La dernière rencontre entre le président américain George W. Bush et le Premier ministre israélien Ariel Sharon au ranch de Crowford dans le Texas a dévoilé de légères divergences entre les deux dirigeants à propos de la colonisation des territoires palestiniens par Israël, légères parce que sur le fond les deux conceptions ne diffèrent pas, à savoir le maintien des colonies juives. Plus encore, le chef de la Maison-Blanche a affirmé qu'il était « irréaliste » d'envisager un retour aux frontières de 1949 « une ligne de démarcation de 1949, qui servit de frontière entre l'Etat juif et la Cisjordanie jusqu'à la guerre des Six-Jours (1967) », qui allait voir Israël s'emparer de ce territoire, de la bande de Ghaza et du Golan syrien. « Comme je l'ai dit en avril dernier, les nouvelles réalités sur le terrain font qu'il est irréaliste d'envisager que les négociations sur le statut final entraînent un retour complet aux frontières de l'armistice de 1949. » Il est réaliste d'envisager que tout accord sur le statut final sera effectué sur la base de changements acceptés mutuellement et reflétant ces réalités. La position américaine sur les frontières de 1949 est comprise par les Israéliens comme signifiant que certaines colonies pourront être rattachées à l'Etat juif dans le cadre d'un règlement final sur les frontières du futur Etat palestinien, dont la création est prévue par la Feuille de route. C'est ce qui a provoqué la réaction de l'Autorité palestinienne qui a reproché au président américain George W. Bush de « légitimer » la colonisation juive en Cisjordanie. « Ce qu'il faut maintenant, c'est commencer à appliquer la Feuille de route. Il ne faut pas légitimer l'activité coloniale, quelle qu'elle soit », a déclaré Nabil Abou Roudeïna, conseiller à la Présidence de l'Autorité palestinienne. « Les négociations sur le statut final » des territoire palestiniens « devront avoir lieu sans condition préalable », a-t-il ajouté, faisant allusion aux pressions israéliennes sur la Maison-Blanche pour que soient condamnés les attaques palestiniennes contre les positions militaires israéliennes en représailles aux exactions commises contre les populations des territoires. Pour sa part, le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a déclaré de son côté : « Nous espérons que le Premier ministre Ariel Sharon entendra l'appel du président Bush à stopper la colonisation, car la poursuivre signifierait détruire la vision de la solution de deux Etats » (Israël et un Etat palestinien), exprimée par le président Bush. L'Administration Bush a très mal pris la décision israélienne de prévoir la construction de 3500 logements supplémentaires dans la colonie de Maalé Adoumim, la plus importante de Cisjordanie (28 000 habitants). Elle a décidé de hausser le ton pour décourager les Israéliens de s'engager dans un tel projet tant que la frontière définitive entre Israël et le futur Etat palestinien n'aura pas été tracée d'un commun accord. Et ce, même si les Israéliens prétendent qu'ils s'engagent à garantir la « contiguïté » du territoire du futur Etat palestinien, ce qui veut dire qu'un moyen sera trouvé de contourner les colonies israéliennes pour permettre aux Palestiniens de circuler librement. Ariel Sharon de son côté persiste et signe. Il a réaffirmé que les grands blocs d'implantation, où vivent la majorité des 240 000 colons israéliens resteront « aux mains d'Israël dans le cadre de tout accord sur le statut final, avec toutes les conséquences que cela implique ».