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Un pape du temps passé
Benoit XVI. Nouveau pape liquidateur de la théologie de la libération ?
Publié dans El Watan le 21 - 04 - 2005


Les voies du Seigneur sont impénétrables
ardien jaloux du dogme, il n'a pas attendu que les cardinaux électeurs veuillent bien l'élire et qu'enfin le vieux poêle crache sa fameuse fumée blanche dans le ciel romain. L'austère préfet de la congrégation pour la doctrine est pape avant d'être pape.
Il était, certes, le grand favori, du fait de sa position au saint siège, mais aussi depuis le 8 avril, date à laquelle il a célébré, en mondovision, la messe des funérailles de Jean-Paul II. Même les internautes l'ont plébiscité, avant terme, en saluant « le brillant théologien catholique, homme de foi honnête, intègre et dévoué à la liberté ». Un homme qui s'est mis au service de la vérité en corrigeant les erreurs de théologie, en réduisant au silence les théologiens dissidents, en écrasant les hérésies. Mais qui est donc ce nouveau pape qui a voulu suivre la lignée des Benoît ? Josef Ratzinger, préfet de la curie, 78 ans, est né le 16 avril 1927 à Marktl aminn en Bavière. il surprend par la douceur de ses yeux bleus et la finesse de son intelligence. Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi depuis 1981, après une expérience malheureuse comme archevêque de Munich, il est devenu la figure emblématique du conservatisme doctrinal de ce long pontificat. Prêtre depuis 1951, il a suivi en expert le concile Vatican II (1962-1965) ouvert à ses réformes puis s'est dit « retourné » par les déviations « nihilistes » de mai 1968. Il voit précocement dans le pontife polonais un bouclier contre « l'athéisme moderne » et le « sécularisme déshumanisant ». A la fois inspirateur et exécutant des mesures disciplinaires contre les « théologiens de la libération », il tient la plume des plus grands textes du pape sur les rapports entre liberté et vérité. Ses propres instructions contre la procréation médicale assistée en 1987 et la suprématie de l'Eglise catholique sur les autres confessions en l'an 2000 le rendent impopulaire dans les milieux progressistes...
La lignée des Benoît
Le choix du nouveau pape d'adopter la lignée des Benoît n'est pas fortuit. Il succède ainsi à Benoit XV, qui, après avoir exhorté vainement les peuples chrétiens à la paix, offre sans résultat ses bons offices de médiateur. Malgré les crimes de guerre, il maintient la neutralité du saint siège. Ce refus de prendre position lui vaut l'hostilité des deux parties : alors que Clémenceau le rebaptise le « pape boche », dans l'opinion allemande, il est considéré comme un pape francophile. Sans verser dans l'intégrisme, il renouvelle la condamnation du modernisme. Son pontificat est marqué par de grands bouleversements, la révolution russe (1917) des mouvements nationalistes virulents, les apparitions de Fatima (1917)... L'identification de Ratzinger aux Benoît est sans doute liée au conservatisme de ces derniers, devenus ses modèles. A peine l'élection connue, des biographes sont allés fouiner dans le passé du nouveau pape. Ainsi, l'on apprend qu'il a fait partie des jeunesses hitlériennes contre son gré, a-t-il déclaré dans son autobiographie De ma vie. « Dès que j'ai quitté le séminaire, je ne suis plus allé aux jeunesses hitlériennes. Et cela a été difficile car la réduction des frais de scolarité, dont j'avais besoin, était liée à l'attestation de visite des jeunesses hitlériennes. » En 1943, le jeune Ratzinger a été incorporé comme tous les autres séminaristes de sa classe comme auxiliaire de la défense antiaérienne (DCA). Il doit travailler sous les ordres de la légion autrichienne. Il dira plus tard d'elle : « Des idéologues fanatiques qui nous tyrannisaient sans arrêt. »
Fidèle parmi les fidèles
Beaucoup d'observateurs auront retenu son amitié indéfectible avec le pape disparu qu'il a magnifié dans son oraison funèbre : « Jean-Paul II nous a réveillés d'une foi fatiguée, du sommeil des disciples d'hier et d'aujourd'hui. » Ces propos font écho à ceux prononcés lors de la veillée pascale le 26 mars dernier où le cardinal Ratzinger avait lancé aux fidèles présents : « Eveillons-nous de notre christianisme fatigué, privé d'élan. L'Eglise est comme une barque prête à couler, prenant l'eau de toutes parts. » Il faut selon lui, « coûte que coûte sortir de ce sommeil et donner sa vie au service de l'Eglise et sans réserve. Cette charge, qui est au-delà des forces humaines, ne peut se faire sans un profond enracinement dans le Christ. L'amour du Christ fut la force dominante de notre saint père. Il faut avoir une capacité de pardon et d'ouverture de cœur pour tous ».
