Profitant de la célébration de Yennayer dans la wilaya de Constantine, le Musée public national des arts et des expressions culturelles et artistiques, publiquement connu sous le nom de palais Ahmed Bey, n'a pas voulu se contenter d'une simple festivité. Il s'est pleinement impliqué, en organisant un programme diversifié d'activités culturelles. Le menu de l'ensemble de ces actions a débuté le 12 janvier s'étalant jusqu'à la fin de la semaine écoulée. L'accès était gratuit pour le grand public qui redécouvre ce magnifique monument de la ville du Vieux-Rocher après une fermeture qui a duré dix longs mois. La célébration de l'événement a été organisée dans une atmosphère de joie et de convivialité, offrant aux visiteurs une agréable cérémonie marquée par l'interaction des traditions et la diffusion des champs musicaux des différentes régions. Ce qui a créé une symbiose entre le patrimoine berbère et le décor ottoman du palais. La première activité préparée le jour de l'ouverture a connu la participation d'une quinzaine d'artisans chapeautés par 4 associations culturelles. Ce qui a donné lieu à toute la splendeur des richesses patrimoniales du pays, dont les différentes pâtisseries algériennes, des plats populaires, notamment le couscous et des divers articles traditionnels. Des tenues vestimentaires chaouies et kabyles, des bijoux de fantaisie, des ustensiles de cuisine, des objets de garniture et autres ont été présentés au public constantinois. Même la traditionnelle distillation des plantes variées très répandue à Constantine était au rendez-vous, pour faire connaître leurs bienfaits et les remèdes pour certaines pathologies. Pour enrichir le programme, le Musée avait prévu la diffusion de documentaires sur la culture berbère, ses rites et ses traditions. De surcroît, une conférence sur l'année amazighe a été animée par le chercheur Mohamed Nacer Ismaïl sous le thème «La dimension africaine amazighe». «Il est temps de casser ces préjugés, en attribuant la célébration de Yennayer à certaines régions du pays. C'est un rituel, une cérémonie culturelle fêtée par nos ancêtres et même par nos parents. La culture amazighe est un autre riche univers enfoui comme un trésor dans cette Algérie moderne», a précisé Oussama Boudissa chargé de la gestion du palais Ahmed Bey et chef de département de l'animation et des ateliers pédagogiques. Rencontré sur les lieux, Ahmed, âgé d'une soixantaine d'années, originaire de Jijel nous a affirmé que «Yennayer a toujours existé à Constantine avec une appellation légèrement différente. «Je me souviens quand j'étais très jeune, on le fêtait à la maison. Et on l'appelait Yannar. Même ma mère nous disait que cette journée coïncide avec son anniversaire. Elle est née à Yannar et elle le disait avec fierté. Malheureusement cette tradition a disparu avec nos parents et on la célèbre plus.» Charmante présence des enfants Le plus remarquable dans cet événement a été la présence des enfants habillés en tenues et qui ont fait le charme des ces journées qui ont vu également la tenue à leur profit d'ateliers de dessin dont le thème portait sur la culture amazighe. Les organisateurs n'ont pas oublié de prévoir un défilé des bambins qui portaient des articles vestimentaires berbères. «D'abord Yennayer sera l'occasion pour reprendre les activités culturelles gelées durant la pandémie, et qui sont très importantes pour la société. Pour ce qui est de la célébration de l'an amazigh, il est important de rappeler que ces dernières années, nous faisions l'objet d'invasions culturelles à travers la mondialisation. Cette ouverture sur le monde entier via internet se veut comme une aubaine, mais elle est en train de procéder à un effacement progressif des repères identitaires communautaires, façonnant des jeunes acculturés et parfois déculturés», a déclaré Aribi Zitouni, directeur de la culture de la wilaya de Constantine. Et de poursuivre que la célébration de Yennayer est une action importante pour préserver l'identité berbère et inculquer à la nouvelle génération les véritables traditions algériennes qui résistent difficilement face à la mondialisation. «Il est permis de nous ouvrir sur le monde et découvrir d'autres horizons, mais il est aussi primordial de préserver notre identité pour savoir qui nous sommes, avoir confiance en soi et nous distinguer par notre originalité», a-t-il souligné. Par ailleurs, la clôture de l'événement a été agrémentée par l'organisation d'un atelier de contes populaires, qui ont beaucoup contribué à la préservation du patrimoine berbère. Advertisements