Loin des feux de la rampe, un drame consume notre jeunesse. Le phénomène n'est pas nouveau. Il est connu de tous, particulièrement par les pouvoirs publics qui en détiennent les détails précis. Il ne peut en être autrement, dès lors que ces mêmes décideurs sont à l'origine des maux insupportables que fuit cette jeunesse désemparée. L'émigration dans toutes ses formes fait saigner le pays à n'en plus finir. Elle ne date pas d'hier et ne risque pas de prendre fin tant que le pouvoir ne daignera pas reconnaître ses faiblesses et surtout entreprendre des mesures capables de dissuader les candidats à l'aventure incertaine. De l'aveu même d'un ex-Premier ministre mû, à l'occasion, par un excès de populisme, qui insiste à dire que les jeunes harraga partent sous d'autres cieux pour respirer ! Une allusion qui prend tout son sens à l'heure où l'oxygène vient à manquer dans nos hôpitaux. Et pour mieux respirer dans son pays, cette jeunesse a besoin avant toute considération de l'opportunité de pouvoir travailler. C'est sur ce critère que tout un chacun peut se projeter dans l'avenir. A défaut de ce principe cardinal, tout n'est que supputation à vouloir ignorer l'évidence. Les conséquences de ce déni sont chèrement payées par les jeunes désœuvrés, très souvent au péril de leur vie. La traversée clandestine de la Méditerranée est synonyme de naufrage et de pâture pour les gros poissons. De là est fixée la préférence macabre d'être mangé par les poissons que par les asticots, en référence à la terre abandonnée. Il y a lieu de préciser que dans ce contingent qui aspire à une vie meilleure grâce à un emploi stable et valorisant, les catégories s'entremêlent. Cela va du simple ouvrier sans qualification au diplômé des universités. De plus en plus de femmes «infiltrent» ces groupes pour humer, elles aussi, l'air de l'aventure et de l'espoir. Le chant des sirènes est dans toutes les oreilles, trop longtemps bourrées de promesses non tenues. Des médecins, des ingénieurs et autres diplômés des filières scientifiques quittent le pays sans l'intention d'y revenir un jour. Ils font le bonheur de ceux qui n'ont rien investi dans leur si longue formation. Dans certaines contrées, l'apport des médecins sans-papiers dans la lutte contre la pandémie de Covid sera récompensé en accédant à la nationalité du pays d'accueil. Pendant ce temps, nos sénateurs et autres politiciens de carrière invectivent les dirigeants d'outre-mer de vouloir écrémer notre jeunesse et nos élites intellectuelles. Bien sûr, il est si facile de verser dans le verbiage et les accusations que de penser et surtout de réaliser un projet de société ambitieux ouvert à toutes les compétences nationales. Les récents événements malheureux vécus par notre pays ont confirmé la disponibilité et la volonté de notre jeunesse locale et de notre diaspora à relever les défis. Il appartient à l'Etat de saisir cette dynamique et de la canaliser positivement pour le bien de tous. L'avenir nous renseignera sur les véritables intentions. Advertisements