La grogne des Italiens
Les plus grands déçus à l'issue de ce conclave sont, sans doute, les Italiens qui pensaient qu'un des leurs allait investir le Saint Siège. Et ils étaient nombreux ! Les Italiens n'ont pas récupéré le siège de Saint-Pierre, abandonné en 1978 au profit d'un Polonais. L'intronisation d'un Allemand, au lieu d'un Sud-Américain ou d'un Africain atténue un peu leur douleur, mais les Italiens restent tout de même circonspects, en tablant sur le caractère transitoire de ce pontificat, qui dans tous les cas de figure ne pourrait connaître la même longévité que celui qui l'a précédé. Autre déçu, le Sud-Africain Desmond Tutu, archevêque anglican d'Afrique du Sud, qui estime qu'avec l'élection de Josef Ratzinger au rang de pape « c'est un conservateur rigide à l'écart de son temps qui succède à Jean-Paul II à la t ête de l'Eglise catholique. » Mgr Tutu, qui avait espéré un pape africain, a ajouté qu'à son sens le fait que Benoît XVI soit européen importait moins que son conservatisme. Puis Tutu de renchérir : « Nous aurions aimé quelqu'un de plus ouvert sur les développements les plus récents de notre monde, sur la question de l'ordination des femmes, quelqu'un ayant une position plus censée sur les préservatifs et le sida », a-t-il regretté. Les positions du nouveau pape sont tranchées sur la musique rock qu'il critique comme l'expression de passions élémentaires qui s'opposent au culte chrétien. Quant à la musique pop, il s'agit, selon lui, « d'un phénomène de masse que l'on peut qualifier de culte de la banalité » Il accuse la musique d'opéra d'avoir « rongé le sacré ».
La turquie ? Pas question
Et sur la Turquie, qui, à ses yeux, ne pourrait entrer dans l'Europe, il dira : « Ce serait une erreur, car l'Europe est un continent culturel et non géographique, la Turquie est en contraste permanent avec l'Europe. » Ratzinger est charismatique, même s'il ne peut égaler son prédécesseur, qui parlait plusieurs langues et qui avait un sens de la communication très poussé. Saura-t-il continuer l'œuvre de Jean-Paul II ou suivra-t-il son propre chemin ? Juste après la disparition du pontife polonais, Israël avait lancé un appel au conclave des cardinaux pour qu'ils choisissent un pape qui poursuive la réconciliation et le rapprochement entre juifs et chrétiens entamés par Jean-Paul II. Les relations diplomatiques entre Israël et le Vatican ont été établies en 1993, sous le pontificat de Jean-Paul II, qui a effectué plusieurs visites en terre sainte, dont les Israéliens se souviennent. « Il est venu l'année du millénaire lorsqu'il a déclaré que l'Eglise devait présenter des excuses au peuple juif pour tous les crimes commis par les personnes au nom de l'Eglise contre le peuple juif. » Hier à l'annonce de l'avènement de Benoît XVI, les Israéliens étaient particulièrement satisfaits et l'ont fait savoir à travers des « félicitations chaleureuses au nouveau pontife ». De son côté, Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris a adressé un message dans lequel on pouvait lire : « Tous les vœux de réussite et de perpétuation du message de Jean-Paul II accompagnent ce nouveau pape, en particulier dans le domaine du dialogue interreligieux et des actions communes en faveur de la paix dans le monde. » Quant au président du Conseil français du culte musulman, « la réputation solide de Mgr Ratzinger est bien établie, et nous espérons que ses nouvelles fonctions de défenseur de la spiritualité répondront à l'attente des peuples chrétiens et non chrétiens du monde pour la défense des valeurs humanistes qui fondent nos sociétés modernes. » Premier souverain pontife issu d'une terre germanophone depuis 1055, Benoît XVI devra-t-il composer ou continuera-t-il à défendre le dogme, vaille que vaille. Opposé à la contraception, à l'avortement et à l'ordination des femmes, il doit faire face au mécontentement du Sud. Doit-il écouter ceux parmi ses pairs qui clament haut et fort qu' « il ne faut pas se focaliser sur la morale sexuelle et la politique de la famille, mais s'investir beaucoup plus dans les questions cruciales comme la lutte contre la pauvreté, la justice sociale ou suivra-t-il son chemin envers et contre tous ? » L'avenir nous le dira. L'essentiel est qu'il savoure sa victoire, mais il est loin d'être le seul vainqueur. Des milliers de personnes dans le monde avaient parié sur lui et certaines ont même empoché le jackpot en devinant que Benoît sera choisi comme nom pour régner : qui a dit que les voies du Seigneur sont impénétrables ?
Parcours
Né en 1927 dans une famille d'agriculteurs en Basse-Bavière, Ratzinger entre au séminaire en 1939. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est réquisitionné dans la DCA allemande puis, en 1944, dans l'infanterie. En 1945, il est interné dans un camp de prisonniers de guerre. En juin, il est libéré et retourne au séminaire. Le 29 juin 1951, il est ordonné prêtre. Sa première thèse de doctorat porte sur Le peuple et la maison de Dieu dans la doctrine ecclésiale de saint Augustin, la seconde sur La théologie de l'histoire chez saint Bonaventure. Il commença ensuite une brillante carrière d'enseignant. Le 25 mars 1977, il est consacré archevêque de Munich et Freising. La même année, le 27 juin, il est promu à la pourpre cardinalice. Le 25 novembre 1981, Jean-Paul II le nomme préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, l'un des dicastères de la curie romaine, anciennement nommé le Saint Office (ou inquisition). Au début de l'année 1982, il se retire de son diocèse de Munich. En 1993, il est promu cardinal évêque de Velletri, et élu doyen du Sacré Collège en 2002. Le 8 avril 2005, étant le cardinal éligible le plus ancien, il a la responsabilité de diriger l'office religieux des funérailles du pape Jean-Paul II. Le 19 avril 2005, à 18h35, il est annoncé publiquement sur la place Saint-Pierre en tant que successeur de Jean-Paul II comme évêque de Rome, ayant été élu au préalable par le conclave (la fumée blanche est apparue sur le toit de la chapelle Sixtine à 17h50). Il a pris le nom de Benoît XVI.


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