A Dergana dans l'est de la capitale, des bidonvilles, éradiqués depuis peu, ont été reconstruits à l'identique. Cette nouvelle configuration dénote d'un relâchement avéré de la surveillance du tissu urbain laissé en proie aux actes d'agressions. L'exemple qui illustre cette situation de déliquescence générale est sans aucun doute celui d'une ancienne usine désaffectée se trouvant à l'entrée de la localité de Dergana. Cette structure qui fait face à une salle de sport a été squattée par des dizaines de familles qui en ont fait un bidonville tentaculaire. Des portions de l'usine ont été partagées entre les indus occupants formant au final un conglomérat difforme et mal agencé. D'autres baraques ont été érigées à l'extérieur tout autour de l'ancienne bâtisse. L'endroit s'est mû en quelques semaines seulement en un immense bidonville qui a enlaidi tout le quartier. En allongeant la route nationale qui mène à Heuraoua, un autre site de baraquement a été érigé à proximité de la nouvelle cité de «logements sociaux», sur l'emplacement d'un ancien bidonville éradiqué l'année dernière. «Le bidonville a été érigé en l'espace de dix jours seulement. La plupart des baraques ont été construites de nuit à l'abri des regards», confie un habitant de la cité. «Des personnes profitent de l'obscurité pour décharger des camions de parpaings et des feuilles de tôle ondulées. Les baraques sont construites très vite, ce qui laisse peu de chance aux habitants de la cité de manifester une quelconque opposition. En somme, c'est le fait accompli !», explique-t-il. Par ailleurs, le même phénomène s'est répandu à l'intérieur de la cite Diplomatique qui se trouve au cœur de la localité de Dergana. Des extensions aux immeubles ont été ajoutées à l'insu des autorités locales qui se sont illustrées par leur totale absence. «Toutes ces extensions ont été détruites lors d'une grande opération de démolition. Cette dernière a nécessité la réquisition de beaucoup d'engins de travaux publics et surtout de dizaines d'agents de l'ordre. L'opération s'est poursuivie pendant plusieurs jours et s'est soldée par l'éradication de la plupart des baraques rajoutées au rez-de-chaussée des immeubles. Maintenant, ces mêmes baraques ont été réinstallées dans les mêmes endroits aux grand dam des habitants de la cité qui ont cru que leur lieu d'habitation allait se débarrasser des bidonvilles à tout jamais», déplore un habitant de la cité Diplomatique, et d'ajouter en conclusion : «L'absence de surveillance de l'espace urbain et le désengagement des autorités locales a laissé place au retour des bidonvilles et si rien n'est fait pour limiter cette propagation inquiétante, notre localité sera envahie par les baraques. Les responsables locaux doivent faire le travail qui est le leur en sauvegardant la ville de la dégénérescence et du déclin. Le slogan mis en avant par les autorités de la wilaya disant qu'Alger est une capitale sans bidonville est un slogan qui a perdu tout son sens». Advertisements
