le métier de la presse.
Mais on a trouvé, indique-t-il, des gens qui sont propriétaires de 3 ou 4 titres, au grand dam de la loi sur l'information qui limite à une seule publication d'information générale. Parmi eux figure «le nom d'une ancienne célébrité de l'équipe nationale de football, Rabah Madjer, qui possédait deux titres : El Balagh et El Balagh Erriadhi.
Il a pris des milliards, El Balagh à lui seul a encaissé ces quatre dernières années 30 milliards», révèle notre interlocuteur en précisant que ses publications qui étaient à l'arrêt avaient continué, plusieurs mois après, à encaisser l'argent de la publicité. «On a porté plainte», a annoncé le Pdg de l'ANEP qui évoque aussi le nom du sulfureux député du FLN, Si Affif, rendu célèbre en pleine crise de l'ex-parti unique en 2004 par ce qu'on appelle «la politique des dobermans».
Il possède deux titres, Manbar el koraa en arabe et La Tribune des lecteurs, abondamment irrigués par les vannes de l'ANEP. Entre 2016 et 2019, les deux publications ont reçu respectivement plus de 28 milliards de centimes et près de 32 milliards de centimes.
En huit ans ou moins, le jackpot de Si Affif s'élève à 109 milliards de centimes. La responsabilité incombe à ceux qui ont donné les agréments, insiste Larbi Ouanoughi. «Mon rôle à moi, dit-il, est de distribuer la publicité de manière équitable». Une manne qui ne représente que 60% du marché publicitaire.
«A part quelques journaux, le reste tire à 2000 exemplaires»
«Je n'ai pas le droit d'arrêter un journal, mais j'ai le droit de ne pas donner de la publicité aux hors-la-loi», tranche le nouveau Pdg de l'ANEP. «Comment les gens ont-ils pu obtenir deux et trois agréments ? Comment ont-ils pu faire pour éditer une publication hebdomadaire trois fois par semaine» ?» se demande notre interlocuteur, surpris par l'ampleur de la dévastation.
«On n'a pas vu ça ailleurs que dans un film hindou», lâche M. Ouanoughi qui ajoute qu'il existe même ceux qui ont loué leur registre de commerce. «Dès que je suis arrivé, j'ai arrêté la publicité», dit-il d'un ton serein et décidé. «Il y avait beaucoup de dépassements et de malversations dictées au téléphone parce que l'ANEP fonctionnait ainsi.
Quand on édite trois fois par semaine une publication censée être hebdomadaire, cela ne signifiait rien d'autre que nous sommes face à une ruse destinée à capter la manne publicitaire», explique Larbi Ouanoughi qui a décidé de faire voler en éclats la boîte de Pandore. Pis encore, l'anarchie qui y régnait a produit l'impensable.
«On est dans le vif du sujet», dit-il avant d'ajouter : «Il y a des journaux qui sortent juste quand ils ont de la publicité. Ces faux patrons de presse abandonnent leurs tirages au niveau de l'imprimerie ou se sont constitué des réseaux mafieux, la faune de l'informel, spécialisée dans la vente à la pesée des ‘‘méventes''». De surprise en surprise, le PDG de l'ANEP révèle des implications et des complicités à tous les niveaux.
Evoquant d'autres dépassements et d'autres manœuvres dans l'attribution de la publicité, où l'on se joue allégrement du code des marchés publics qui fixe où l'on doit publier, l'annonce portant sur un appel d'offres, dans un journal local, régional ou national, notre interlocuteur déclare qu'il existe des appels d'offres nationaux qui étaient insérés dans des journaux locaux, dans les régions les plus reculées du pays. «L'objectif, précise-t-il, était d'aboutir au bout de trois appels d'offres infructueux à l'octroi du marché en question de gré à gré».
Pour M. Ouanoughi, ce sont des «agissements et des dépassements très graves». «Malheureusement, ce type de publicité est très compliqué à retirer car une fois l'annonce attribuée, tout ce qui suit est automatiquement publié dans le même titre», explique le Pdg de l'ANEP.
«C'est pourquoi, dit-il, des journaux qui ne bénéficient plus de publicité continuent à en avoir». En fait, «tout se joue dans l'attribution du premier marché». Larbi Ouanoughi donne l'exemple de Eddough Info, édité à Annaba et appartenant au fils du défunt chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, qui ne reçoit plus de publicité ANEP.
Notre interlocuteur affirme avoir arrêté, depuis son installation à la tête de l'Agence, la publicité pour tous les doubles titres». C'est le cas pour Le Jour d'Algérie de Mme Naïma Mahmoudi qui édite un autre quotidien, Les débats.
