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Pharmacovigilance : l'oubliée de la réforme de la politique pharmaceutique en Algérie ? (1re partie)
Publié dans El Watan le 04 - 10 - 2020

La pharmacovigilance dans le monde est aussi ancienne que le médicament, seulement les premiers faits historiques remontent au décès de Hannah Green en 1848, une fille de 15 ans, suite à une anesthésie au chloroforme.
En 1893, la fondation Lancet a initié la collecte des notifications des effets indésirables. Outre-Atlantique, la Food and drug administration (FDA) a commencé à légiférer en 1939, obligeant les compagnies pharmaceutiques à réaliser les tests de tolérance chez l'animal avant toute utilisation chez l'homme, suite aux décès d'une centaine de patients par le di-éthylène glycol.
Puis survient dans les années soixante la tragédie de la thalidomide, un médicament pris pendant la grossesse, qui pouvait causer des malformations des membres chez les nouveau-nés. Des cas ont alors été rapportés dans une cinquantaine de pays. Cet incident fut le point de départ d'une collaboration globale en pharmacovigilance consacrée aux problèmes liés à l'utilisation des médicaments rencontrés par les patients.
Collaboration mondiale en Pharmacovigilance
En 1968, l'OMS lance son programme de surveillance internationale des médicaments, transféré dix ans plus tard à l'Uppsala Centre de surveillance en Suède (UMC). Ce dernier assure le recueil, l'évaluation et la communication des notifications d'effets indésirables reçus des centres de pharmacovigilance des 120 pays membres. Ces données sont enregistrées dans la base de données de l'OMS «Vigibase» dont le nombre de rapports dépasse les 20 millions de cas.
Ces données sont par la suite évaluées et analysées afin de surveiller, voire détecter des effets indésirables graves liés aux médicaments, et enfin communiquées via la plateforme. Par ailleurs, l'UMC publie annuellement plusieurs directives et publications pour une bonne pratique de la pharmacovigilance, qui sont disponibles gratuitement dans plusieurs langues.
En parallèle, les autorités règlementaires régionales, l'EMA pour l'Europe, la FDA pour les USA, la PMDA pour le Japon et Santé Canada ont mis en place leurs propres réglementations, et publié leurs lignes directrices et Bonnes Pratiques de Pharmacovigilance. En 1990 fut créé le Conseil international d'harmonisation (ICH) qui rassemble les autorités de réglementation et les représentants de l'industrie pharmaceutique d'Europe, du Japon et des USA dans le but de discuter des aspects scientifiques et techniques de l'enregistrement des médicaments.
Il œuvre aussi pour l'harmonisation de la règlementation en matière de pharmacovigilance, qui exige de l'industrie pharmaceutique à ce qu'elle présente dans les pays membres la déclaration des effets indésirables graves liés aux médicaments durant les essais cliniques et en post-commercialisation, ainsi que la soumission de rapports de surveillance périodique et de plans de gestion des risques, pour ne citer que celles-ci. Le respect de ces exigences est vérifié de façon inopinée ou périodique par des audits internes et des inspections menées par les agences réglementaires territorialement compétentes.
Expériences internationales en Pharmacovigilance
L'organisation locale de la pharmacovigilance diffère d'un pays à l'autre ; aux USA par exemple, la déclaration des effets indésirables est obligatoire pour l'industrie selon des délais bien définis et à respecter, tandis que la notification spontanée par les professionnels de santé (médecins, pharmaciens, dentistes et paramédicaux), les patients ou leurs représentants (associations ou cabinets d'avocats) est effectuée sur la base de volontariat. Les cas de pharmacovigilance sont alors enregistrés dans la base de données «FAERS» (plus de 14 millions de cas).
Quant à l'organisation en Europe, le recueil et la validation des cas de pharmacovigilance est décentralisé au niveau de chaque Etat membre avant d'être enregistrés dans la base de données «Eudravigilance». L'évaluation et avis et/ou décision sont par la suite centralisés au niveau européen. La déclaration des effets indésirables est aussi obligatoire pour l'industrie pharmaceutique que pour les professionnels de la santé dans 22 des Etats membres.
Concernant le Canada, dont la réglementation se situe entre les deux grands pôles que sont la FDA et l'EMA, les déclarations des effets indésirables sont obligatoires pour l'industrie pharmaceutiques et pour les établissements de santé (Loi Vanessa, 2019) alors qu'elle se fait sur la base de volontariat par les professionnels de santé ainsi que les patients et leurs représentants. Il est à noter que les agences réglementaires régionales communiquent entre elles et travaillent de façon synergique afin d'assurer une surveillance efficiente des risques liés à l'utilisation des produits de santé, leur analyse et les mesures prises pour les minimiser, voire les éviter.
Sur le plan académique, un bon nombre de masters et de certifications dans la sécurité du médicament et la pharmacovigilance sont dispensés par les universités (Duke, John Hopkins, Oxford, Paris Descartes...) qui permettent d'avancer dans la recherche scientifique et de former des spécialistes en pharmacovigilance (médecins, pharmaciens, dentistes, et infirmiers en Amérique du Nord) qui peuvent travailler dans les agences réglementaires, en industrie pharmaceutique et quelquefois dans les établissements de santé pour coordonner l'activité de la pharmacovigilance et assurer in fine l'amélioration de la qualité des soins et la sécurité du patient.
Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, un progrès significatif est constaté.
Ce dernier est stimulé par l'OMS et l'UMC, mais aussi la Société internationale de pharmacovigilance (ISoP), dont certains pays ont su profiter pour améliorer leurs systèmes locaux, à l'image de la Jordanie, l'Egypte et l'Arabie Saoudite. En Afrique de l'Est, une collaboration et des échanges, appuyés par les mêmes instances internationales, commencent à émerger entre les Etats de la région.
Pharmacovigilance en Algérie
L'Algérie a, pour sa part, toujours nourri l'ambition de se doter d'un système de pharmacovigilance à l'image des autres pays. Cette volonté s'est matérialisée en 1998 à travers la création d'un Centre national de pharmacovigilance et matériovigilance (CNPM), en vertu du Décret exécutif n°98-192 du 3 juin 1998. Ce centre, implanté à Alger et membre associé de l'UMC depuis 2006, porte aujourd'hui le nom de feu le professeur Abdelkader Helali, pionnier dans le domaine en Algérie et directeur du CNPM (2006-2016). Toutefois, et quand bien même l'arrêté du ministre de la Santé n°48 du 10 juillet 1995 relatif à la pharmacovigilance, instaurait déjà des centres régionaux de pharmacovigilance, le CNPM ne dispose toujours pas d'annexes «décentralisées» à travers le territoire national, comme le prévoit l'article 2 du décret sus-mentionné.
Plus récemment, l'ordonnance n°20-02 du 30 août 2020 modifiant et complétant la loi n°18-11 du 2 juillet 2018 relative à la santé a rappelé que le professionnel de santé praticien était tenu de déclarer aux autorités compétentes en matière de pharmacovigilance les effets indésirables secondaires à l'administration des médicaments, et de signaler à l'autorité compétente en matière de matériovigilance tout incident ou risque d'incident provoqué ou pouvant être provoqué par l'usage de dispositifs médicaux.
Alors qu'elle mentionne l'obligation faite aux professionnels de santé d'adhérer «volontairement» à cette démarche, la loi n°18-11 ne dit rien au sujet de la déclaration obligatoire des effets indésirables à laquelle doit se soumettre l'industrie pharmaceutique, ni sur les conditions et délais y afférents (absence d'ancrage juridique et réglementaire).
Par ailleurs, l'article 243 de ladite loi dispose que le recensement des effets indésirables induits par l'usage des produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux est assuré par l'Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP), au moment où les dispositions de l'article 229 prévoient que la pharmacovigilance et la matériovigilance soient assurées par les établissements compétents en la matière (CNPM). Ce qui mériterait davantage de précisions, dans les textes d'application, quant à l'architecture du «système unifié» de notification des effets indésirables.
Du point de vue des statistiques de pharmacovigilance, en 2019 le CNPM a recensé 335 déclarations d'effets indésirables émanant des professionnels de santé (1 déclaration/100 000 hab.), et environ 20 000 rapports périodiques actualisés de sécurité reçus de la part de 84 firmes pharmaceutiques.
Durant la même année, le nombre de déclarations s'était, toute proportion gardée, élevé à 2 191 304 (666/100 000 hab.) aux USA, et 2 002 814 (385/100 000 hab.) en Europe. Dans les faits, l'omission de la déclaration et la mauvaise qualité des rapports posent problème avec des occurrences variables dans tous les pays du monde.
Recommandations
Actuellement, un cadre réglementaire robuste et une organisation claire du système national de pharmacovigilance sont plus que nécessaires en vue de permettre un plein essor à cette activité ô combien cruciale et salutaire pour la sécurité des patients en Algérie.
A cet égard, un guide «opposable» de Bonnes pratiques de pharmacovigilance est indispensable afin de définir clairement comment les établissements compétents en la matière de pharmacovigilance, les professionnels de la santé et les établissements pharmaceutiques doivent remplir leurs obligations.
Enfin, les patients, les universitaires et les praticiens libéraux ne sont pas à exclure de participation au système de pharmacovigilance en Algérie, au même titre que cette activité ne devrait pas se limiter aux firmes pharmaceutiques multinationales. En effet, les établissements pharmaceutiques implantés en Algérie, dont ceux qui commercialisent des génériques (pour lesquels des données de sécurité antérieures à l'enregistrement sont inexistantes) ou des biosimilaires, se doivent aussi de remplir leurs obligations en matière de pharmacovigilance. Cette dernière est à considérer comme une fonction à part entière au sein de l'entreprise. (A suivre)

Omar Aimer , ancien maître-assistant
en pharmacologie à l'Université d'Oran, membre de la ISoP/NASoP(1)
Yacine Sellam . Pharmacien, maître-assistant à l'Université d'Alger, Président de la SAARPE(2)

1- International society of pharmacovigilance (ISoP)/North America Chapter (NASoP).
2- Société algérienne des affaires réglementaires et de pharmacoéconomie (SAARPE).
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