La mesure a touché aussi Mme Arbaoui qui possède El Wassat et Chiffres d'affaires, et le propriétaire d'El Hadef et du Buteur, pour ne citer que ceux-là. «Je n'en donne que pour un seul titre», tranche Larbi Ouanoughi qui déplore le fait qu'on ait servi les agréments comme on sert les petits pains.
Le Pdg de l'ANEP révèle en effet que de 2012 jusqu'à aujourd'hui, 347 journaux ont vu le jour. 105 titres ont cessé de paraître parce qu'on ne leur attribue plus de publicité, explique-t-il.
L'ANEP, une pompe à sous
A part quelques journaux, qui se comptent sur le bout des doigts, le reste tire à 2000 exemplaires, parce que c'est le minimum qu'exige l'imprimerie, soutient Larbi Ouanoughi qui raconte une histoire insolite à propos de l'attribution de deux agréments pour la même personne. Le premier, dit-il, a été établi au nom de Belkadhi Mohamed Esseghir, et le second au nom de Esseghir Belkadhi Mohamed.
Qui est responsable de cette situation ? C'est le ministère de la Communication, répond sans détour le nouveau patron de l'ANEP. Levant le voile sur la véritable pompe à sous qu'a été l'ANEP, Larbi Ouanoughi a avancé des chiffres effarants sur l'attribution de la publicité.
Il donne quelques exemples, tout en précisant que les chiffres sont hors taxes. Ennahar (journal) 120 milliards de centimes entre 2012 et 2015 et 115 milliards de centimes, entre 2016 et 2019 (235 milliards de centimes). Le journal El Bilad, 40 milliards de centimes entre 2016 et 2019. El Balagh, 30 milliards de centimes. La Dépêche de Kabylie, 23 milliards de centimes. Reporter, 54 milliards de centimes.
Le journal El Hayet, 12 milliards de centimes. La Tribune des lecteurs : plus de 28 milliards de centimes, entre 2016 et 2019 et 31 milliards entre 2012 et 2015. Manbar el koraa, près de 32 milliards entre 2016 et 2019, 19 milliards de centimes entre 2012 et 2015.
El Adjouaa, 6 milliards de centimes. Le Jour d'Algérie, près de 46 milliards de centimes entre 2016 et 2019 et 46 milliards entre 2102 et 2015, et Les Débats, 43 milliards de centimes entre 2016 et 2019.
La Tribune qui a fermé ses portes, 56 milliards entre 2012 et 2015. La Nouvelle République a reçu 43 milliards de centimes en publicité entre 2012 et 2015. Le journal Echorouk a bénéficié d'une manne publicitaire de 140 milliards de centimes entre 2012 et 2015 et plus de 39 milliards entre 2016 et 2019. El Khabar, près de 35 milliards de centimes entre 2016 et 2019.
Des centaines de milliards sinon des milliers pour les chaînes de télévision privées
«Les chiffres qu'on n'a pas encore concernent la publicité attribuée sous forme d'actions de sponsoring. Seul Dieu sait combien d'argent il y a là dedans», annonce Larbi Ouanoughi qui dénonce les dépassements de l'ancienne équipe au pouvoir.
«Ennahar et les autres chaînes ont bénéficié de cette manne publicitaire sous couvert de sponsoring qui est exonéré d'impôts», affirme Larbi Ouanoughi qui milite pour que la publicité des entreprises publiques comme Mobilis, Algérie Télécom, Sonatrach et d'autres entreprises publiques revienne dans l'escarcelle de l'ANEP.
Notre interlocuteur parle de sommes astronomiques, des centaines de milliards sinon des milliers dont ont bénéficié les chaînes télé et les sites électroniques. Cette cagnotte devait, selon lui, faire partie des 60% du marché publicitaire que devait contrôler l'ANEP. «Loin de l'idée d'en avoir le monopole», se défend M. Ouanoughi pour qui l'Etat doit avoir un œil sur l'argent public.
Ce qui devait être un soutien à la presse, dit-il, les gens l'ont détourné pour investir et acheter des biens en Espagne, en France, à Dubaï et en Jordanie.
Mais il n'y a pas que cela, «il y a aussi de l'argent dépensé pour soi-disant promouvoir l'image de l'Algérie à l'étranger. Ce volet est aussi concerné par les enquêtes menées par les services de la gendarmerie. Cet argent qui a été transféré à l'étranger pour blanchir l'image de l'Algérie avait surtout servi à blanchir l'image du groupe qui était au pouvoir.
C'est l'argent de l'ANEP qui a profité à Charq El awsat, le journal Le Monde, le journal de Hichem Aboud, Times, Jeune Afrique, Afrique Asie, et Euronews où l'Etat était même actionnaire. Ce sont des sommes énormes en devises. Je n'ai pas encore les chiffres», indique le PDG de l'ANEP qui annonce l'ouverture d'une enquête sur de probables malversations concernant ce volet.


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